Femmes discriminées en emploi en raison de leur sexe : aucune plainte en 10 ans sur la Côte-Nord

Par Johannie Gaudreault 6:55 AM - 5 décembre 2023
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Sébastien Otis, conseiller en éducation et coopération à la Commission des droits de la personne, a pris la parole lors du lancement du livre d'Estella Borgia.

Depuis 1976, les Québécois peuvent compter sur la Charte des droits et libertés de la personne pour les protéger contre toute forme de discrimination, notamment. Au cours des 10 dernières, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse n’a reçu aucune plainte concernant de la discrimination sur la base du sexe sur la Côte-Nord.

« On n’en a pas beaucoup au Québec, mais il y a des enjeux qui sont quand même persistants. Il y a de la discrimination en matière d’embauche, d’équité salariale et au niveau des conditions de travail parfois. C’est quelque chose qui est encore présent en 2023 », commente Sébastien Otis, conseiller en éducation et coopération à la Commission des droits de la personne, présent lors du lancement du livre d’Estelle Trudel Borgia le 2 décembre.

Mme Borgia, quant à elle, avait dû se tourner vers la Ligue des droits de l’Homme (ancêtre de la Charte) lorsqu’elle a été victime d’intimidation et de harcèlement pendant sa carrière de policière à Hauterive.

La Charte québécoise des droits et libertés interdit la discrimination en emploi sur la base de 14 motifs, dont le sexe de la personne. Ce motif était le plus fréquent lors des 25 premières années d’existence de la Charte. Aujourd’hui, les plaintes concernent en majorité les handicaps (40 %). 

« C’était avant la loi sur l’équité salariale. C’était dans une période où la situation des femmes au travail était beaucoup plus difficile. Il y a encore des enjeux qui subsistent aujourd’hui, mais son cas [Estelle Borgia] est très intéressant pour nous », raconte Sébastien Otis, conseiller en éducation et coopération à la Commission des droits de la personne, présent lors du lancement du livre.

Le dossier de Mme Borgia ne s’était pas retrouvé devant le Tribunal, mais « il y a eu des interventions auprès des autorités, notamment auprès du syndicat à l’époque, pour les sensibiliser au fait qu’il y avait des pratiques discriminatoires », indique M. Otis.

Maintenant, les policières ne sont presque plus discriminées. « Les dossiers d’enquête que l’on voit régulièrement mettant en cause les services policiers, ce sont des enquêtes pour des allégations de profilage racial », confirme le porte-parole.  

Côte-Nord 

Sur la Côte-Nord, la Commission des droits de la personne reçoit peu de plaintes puisqu’elle est « moins connue », selon Sébastien Otis. « On reçoit 5 à 6 plaintes par année, ce qui nous donne 10 plaintes par tranche de 100 000 habitants, en dessous de la moyenne provinciale », ajoute-t-il. 

Chaque année, depuis 10 ans, la Commission compte au moins une plainte sur la base du handicap dans la région.

Quant à celles pour discrimination en matière de la couleur de la peau (origines ethniques ou nationales), elle en cumule plus que par le passé. « Les entreprises doivent de plus en plus recruter à l’étranger dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. On l’observe depuis 2020 », précise M. Otis.

Il est possible de prévenir la discrimination en emploi, notamment par le biais de formation en milieu de travail. « Les employeurs peuvent aussi s’informer sur la diversité de la population québécoise pour sensibiliser leurs employés », conclut le conseiller en éducation et coopération. 

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