L’envers d’une énergie verte: des Innus floués par les barrages

Par Émélie Bernier 1:00 PM - 1 mars 2023 Initiative de journalisme local
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La ririère Magpie. Courtoisie Fondation Rivières

(Dossier, partie 2 de 4)

Modification de l’habitat des animaux, apport de mercure dans la chaîne alimentaire, impact sur les populations autochtones et allochtones usagères de la forêt : l’hydroélectricité, et son corollaire les barrages hydroélectriques, n’a pas une fiche environnementale parfaite.

La fragmentation des aires de chasse, de pêche et de vie des Premières nations est un impact non négligeable des grands ouvrages hydroélectriques. Parlez-en à toutes les communautés concernées, elles vous diront à quel point ceux-ci ont saccagé leur territoire ancestral, souvent sans leur consentement. Les Innus de Pessamit ont été particulièrement floués. Treize centrales hydroélectriques et 16 barrages d’Hydro-Québec ont été construits sur le Nitassinan de Pessamit, depuis les années 1950, généralement sans consultation ni consentement.

Des actions sont parfois intentées, plusieurs années après les faits, pour demander réparation. À titre d’exemple, le conseil de bande de la communauté de Uashat mak Mani-utenam, en regard des effets « dévastateurs» de la construction de la centrale hydro-électrique Churchill Falls (mise en opération en 1971) sur le territoire ancestral des Innus, a intenté en janvier une poursuite de 2 milliards $ à Hydro-Québec. (Lire l’article complet ici)

« Le mégaprojet Churchill Falls a segmenté, transformé et détérioré le Nitassinan, a causé un préjudice irréparable à plusieurs égards, qui subsiste à ce jour, aux Innus de Uashat mak Mani-utenam) peut-on lire dans la demande introductive d’instance déposée par ITUM à la Cour supérieure du Québec. Cette centrale, à cheval sur la frontière Québec-Labrador, a été mise en service en 1971. Elle est la deuxième plus grosse centrale hydro-électrique souterraine au monde.

Outre les 2 milliards $ réclamés à Hydro-Québec pour « les dommages du passé et les dommages continus à ce jour» les Innus réclament 200M$ « à titre de dommages-intérêts punitifs et exemplaires », ainsi qu’un pourcentage sur leurs revenus annuels reliés à la centrale.

Une telle situation pourrait-elle se reproduire aujourd’hui? Dans sa Déclaration d’engagement envers les Premières Nations et la Nation inuite, Hydro-Québec s’engage à approfondir et solidifier [son] dialogue avec les Premières Nations et la Nation inuite pour définir [leurs] objectifs communs et tracer ensemble la route qui [les] mènera à leur atteinte.»

La société d’État souhaite de plus «accroître l’embauche d’autochtones, atteindre une plus grande diversité dans les contrats attribués aux entreprises autochtones, augmenter notre implication sociale dans les communautés autochtones et sensibiliser davantage les employés et employées aux réalités autochtones.»
Quoi qu’il en soit, les communautés sont à l’affût et l’Alliance Muteshekau-Shipu, dont l’objectif est d’empêcher tout développement hydroélectrique sur la rivière Magpie, en est un bon exemple.

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