Christian Ratté : Un bel exemple d’intégration sociale

Par Éditions Nordiques 9 juin 2016
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Administrateur du Module d’Épanouissement à la Vie de Sept-Îles, Christian Ratté, est ici accompagné de sa directrice générale, Annie Tremblay et de son agente administrative, Gisèle Bérubé.

Conseiller en sécurité financière à la Financière Sun Life, Christian Ratté se sent privilégié d’avoir réussi à intégrer le marché de l’emploi en raison de son handicap physique. Une situation qui demeure, encore aujourd’hui, difficile à atteindre pour certains de ses pairs.

Il y a plusieurs années, Christian Ratté se souvient très bien avoir appliqué pour un poste dans une entreprise et voir sa candidature non retenue en raison de son handicap physique. «J’avais envoyé mon CV. Je correspondais au profil recherché. J’avais mentionné sur mon CV que j’avais un handicap physique. Je n’avais aucune nouvelle. Je me suis donc décidé à envoyer mon CV en y retirant cette mention. Le téléphone a sonné 13 minutes plus tard pour une entrevue», confie-t-il.

Sans pour autant inviter les gens à mentir sur leur CV, il demeure convaincu que cette situation démontre que tous les employeurs ne sont pas nécessairement prêts ou ouverts à prime à bord à accueillir des personnes vivant avec un handicap physique ou intellectuel au sein de leur entreprise. «C’est frustrant, notre candidature est rejetée avant même d’avoir passé une entrevue, remarque-t-il. Au même titre qu’il y a du racisme, il continue à y avoir de la discrimination à l’égard des personnes handicapées.»

L’intégration au milieu de l’emploi se faisant différemment d’une personne à une autre. «Je suis très sociable. J’ai de bonnes capacités de communication. Les gens ne se rendent pas toujours compte de mon handicap physique. Ils en oublient rapidement que je suis en fauteuil roulant. Je n’ai pas un handicap super lourd, soutient-il. Il n’en demeure pas moins que je suis paralysé des deux jambes. Ce n’est pas aussi facile pour d’autres. Je me dois de le reconnaître.»

Des avancées rassurantes

En fauteuil roulant depuis 1973, cet administrateur du Module d’Épanouissement à la Vie de Sept-Îles salue les très grands progrès effectués en matière d’accessibilité au lieu public. «Je dois reconnaître qu’on est parti de loin. Cependant, si on voyage ailleurs, on se rend compte qu’ils sont plus avancés que nous. À cause des vétérans, les Américains ont fait beaucoup plus de progrès que nous à ce niveau, avance-t-il. Il y a derrière ça une notion de patriotisme. C’est un élément qui leur est propre.»

Selon lui, l’accessibilité au lieu public pour les personnes vivant avec un handicap physique demeure plus que jamais un enjeu d’actualité. «C’est un combat qu’on doit mener en permanence. Il ne faut surtout pas baisser les bras. C’est un fait malheureux, mais ça tend à changer. Au niveau économique, on reconnaît de plus en plus l’importance d’adapter certains lieux pour les rendre accessibles. C’est le cas aujourd’hui de plusieurs hôtels ici au Québec et même ailleurs», tient à préciser M. Ratté.

Le travail de sensibilisation se poursuit   

Sous le thème «bâtissons une société plus inclusive», la Semaine québécoise des personnes handicapées s’est tenue du 1er au 7 juin. Un moment opportun pour le Module d’Épanouissement à la Vie de Sept-Îles qui souhaite rappeler l’importance de toutes les actions de sensibilisation menées pour assurer la pleine intégration des personnes vivant avec un handicap physique ou intellectuel dans la société.

«À la Ville de Sept-Îles, on s’est doté d’un plan d’action. On sent une très belle ouverture de la part des décideurs. Cependant, pour que les lieux soient réellement accessibles à tous, il faut s’assurer d’une certaine conformité, explique sa directrice générale, Annie Tremblay. Ça implique de mettre des balises. On doit aussi s’attaquer aux mentalités. Pour plusieurs, c’est encore perçu à tort comme un déboursé supplémentaire. On doit les amener à voir qu’on peut en tirer de nombreux avantages.»

Selon Mme Tremblay, la présence accrue des personnes handicapées dans leur communauté et leur intégration au marché du travail contribuent grandement à faire tomber les préjugés. «Le fait de pouvoir y apposer un visage fait en sorte qu’on réalise que ce sont là des personnes à part entière. On arrive à mieux composer mieux avec la différence.  De plus, on vient briser l’isolement que peuvent ressentir ces personnes. On leur redonne davantage confiance en elles-mêmes. Pour moi, ça n’a pas de prix. On en ressort tous gagnant», affirme-t-elle.

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