Naissances : les mères veulent avoir le choix

Par Emy-Jane Déry 6:00 AM - 3 septembre 2021
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Photo Orange Pomme Photographie

De nombreuses femmes de la Côte-Nord aimeraient avoir accès aux services de sages-femmes. Surtout, elles aimeraient avoir le choix entre un accouchement en milieu hospitalier ou un accouchement plus naturel, en maison de naissance ou à la maison directement.

Joannie Roy aura son deuxième enfant en novembre. Il y a un peu plus d’un an, elle a eu une petite fille. Lorsqu’est venu le temps de planifier son accouchement, elle a vite réalisé qu’elle ne pourrait pas avoir accès à tous les services qu’elle aurait espérés pour ce moment si important.

L’absence de sages-femmes et d’une maison de naissance dans la région limite les options. Toutefois, elle a eu recours à une doula, une accompagnante à la naissance, par le biais de l’organisme À La Source.  

Contrairement à la sage-femme, la doula n’offre pas d’expertise médicale sur l’accouchement, mais elle est d’une grande aide pour informer et préparer les parents aux différentes étapes menant ultimement à donner la vie.

« Avant et pendant l’accouchement, ça a été d’une aide incroyable. Si elle n’avait pas été là, ça aurait été vraiment plus difficile et je ne sais pas comment ça se serait terminé », a confié Mme Roy.

Un espace approprié

Bien qu’elle disposait de plus d’informations et de techniques, notamment pour la gestion de la douleur, l’espace réservé pour son accouchement à l’hôpital de Sept-Îles ne permettait pas nécessairement leur mise en application.

« Les trucs donnés par mon accompagnante de naissance étaient difficiles à appliquer à l’hôpital, tandis que dans une maison de naissance, tu peux les faire. Tu es comme chez vous. Tu es dans une pièce aménagée pour ça », a-t-elle illustré.

Dans un lieu de naissance, il est possible par exemple de suspendre le haut du corps pour relâcher les jambes. Le monitorage n’est pas systématique, il est donc plus facile pour la maman de se déplacer et de marcher pour favoriser le travail.

« C’est aménagé pour que la mère soit confortable durant son accouchement. L’hôpital, c’est fait pour s’il y a des problèmes », a-t-elle dit.  

Joannie Roy souligne cependant avoir ressenti une grande ouverture de la part du personnel de l’hôpital face à ses demandes, en vue de rendre son accouchement le plus naturel possible.

Préparation mentale

Catherine Drouin est du même avis. Originaire de Montréal, elle est installée à Sept-Îles depuis 2017. En venant s’établir dans la région, elle savait qu’elle n’aurait pas l’occasion de vivre un accouchement en maison de naissance, contrairement à une amie de sa région natale qui lui avait partagé son expérience.

Dans ce contexte, lorsqu’elle anticipait son accouchement, sa plus grande crainte était qu’on « la médicalise plus que nécessaire ». Or, elle dit avoir été agréablement surprise de son expérience à l’hôpital.

« L’équipe à Sept-Îles, qui était là quand j’ai accouché en novembre, était vraiment à l’écoute. Elles m’ont même parlé de mon plan de naissance », a-t-elle raconté.

« Le médecin était au courant du type d’accouchement que je voulais et pendant ma poussée, je n’étais pas confortable, ça n’avançait pas et elle m’a même proposé une position généralement suggérée par les sages-femmes et ça a super bien fonctionné », a-t-elle poursuivi.

Pour contrer au préalable l’absence de sage-femme dans la région, Catherine Drouin s’est tournée vers le livre Une naissance heureuse, d’Isabelle Brabant. Cette dernière est reconnue comme étant un pilier des sages-femmes au Québec. Elle a aussi eu recours à une accompagnante de naissance d’À La Source.

« J’ai beaucoup fait le travail de préparation mental. J’ai essayé d’aller me renseigner de manière parallèle, avec le livre et des ressources web », a-t-elle expliqué.

À la maison

« J’aurais aimé accoucher de mes enfants innus sur un territoire innu », a confié pour sa part, Jade Mckenzie, de Uashat mak Mani-utenam.

Elle a accouché cinq fois à l’hôpital de Sept-Îles. La dernière fois, c’était en décembre 2020. Elle aurait souhaité des accouchements plus traditionnels, à l’image de ce qu’a vécu sa grand-mère.

« Mon premier, j’aurais aimé l’accoucher dans un bain chez moi », a-t-elle dit. « J’ai même lancé l’idée à une amie de suivre le cours de sage-femme pour qu’elle mette au monde mon bébé. »

« La salle d’accouchement de l’hôpital, c’est un endroit froid », estime-t-elle.

Jade Mckenzie aurait aimé pouvoir être à la maison, avec ses proches. Particulièrement, elle aurait souhaité que ses enfants soient présents.

« En 2015, mes trois premiers étaient un peu plus vieux et ils auraient aimé venir à l’hôpital avec nous », s’est-elle attristée.

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