Yves-François Blanchet décoche plusieurs flèches à François Legault

Par Thomas Laberge, La Presse Canadienne 3:25 PM - 16 mars 2024
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Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet prend la parole lors d'une séance du conseil général, le samedi 16 mars 2024 à Québec. La Presse Canadienne /Jacques Boissinot

Le chef du Bloc québécois Yves-François Blanchet a profité du conseil général de son parti à Québec pour décocher plusieurs flèches à l’endroit du premier ministre du Québec François Legault – sans le nommer – alors que ce dernier vient de subir un nouveau revers de la part d’Ottawa en matière d’immigration et que le gouvernement a annoncé un déficit de 11 milliards $ dans son dernier budget.

«Mon travail, c’est de dire que ce déficit, il est abyssal, mais il est surtout fédéral, car le responsable, il est fédéral (…). C’est 11 milliards $, car on ne dit pas qu’Ottawa doit sept milliards $ (pour les transferts en santé) au Québec, drette-là ! Expliquez-moi pourquoi ça prend un parti indépendantiste à Ottawa et son frère au Québec pour dire au gouvernement : “vous avez un trou de sept milliards $, car vous ne réclamez pas et vous ne le dites pas”», a-t-il lancé devant quelque 250 militants réunis à l’Université Laval.

«C’est ce qui arrive quand on s’engage à être fédéraliste. Quand on promet de ne pas faire de référendum sur la souveraineté, on mange une tape derrière la tête. On se fait dire non et on se fera toujours dire non», a ajouté Yves-François Blanchet.

Le premier ministre du Québec a dit jeudi qu’il allait demander tous les pouvoirs en matière d’immigration à son homologue fédéral, Justin Trudeau. Le lendemain, le premier ministre canadien a refusé la demande de M. Legault.

«Avoir tous les pouvoirs en immigration, ce n’est qu’un début, parce que ce qu’on veut, c’est tous les pouvoirs, point. Sans rapport de force, on se fait dire non», a renchéri Yves-François Blanchet.

«Nous, ici, dans cette salle, quand on nous dit non à ce qui nous revient de bon droit, on se lève debout et on se bat», a-t-il ajouté. 

«Quand tu veux conquérir un pays, tu commences par sa capitale»

Le Bloc souhaite visiblement être prêt à d’éventuelles élections fédérales – ce qui est possible à tout moment en raison du gouvernement libéral minoritaire à Ottawa – et la ville de Québec sera vraisemblablement un champ de bataille important. Vendredi soir, le chef bloquiste a annoncé son premier candidat en vue du prochain scrutin. Il s’agit de Simon Bérubé qui va représenter le parti dans la circonscription de Québec.

«Pourquoi on est encore à Québec, à part pour l’investiture de Simon Bérubé ?  Quand tu veux conquérir un pays, tu commences par sa capitale (…) C’est aussi parce qu’on s’y sent bien et ce n’est pas pour un match des Nordiques et encore moins des Kings», a affirmé Yves-François Blanchet lançant une autre pointe au premier ministre caquiste qui a été accueilli par des rires dans l’assistance.

Le gouvernement Legault a été embourbé dans une controverse après l’annonce en novembre dernier d’une subvention de 5 à 7 millions $ pour deux matchs préparatoires des Kings de Los Angeles au Centre Vidéotron à Québec.

Il y a quelques semaines, François Legault a remis en question l’utilité du Bloc. «À quoi ça sert le Bloc québécois à Ottawa ? Ça sert à quoi ? Ça sert à quoi ?», a lancé le premier ministre en période de questions au Salon bleu.

«Mouvement irrésistible vers l’indépendance»

Le chef du Parti Québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon, devait aussi prendre la parole au conseil général du Bloc, mais il a annulé sa présence vendredi soir. 

Malgré l’absence de leur chef, les députés péquistes Joël Arseneau et Pascal Paradis étaient sur place. Leur présence a été chaudement soulignée par des applaudissements nourris. Le nouveau député de Jean-Talon a d’ailleurs fait une allocution pour galvaniser les militants bloquistes réunis à l’Université Laval. 

«Il y a un mouvement irrésistible vers l’indépendance du Québec et ce mouvement irrésistible, il est très fort dans la Capitale-Nationale du Québec», a lancé Pascal Paradis à une foule déjà conquise. 

Alors que les conservateurs de Pierre Poilievre caracolent dans les sondages, le Bloc québécois est toujours premier au Québec, selon l’agrégateur de sondages 338Canada.