Projet de loi 51: les opérateurs de machinerie lourde sonnent l’alarme
Marc Leclerc, directeur général de l'Union des opérateurs de machinerie lourde, local 791, tient une conférence de presse à Québec, le lundi 6 mai 2024, pour exprimer ses inquiétudes concernant le projet de loi 51. LA PRESSE CANADIENNE/Karoline Boucher
Le gouvernement Legault s’apprête à permettre à des charpentiers-menuisiers d’opérer de la machinerie lourde, sans qu’ils n’aient la formation nécessaire.
C’est ce que soutient l’Union des opérateurs de machinerie lourde, local 791, qui dénonce le principe de «polyvalence» inscrit dans le projet de loi 51.
En point de presse à Québec lundi, son directeur général, Marc Leclerc, a dit craindre que des travailleurs sans formation se retrouvent aux commandes de machinerie lourde.
Il demande d’«exclure» le métier d’opérateur de machinerie lourde du principe de «polyvalence» pour protéger la santé-sécurité des travailleurs et du public.
«Si j’étais un simple citoyen dans la rue, proche de machineries lourdes, et qu’on est rendu dans un concept de polyvalence où n’importe qui peut sauter dessus, je m’éloignerais davantage», a déclaré M. Leclerc.
«Juste accrocher une manette, un simple centimètre, au bout de la machine, ça peut représenter un mètre avec une force (…) super élevée. (…) Dans la machinerie lourde, (…) tout est amplifié», a-t-il ajouté.
M. Leclerc a déclaré que le ministre du Travail, Jean Boulet, avait «écouté» mais pas «entendu» ses arguments.
Il s’est inquiété d’une possible montée des accidents si le projet de loi 51 est adopté dans sa forme actuelle, ce qui n’augmenterait pas l’efficacité sur les chantiers de construction, selon lui.
«Des accidents de travail, ça n’accélère pas les travaux. Des travaux faits par des gens sans expérience, ça ne les accélère pas», a plaidé M. Leclerc, qui n’exclut pas un recours devant les tribunaux.
Le projet de loi 51, déposé le 1er février dernier, vise à moderniser l’industrie de la construction, notamment en décloisonnant les métiers, une revendication patronale de longue date.
Le ministre Boulet a exclu de son projet de loi certains métiers pour des raisons de sécurité (électricien, frigoriste, mécanicien d’ascenseur, etc.) — mais pas opérateur de machinerie lourde.
Lundi, son cabinet a réagi à la sortie de l’Union des opérateurs, déclarant «qu’il n’a jamais été question de mettre la santé et la sécurité des travailleurs de la construction en danger».
«Les affirmations soulevées par l’Union (…) sont inexactes, car le concept de polyvalence ne s’applique que dans une même séquence de travail», a affirmé la directrice des communications Marie Barrette.
Le projet de loi 51 — qui, selon Marc Leclerc, définit mal le partage des tâches — stipule que trois conditions doivent être satisfaites:
– ces tâches sont reliées à celles prévues à la définition du métier du compagnon;
– elles s’inscrivent dans une même séquence de travail et permettent l’avancement ainsi que la continuité des travaux;
– elles sont à la fois de courte durée et effectuées lors d’une même journée de travail.
Selon M. Leclerc, le ministre Boulet poserait un geste irresponsable en adoptant le projet de loi 51 dans sa forme actuelle.
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