Ron Sherk, un nomade pas comme les autres

Par Shirley Kennedy 7:05 AM - 24 octobre 2022
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Il ne laisse personne indifférent sur son passage et plusieurs se demandent: qui est-il et d’où vient-il? Photo Réjeanne Lavoie

C’est du Bella Desgagnés qu’il est débarqué sur la Côte-Nord le 25 septembre. Depuis, il pédale et pagaie selon les caprices de Dame Nature et du degré de difficulté du parcours terrestre ou de la voie navigable qui s’offrent à lui.

Oui, il tire un canot sur roues pesant 250 lb avec son vélo, mais préfère de loin plier celui-ci en quatre et le ranger au-devant de son carrosse flottant et pagayer lorsque les conditions le lui permettent. Non il ne tire pas son canot parce qu’il ne veut pas attendre au service de traversier Tadoussac-Baie-Ste-Catherine. Parce que Ron Sherk lui, il a tout son temps.

Bien que le canadien anglophone originaire d’Okanagan Valley Vernon en Colombie-Britannique ait compris depuis longtemps que certains le croient « dérangé », Ron Sherk âgé de 73 ne s’en formalise pas outre mesure. Il aime bouger, il aime les gens et la vie, mais surtout, il pédale et pagaie pour se sentir vivant et voir du pays. « Il y en a qui ont l’air à me trouver cinglé mais la plupart sont respectueux et viennent me parler lorsqu’ils voient le canot qui agit comme un aimant avec les gens. »

Travailleur dans le domaine forestier, cet amateur de course à pied et de cyclisme, ne se voyait pas passer le reste de sa vie à regarder pousser le gazon sur son terrain. Il a tout vendu et depuis, il se qualifie de nomade, bien qu’il retourne de temps à autres chez-lui pour visiter ses parents âgés.

« J’ai commencé à faire des parcours de canot et vélo lorsque j’ai pris ma retraite en 2013. Depuis, je n’ai jamais arrêté. J’ai ma tente, des aliments pour me nourrir et ma guitare en fibre de carbone pour me désennuyer dans ma tente les soirs de pluie. J’entrepose mes équipements là où je suis rendu et je pars souvent l’hiver pour faire de l’aide humanitaire, au Nicaragua et en Haïti entre autres. »

Depuis la fin septembre donc, il pédale plus qu’il pagaie. Il a tout de même réussi à naviguer de Port-Cartier à Baie-Trinité où il a dû remettre son canot « sur les roues » en raison des rochers qui menacent d’abimer son embarcation. » Même chose pour Terre-Neuve et Labrador où il a passé tout le mois de juillet en espérant pouvoir pagayer davantage bien que cela allonge considérablement son trajet. « Je vogue à 5 km à l’heure sur l’eau alors qu’à vélo je fais 10 km à l’heure, mais c’est beaucoup plus exigeant physiquement ».

« Le fleuve est magnifique mais plus imprévisible que les lacs et les rivières, je m’attendais à pédaler plus que pagayer sur la Côte-Nord », dit-il.

Ce matin, Ron Sherk quittera Les Bergeronnes et espère naviguer la rivière Saguenay jusqu’au Lac-St-Jean. « J’ai l’intention de pagayer chaque fois que possible et j’attendrai des conditions idéales plutôt que de revenir au pédalage. »

Dès qu’il aura trouvé un endroit pour entreposer ses équipements, notre nomade se dirigera vers la Patagonie en Amérique du Sud pour y passer l’hiver. « Mais rien n’est sûr, puisque je devais passer quelques mois en Nouvelle-Zélande et finalement en raison de la COVID-19 j’y suis resté deux ans. J’ai passé le temps en faisant du vélo et en procédant à la vérification bénévole des pièges à prédateurs. »

Ce dernier ayant appris les rudiments du trappage de son grand-père maternel, un québécois pure laine résident au Lac Tiblemont en Abitibi-Témiscamingue.

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