Attention aux fraudes de location sur les réseaux sociaux

Par Marie-Eve Poulin 5:00 AM - 22 novembre 2023
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Il faut intervenir rapidement lorsqu’une fraude est détectée. Getty Images/iStockphoto

La fraude en location de logements est un stratagème très populaire sur les réseaux sociaux. Les groupes de recherche de logements de la région sont présentement la cible de cette arnaque. 

Les demandes de dépôt, de caution et de renseignements personnels sont au cœur de cette fraude, qui touche les gens à la recherche de logement. 

Sous des publications de personnes affichant être à la recherche d’un toit, un profil qui semble tout à fait normal indique en commentaire avoir ce qu’il faut et demande de le contacter par courriel. 

C’est à ce moment que l’arnaque débute. 

Le fraudeur commence par raconter une histoire pour faire mordre le chercheur de logement à l’hameçon. Il prétend être à l’extérieur et que quelqu’un fera visiter le logement « aux personnes sérieuses seulement » et il prévient qu’en raison de la forte demande de location, il faut payer pour « réserver ».

On réclame un mois de loyer d’avance et un mois de caution obligatoire. 

Ensuite, plusieurs informations personnelles sont demandées : coordonnées, métier, revenu, le nombre de personnes dans l’appartement et la durée de location. 

Le bon réflexe

Le Septilien, Maxime Pelletier, qui a évité la fraude grâce à ses bons réflexes, partage sa frustration. « C’est déjà assez difficile de trouver un loyer, surtout au prix qu’ils sont rendus ! S’il faut en plus rajouter une fraude à travers tout ça. »

« Comment faire pour s’en sortir ? Comment je peux me sentir en sécurité ? On ne peut plus simplement vivre sans se faire avoir », déplore-t-il. 

Maxime Pelletier a senti l’arnaque et n’a pas donné suite à la réponse d’un fraudeur.

Il parcourait les annonces de recherche publiée par d’autres personnes. Il a contacté par Messenger quelqu’un qui y avait laissé son adresse courriel. Le stratagème était sensiblement le même. 

Dans le message qu’il a reçu, on peut lire : « Tu me passes tes infos pour la procédure, je vais t’enregistrer et t’envoyer ton reçu, celui qui prouve que je suis la propriétaire de cette maison et que je te loue cet endroit. » Puis, ça continue. « Ensuite, tu devras donner l’heure de ton choix qui va être marquée sur ton reçu, que je vais t’envoyer. Ensuite, tu devras déposer un acompte pour que tu sois établi sur l’endroit. » 

En voyant cette réponse, M. Pelletier n’était pas satisfait et trouvait la situation « louche ». Sans même avoir l’adresse du logement, sans l’avoir visité, sans même avoir rencontré le propriétaire, un montant d’argent et des informations personnelles lui ont été demandés. Il a donc immédiatement mis fin à la conversation. 

Une dizaine d’autres personnes contactées par le Journal disent avoir eu le même réflexe que M. Pelletier et n’ont donc pas été victimes de cette fraude. 

Milliers de dollars volés

Le Centre antifraude du Canada rapporte que du 1er janvier au 30 septembre 2023, c’est plus d’un demi-million de dollars qui ont été volés à des citoyens canadiens par ce type de fraude. On compte 547 signalements, dont 377 victimes pour cette période. 

En 2022, les 516 victimes ont perdu au total 730 402 $. En 2021, on compte le plus grand nombre de victimes soit 526 pour un total de 884 175 $ volés. 

« Malheureusement, dans la plupart des cas, si l’argent a été envoyé au fraudeur, les chances de récupérer l’argent sont très minimes », dit Jeff Horncastle, agent de sensibilisation à la clientèle et de communication intérimaire, au Centre antifraude du Canada. 

Les victimes doivent aviser leur institution financière, la police locale et le Centre antifraude du Canada, précise-t-il.  Pour éviter de se faire prendre dans une arnaque de ce genre, le Centre recommande de s’assurer que l’adresse du logement et le propriétaire sont réels et que l’offre n’est pas copiée d’une autre annonce. 

On ajoute qu’il ne faut jamais envoyer d’argent à un étranger, qu’il faut visiter les lieux au préalable, bien lire le bail, puis surtout, se fier à son intuition. 

Victimes collatérales

Les fraudeurs ne se gênent pas pour utiliser des photos de maisons qui existent réellement sur des sites d’agents immobiliers, pour mieux attirer leurs victimes.

Alexandre Mercier et Kevin Croussette, de chez Équipe AK/A Via Capitale, font parti des agents immobiliers de la région qui sont, bien malgré eux, des victimes collatérales de ces fraudeurs.

Ils dénoncent ces tentatives de fraudes et interviennent pour lutter contre le phénomène qui prend de l’ampleur sur le web. Ils déplorent le fait que des gens se font avoir par les émotions, pour ensuite se faire voler de l’argent. 

Ça fait environ cinq ans qu’ils sont au fait de la situation, qui a pris de l’ampleur partout au Québec depuis la pandémie, estiment-ils. L’équipe agit rapidement lorsqu’une situation lui est rapportée.

Kevin Croussette voit son ancien métier de sergent enquêteur comme un atout pour gérer la situation. Il sait comment intervenir et mettre fin rapidement à l’utilisation de leurs photos. Les agents immobiliers contactent directement le fraudeur.

« À date, à toutes les fois qu’on les a affrontés, ils ont retiré les publications de sur les réseaux », dit Alexandre Mercier.

Ils invitent les gens à leur signaler toute situation de location douteuse.

« Appelez-nous, on va s’en occuper ! », dit Kevin Croussette.

La loi n’aide pas à diminuer ce type d’arnaque, croit ce dernier, puisque tant qu’il n’y a pas eu échange d’argent, il n’y a pas de fraude, c’est donc non punissable par la loi. 

« Même si l’annonce est fausse, ce n’est pas considéré comme une fraude », précise-t-il.

Les deux hommes ne pensent pas que le phénomène nuise à leur entreprise, puisque les gens savent faire la part des choses. 

« On a la chance d’être dans une petite ville, les gens nous connaissent et connaissent nos valeurs. Ils savent faire la différence entre les arnaques frauduleuses et ce qu’on fait vraiment », dit M. Croussette.

Il précise que les gens à la recherche de logements, ou qui ont des doutes sur une situation et veulent un avis professionnel peuvent les contacter. 

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