Achat de Pointe-Noire par Québec: «Un second élan» pour le traversier-rail

Par Éditions Nordiques 25 mai 2016
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Une rampe de type «roll-on/roll-off» se trouve au quai de la Relance, ce qui permet aux wagons de passer du bateau directement au chemin de fer.

Le désenclavement de l’accès à Pointe-Noire, grâce à l’achat par Québec des installations de Cliffs Natural Resources dont de chemin de fer Arnaud, ouvre de nouvelles possibilités pour le traversier-rail, un actif du Port de Sept-Îles sous-utilisé. Cette «nouvelle dynamique» permet au milieu économique de «revisiter ce dossier-là».

Les premières études sur une utilisation d’un traversier-rail au Port de Sept-Îles datent de 1996, rappelle le président de Développement économique Sept-Îles (DÉSÎ), Luc Dion. «Le Port a investi, dans les années 2000, pour prolonger le chemin de fer de Cliffs jusqu’au terminal de la Relance», explique-t-il.

Le gouvernement du Québec avait aidé financièrement l’ajout de cet actif en puisant dans le Fonds vert, continue le président de DÉSÎ, puisque l’utilisation d’un traversier-rail permettait de diminuer le trafic sur la route 138. Or, l’utilisation du traversier a été sous-utilisée au fil du temps en raison de négociations «pénibles» avec Mines Wabush, qui était propriétaire du chemin de fer Arnaud.

«Il y avait toujours une question de négociations, que je pourrais qualifier de pénibles», explique M. Dion. «Avant, tout mourrait un peu dans l’œuf. C’était un chemin de croix», affirme le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier. Selon lui, les exigences financières qu’exigeait la minière pour accorder le droit de passer sur son chemin de fer rendaient les voyages «inabordables». Avec l’achat de Pointe-Noire par Québec, «les contraintes devraient être levées», continue le maire.

Stratégie maritime

En plus que l’accès au quai de la Relance soit facilité, l’utilisation du traversier-rail est une «pensée conséquente» avec la Stratégie maritime qui encourage le transport par la mer, croit Luc Dion. Sept-Îles fait d’ailleurs partie des 16 zones industrialo-portuaires que compte développer le gouvernement. «À long terme, on va conjuguer la Stratégie maritime, le Plan Nord et la stratégie de transformation de l’aluminium», a expliqué M. Dion, rappelant qu’Aluminerie Alouette réservera 50 000 tonnes de métal gris à la transformation ces prochaines années.

La corporation économique avait déjà évalué des marchés potentiels pour l’utilisation du traversier-rail. Par exemple, les produits servant aux dynamites utilisées dans les mines arrivaient par train jusqu’à Trois-Rivières, étaient transportés par camion jusqu’à Sept-Îles, puis remis dans des wagons de QNS&L en direction du Nord. Le traversier aurait permis de garder ces produits dans le même wagon en faisant la liaison maritime entre les ports de Trois-Rivières et de Sept-Îles, illustre Luc Dion.

Réévaluer

«Une erreur à commettre, c’est de dire qu’on l’a déjà évalué, donc on n’a pas besoin de le réévaluer. Les choses qu’on a évaluées, mais qui n’ont pas pu aboutir, il faut reprendre l’exercice à la lumière de ces politiques» que sont le Plan Nord et la Stratégie maritime, explique le président de DÉSÎ. Le maire Réjean Porlier voit aussi des possibilités. «Aujourd’hui, il n’y a pas de demandes parce qu’il n’y avait pas d’offres de services. Maintenant, il va se bâtir une demande. Est-ce que des maisons pourraient arriver par le rail, s’il y a une reprise?», se questionne le maire.

Le directeur adjoint chez DÉSÎ, Russel Tremblay, affirme que le traversier-rail permet à la région d’être «connectée au réseau ferroviaire nord-américain» et ouvre «la fosse du Labrador» à des clients potentiels. «On commence à avoir des relations avec la Ville de Matane, où le bateau part. Les liens vont pouvoir se faire. Ça va être bon autant pour le Sud que nous», a mentionné M. Tremblay. Ce dernier reconnaît qu’il y a un changement de mentalités à aborder. «En Amérique du Nord, on est très routier et on n’est pas capable de voir dans nos façons de faire le maritime et le ferroviaire», explique-t-il.

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