Maraudage de travailleurs étrangers : il faut réduire leur vulnérabilité, dit Ottawa

Par Vincent Rioux-Berrouard 6:00 AM - 7 février 2023
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Photo Facebook Équipements Nordiques.

À la suite de la dénonciation de l’entreprise de Sept-Îles, Équipements Nordiques, face à une mesure gouvernementale qui permet aux travailleurs étrangers temporaires de quitter leur emploi, le gouvernement du Canada a réagi.

Le cabinet du ministre de l’Immigration du Canada, Sean Fraser, précise par courriel que les travailleurs étrangers avaient déjà la possibilité de changer d’employeur et de demander un nouveau permis de travail avant la mise en œuvre de politique durant la pandémie.

Il rappelle que les travailleurs étrangers ont les mêmes droits au travail que les citoyens et les résidents permanents. Ils ont le droit de démissionner et de chercher un nouvel emploi.

« Cette approche offre également un service à la clientèle plus efficace et encourage les employeurs à offrir des conditions de travail et des salaires concurrentiels à tous les travailleurs, tout en réduisant la vulnérabilité des personnes qui travaillent temporairement au Canada », précise le cabinet du ministre Fraser.

« Même avec cette politique en place, les employeurs doivent toujours se conformer à toutes les exigences, y compris l’obtention d’une évaluation d’impact sur le marché du travail valide, à moins qu’une exemption ne s’applique. Les travailleurs étrangers qui demandent un autre permis de travail en vertu de cette politique devraient cesser de travailler pour leur nouvel employeur si la demande est refusée », ajoute-t-il.

Des permis plus nuancés

La députée fédérale de Manicouagan, Marilène Gill, souhaite une solution qui permettra le bien des entreprises nord-côtières, mais aussi des travailleurs.
Le maraudage de travailleurs étrangers temporaires est une situation peu fréquente, estime la députée, mais il est possible qu’elle se produise à plus grande échelle à l’avenir, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre.

Pour tenter de juguler ce problème, Mme Gill croit qu’il n’y en a pas de solution facile.

« On veut s’assurer que les entreprises aient la main-d’œuvre pour laquelle ils ont investi d’une part. Il faudrait trouver des permis qui sont plus nuancés que simplement ouverts, ou fermés. On pense à des permis sectoriels ou régionaux. Je lance des idées ici, parce que c’est le ministère de l’Immigration qui devra statuer », souligne-t-elle.

De plus en plus d’entreprises nord-côtières se tournent vers les travailleurs étrangers temporaires. Dans ce contexte, il est important de régler cette problématique, pour la députée. Elle dit en faire le constat à son bureau, où plusieurs demandent des informations sur les démarches à entreprendre pour obtenir ce type de main-d’œuvre.

Deux côtés à une médaille

L’enjeu des travailleurs étrangers temporaires est de plus en plus discuté au sein des milieux syndicaux, affirme le coordonnateur pour le syndicat des Métallos sur la Côte-Nord, Nicolas Lapierre.
Il affirme avoir entendu certaines histoires d’horreur à travers le Québec, concernant des travailleurs temporaires étrangers.

« Un permis de travail qui force un travailleur à rester avec le même employeur, c’est un niveau de vulnérabilité extrêmement malsain », dit-il.

Il espère qu’un juste équilibre sera trouvé pour régler cette situation.

Il serait préférable de consacrer nos énergies à faire venir des gens qui veulent s’établir durablement sur la Côte-Nord, plutôt que des travailleurs étrangers temporaires qui sont ici pour deux ou trois ans, avance M Lapierre.

L’immigration permanente serait beaucoup plus structurante pour la Côte-Nord, selon lui.

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