Un an après le rapport du BAPE: Sept-Îles attend toujours une décision du gouvernement

Par Éditions Nordiques 19 février 2015
Temps de lecture :
Moisie

Le BAPE se servira des inquiétudes des organisations pour formuler des recommandations à la ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques.

Il y a un an jour pour jour, le ministère de l’Environnement rendait public le rapport du Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) sur Mine Arnaud qui qualifiait le projet «non acceptable dans sa forme actuelle». Aujourd’hui, la décision du gouvernement se fait toujours attendre.

Depuis cet avis défavorable du BAPE, le promoteur Mine Arnaud a complété les études manquantes et répondu aux nombreuses questions du ministère de l’Environnement qui a évalué le projet et devra remettre une recommandation au ministre David Heurtel. «Nous, de notre côté, on a acheminé tout ce qu’on nous a demandé et répondu à toutes les questions du ministère», a affirmé la porte-parole de Mine Arnaud, Kateri Jourdain.

Depuis que le dossier est entre les mains de Québec, cet automne, le promoteur n’a pas chômé pour être prêt si le gouvernement accorde un décret au projet. «C’est sûr qu’on est en mode attende. On travaille quand même dans l’optique qu’on aura un décret», a expliqué Mme Jourdain. Le promoteur a ainsi travaillé, ces dernières semaines, sur l’ingénierie de détail du projet et sur le «planning» des étapes à venir s’il obtient le feu vert du gouvernement.

À savoir qu’elles seront les premières étapes à accomplir à la suite de l’obtention d’un décret, tout dépendra du moment où le gouvernement en fera l’annonce. «Le moment de l’annonce va déterminer la suite des choses», a affirmé Mme Jourdain.

Deux lettres, deux positions

Les partisans et opposants au projet de mine d’apatite ont successivement envoyé des lettres au Conseil des ministres au début du mois. Le 5 février, la Chambre de commerce de Sept-Îles a envoyé une lettre demandant «à ce qu’une décision imminente soit prise par le Conseil des ministres concernant l’émission du décret pour la réalisation du projet de Mine Arnaud». Le lendemain, les trois groupes citoyens opposés au projet demandaient par lettre aux ministres que le conseil «n’accorde pas de décret au promoteur Mine Arnaud».

Le président de la Chambre de commerce, Marc Brouillette, croit que le gouvernement doit annoncer ses couleurs rapidement pour que cesse l’incertitude entourant ce projet. «Si le gouvernement est prêt, arrêtons, annonçons-le et si le gouvernement n’est pas prêt ou qu’il le refuse, bien qu’il le dise et qu’il mette ça clair. Peu importe, il est temps qu’il nous dise l’heure juste parce que ça crée une attente, une incertitude, ça ne nous aide pas. Sept-Îles en a assez dans sa cour ces temps-ci», a mentionné en entrevue M. Brouillette.

Pour la Chambre de commerce, Mine Arnaud permettrait «la création d’emplois cruciaux en cette période de turbulence économique», alors que «depuis la fermeture de l’usine de bouletage de Cliffs, en juin 2013, jusqu’à l’arrêt de ses opérations de la mine du lac Bloom en novembre 2014, Sept-Îles a perdu quelque 450 emplois directs».

Les opposants affirment de leur côté que «depuis l’annonce du projet en novembre 2010, les citoyens font face à un promoteur qui n’a pas réussi à bâtir l’acceptabilité sociale». Les groupes citoyens rappellent que «la Direction de la santé publique (DSP) de la Côte-Nord affirme que le projet Mine Arnaud aura potentiellement des impacts sur la santé des citoyens les plus vulnérables […] et recommande l’installation de capteurs d’air pour recueillir des données en continu afin que les personnes vulnérables modifient leur comportement». Cependant, pour ce dernier point, «le promoteur n’a pas cru bon retenir cette recommandation de la DSP», selon les opposants. Ces derniers rappellent aussi que «le cadre d’entente et d’acquisition pour les résidents à proximité du projet n’a pas fait l’objet d’une entente négociée».

Le projet minier de Mine Arnaud doit se traduire par des investissements de 750 millions $ et la création de 330 emplois permanents. Mine Arnaud est propriété d’Investissement Québec (61,7 %) et de la Norvégienne Yara International (38,3%).

Avec Fanny Lévesque

(Photo Archives – Le Nord-Côtier)

Partager cet article