L’adoption coutumière causerait moins d’anxiété chez les Premières Nations
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L’adoption d’un enfant par ses proches ne date pas d’hier chez les membres des Premiers Peuples, cette pratique n’a pourtant été reconnue qu’en 2018 au Québec.
La communauté de Uashat mak Mani-utenam cherche à obtenir l’autonomie complète, en ce qui concerne la protection de la jeunesse, secteur qui est présentement sous la tutelle du gouvernement provincial.
«Les recherches se poursuivent, étant moi-même adoptée de façon coutumière, je trouve ça très important que les enfants connaissent leur culture», mentionne Mme Nadine Vollant, travailleuse sociale et gestionnaire au CISSS de la Côte-Nord.
«Le fait de savoir d’où tu viens et de connaître ton histoire soulage une grosse pression anxiogène que tu peux ressentir quand tu es jeune», mentionne M. Donald Pilot, qui a été adopté par la cousine de son père biologique, alors qu’il venait juste de naître.
«Ma mère souffrait d’une dépression post-partum d’une grossesse précédente et mon père avait déjà six enfants, c’était trop pour eux», explique celui qui a récemment été nommé directeur général au Centre d’amitié autochtone de Sept-Îles.
C’est donc chez sa petite-cousine et son mari que M. Pilot a été élevé, accompagné de ses sept sœurs adoptives et de sa sœur biologique.
«J’étais le plus jeune, donc oui, j’étais comme une poupée pour mes sœurs», raconte-t-il en rigolant.
M. Pilot précise que même s’il n’a pas grandi avec ses parents biologiques, il a toujours gardé une bonne relation avec ces derniers.
«Je les ai toujours appelés maman et papa, même s’ils ne m’ont pas élevé. J’allais souvent les voir et passer du temps avec eux. Je pourrais dire qu’ils étaient comme ma tante et mon oncle», se remémore-t-il.
Bénéfique pour l’enfant
Selon Mme Maryse Wapistan, autorité compétente en matière d’adoption coutumière pour le Regroupement Mamit-Innuat, le fait que l’enfant soit adopté par un membre de sa famille évite beaucoup de problèmes futurs. Le regroupement Mamit-Innuat est constitué des communautés d’Ekuanitshit, de Nutashkuan, d’Unamen Shipu et de Pakua Shipu.
Au-delà de la sauvegarde de notre langue et de notre culture, dans des petites communautés comme les nôtres, si un enfant est adopté sans connaître sa famille biologique, les chances que son ou sa future partenaire soit de la même parenté augmentent.
Au cours de ses deux années comme autorité compétente en la matière, Mme Wapistan a remarqué que les enfants adoptés selon la méthode traditionnelle innue souffrent moins d’anxiété en grandissant que ceux adoptés dans le système conventionnel québécois. Mme Wapistan est également à même de constater que les conflits intrafamiliaux causés par une adoption sont loin d’être fréquents, ce qui favorise le développement de l’enfant.
«Pour que l’enfant soit adopté de façon coutumière, il doit avant avoir passé du temps sous tutelle chez sa famille adoptive. De cette façon, tout le monde sait à quoi s’attendre», mentionne-t-elle. «Puis, lorsqu’arrive l’adoption, la famille biologique, la famille d’adoption ainsi que l’enfant, s’il est en âge de comprendre, doivent tous se mettre d’accord sur les modalités et les droits de contact des parents biologiques», renchérit-elle.
De cette façon, les parents biologiques sont moins réfractaires lorsque le processus est finalisé. Les coutumes de la communauté doivent également être respectées pour que l’adoption coutumière se concrétise.
Le CISSS très vague
Le CISSS de la Côte-Nord demeure très évasif au sujet des adoptions coutumières innues. Maryline Bérubé-Lapointe a interagi avec beaucoup d’enfants innus durant ses 20 ans de carrière dans la région.
« Je ne me positionnerai pas là-dessus c’est sûr et certain », répond la travailleuse sociale œuvrant dans le milieu de l’adoption au CISSS Côte-Nord, lorsque questionnée sur les différences entre le développement d’un enfant innu élevé en milieux allochtones versus dans sa propre communauté.
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