Essipit, Pessamit, Uashat Mak Mani-Utenam, Ekuanitshit, Nutashkuan, Unamen Shipu, Pakua Shipu… L’énumération à voix haute de ces noms de villages est une musique à la fois douce et étrange, résolument envoûtante. Lorsque vous arpenterez la Côte-Nord, sachez que vous foulerez le Nitassinan des Innus, ce territoire qu’ils chérissent depuis bien avant que les Blancs n’y mettent les pieds…
Maison de la culture innue : le lieu de réconciliation
L’est, le sud, l’ouest et le nord. L’enfance, l’adolescence, l’âge adulte, le grand âge. Le jaune, le rouge, le noir, le blanc. Même les murs de la Maison de la culture innue parlent la langue des Anciens. On entre dans la maison de la culture innue de Mingan sur la pointe de pieds, comme en un lieu sacré. Il y a entre eux et nous tant de silences et de remords, d’histoires graves et de méconnaissance, de chemin à rattraper. Rita Mestokosho, comme tous les membres de la communauté innue de Ekuanitshit, est ici chez elle. La poétesse est à la culture innue ce que l’arbre est à la forêt. L’une ne va pas sans l’autre.
Cet été, la Maison de la culture innue se réveille d’un long sommeil. Comme l’ours durant l’hiver, la maison s’est assoupie durant plus d’un an et demi, le temps de laisser passer l’improbable tempête. La vie ne l’a pas quittée pour autant.
« Nous avons passé l’année à écrire un livre. Nous avons très hâte de le tenir entre nos mains », explique Rita Mestokosho. Et les coauteurs, tous membres de la communauté innue, n’ont pas manqué de matière première. « Dans l’exposition permanente, nous avons pu mettre environ 10 % de tout le matériel que nous avons récolté. Le livre est une façon de mettre en valeur tout le reste », explique la coordonnatrice de la Maison. Un morceau à la fois, avec la patience du castor, ils ont bâti l’exposition de la même façon que le livre, en travaillant ensemble, toutes générations confondues…
Une visite à la Maison de la culture innue vous donnera l’occasion d’en apprendre plus sur cette communauté qui vit au rythme des marées et des saisons, en intime connexion avec la nature. Les îles de l’archipel de Mingan sont de tout temps leur « maison d’été ». « C’est très important pour nous d’avoir le lien avec le territoire. L’exposition permanente présente un manifeste qui parle de notre relation avec les îles… », ajoute Mme Mestokosho.
D’ailleurs, l’équipe de la Maison de la culture se déplace régulièrement sur l’île à la rencontre des touristes des quatre coins du monde.
« On veut enrichir la relation avec les gens tout d’abord. Les êtres humains, pour grandir ensemble avec les richesses, les beautés des îles… » Les grandes valeurs de la communauté sont au cœur de l’exposition permanente « L’Univers des Innus de Ekuanitshit » concoctée avec l’aide de la boîte Rouge Vif, un organisme autochtone dédié à la transmission culturelle. L’importance des aînés, la pêche au saumon, la cueillette des petits fruits, les plantes médicinales et plus encore y ont droit de cité. La Maison propose également un petit espace boutique qui regroupe de l’artisanat de plusieurs nations amies du grand Nitassinan, ce mot joli comme un poème qui veut dire « territoire ».
Cet été, votre visite sera à la fois intérieure et extérieure. Un shaputuan et des habitations rondes serviront de lieu de rencontres et d’échanges. Et si vous croisez Rita, dites-lui bonjour de ma part. Cette rencontre-là est gravée dans mon cœur.
La Maison de la culture innue, 34, rue Nashipetimit, Ekuanisthit (Longue-Pointe-de-Mingan)
J’ai visité… le Musée régional de la Côte-Nord
On y découvre de très belles expositions faisant honneur à la culture innue, notamment des photos tirées du tournage du film Maïna.
Mon coup de cœur est cependant allé au travail de l’artiste-photographe, Michel Depatie et son exposition, qui s’est terminée le 11 août, Ashu-takusseu / La traversée photographique. Visitez le site web de l’artiste pour découvrir comment il rend hommage aux Innus de la Côte-Nord et transcende les codes de l’image.
Le Musée Shaputuan à Uashat, vaut le détour! Un shaputuan est en fait une maison longue commune qui se veut un lieu de rassemblement, de rencontre, de dialogue et de partage dans la culture innue. Le Musée Shaputuan remplit parfaitement cette mission!
Excursions avec la famille Lalo: vivre au rythme innu
La culture innue et Daniel Lalo ne font qu’un. Depuis quelques années, le gentil colosse de Nutashkuan, communauté innue à un jet de pierre du village de Gilles Vigneault, développe une offre touristique unique. Il invite les visiteurs à découvrir en toute simplicité les grandeurs et richesses de cette culture qu’il chérit et représente fièrement.
Une sortie de pêche au homard avec « la famille Lalo » commence par les présentations d’usage qui se muent rapidement en éclats de rire. On se rend ensuite à
Aguanish, à une dizaine de minutes à l’ouest de Natashquan, pour la mise à l’eau du bateau de Daniel, qu’on appellera rapidement par son prénom. Dans le bateau, quelques perches, une puise et un gros chaudron cabossé qui a connu bien des saisons et qui accueillera les fruits de la pêche…
A bord ce jour-là, Raphaëlle Gagné et Rosalie Paquet, deux copines de Baie-Comeau qui en sont à leur premier voyage au-delà de Sept-Iles, et Lola, une étudiante française, qui n’a jamais mangé de homard de sa vie!
Les « clientes » ne pêcheront pas le homard, car ce « droit » est réservé aux Autochtones. Rien ne les empêche cependant de taquiner les crustacés réfugiés dans les rochers avec des perches. Las de se faire ainsi agacer, les bestioles s’extirpent de leur cachette et sont aussitôt attrapés à la puise par Daniel Lalo. La récolte sera généreuse et finira sa course dans la grande marmite sur un feu allumé à même les rochers.
Passionné par sa communauté et par la nature, rieur comme le sont les Innus, Daniel Lalo aime recevoir ses convives comme s’il s’agissait de membres de sa famille. On s’assoira à même une grande roche plate pour se gaver de homard fraîchement pêché comme s’il n’y avait pas de lendemain! Une petite bière de la
Microbrasserie La Mouche et de la succulente bannique fraîche du matin, préparée par sa tendre moitié, et grillée sur les braises accompagnent le festin. Un des meilleurs repas que j’ai mangé de ma vie, sans aucun doute.
Daniel Lalo invite des gens à le suivre au cœur de sa culture depuis quelques années déjà, mais 2021 est la première année « officielle » de l’entreprise. Les excursions pour la pêche au homard s’échelonnent du 1er juin au 31 juillet, mais Daniel Lalo a plusieurs projets qui se déploieront sur quatre saisons. Il aimerait notamment développer des voyages en zodiac vers les villages de la Basse-Côte-Nord avec séjours de découverte, des forfaits avec de la petite et grande chasse, des excursions hivernales… Sa volonté de préserver sa culture va plus loin encore. « J’aimerais enseigner aux jeunes de ma communauté la trappe et les traditions, la confection des outils traditionnels, des canots… », ajoute celui qui ne laissera jamais la culture innue s’étioler.
« Les aînés m’ont dit « un bon jour, l’homme blanc n’achètera plus les peaux de fourrure et il faut trouver un autre moyen de valoriser notre culture. C’est ce que je suis en train de faire. Je veux promouvoir la culture innue et je pense que les gens sont à la recherche de cette authenticité. Innubliable!», conclut-il.
Les Bottes de l’espoir
Deux communautés innues enserrent de leurs bras la ville de Sept-Iles. A l’ouest, Uashat vous accueille. On y trouve quelques attraits franchement intéressants pour s’approcher de la culture de la première nation innue. Parmi ceux-ci, le Musée Shaputuan et l’Atelier boutique Atikuss.
L’Atelier boutique Atikuss est une boutique où sont proposés des créations et produits issus de nombreuses communautés autochtones de la province (mocassins, bijoux perlés, jouets pour enfants, attrapeurs de rêves, produits du terroir élaborés à partir de la cueillette sauvage…), doublée d’une galerie d’art professionnelle et d’un atelier de maroquinerie dont la vocation sociale est bien ancrée, comme l’explique Nancy Pinette, proche collaboratrice de la propriétaire Josée Shushei Leblanc.
Les Bottes de l’espoir sont l’incarnation de cette vocation sociale. «En parlant avec les femmes autochtones qui faisaient de l’artisanat, Josée a réalisé qu’elles gagnaient très peu pour faire les mocassins et le perlage, qui est un travail de longue haleine. Elle a eu l’idée de travailler en collaboration avec elles en leur fournissant le matériel nécessaire pour faire le perlage sur les bottes fabriquées par Atikuss et en les rémunérant de façon décente », explique Nancy.
Une partie des revenus de la vente des Bottes de l’espoir est aussi remise à la Maison Doris, de Montréal, qui accueille des femmes autochtones itinérantes dont plusieurs font elles-mêmes des perlages pour Atikuss. «On leur fait parvenir les morceaux de cuir avec les perles et la Maison nous les renvoie ensuite. C’est la même chose pour les femmes des autres communautés nord-côtières et d’ailleurs qui travaillent avec nous », explique Nancy.
Quatre modèles de bottes avec autant de perlages distinctifs se retrouvent ensuite dans les boutiques (physiques à Québec et Uashat et en ligne)
d’Atikuss. Magnifiques, les bottes de l’espoir s’envolent! «On aide les femmes autochtones, peu importe la communauté d’où elles viennent. Ici, on croit que toute femme a le droit de vivre dignement et d’avoir un support à la fois émotionnel et financier! »
La transmission du savoir-faire est aussi au cœur des valeurs chez Atikuss. « En valorisant le travail des femmes, on réussit aussi à toucher les femmes plus jeunes et à propager le perlage. Ça crée de la fierté! »
Et c’est maintenant officiel, Atikuss est devenu un économusée qui met en valeur la fabrication des mocassins, une grande fierté pour l’équipe. « C’est tout un processus! On va agrandir et les visiteurs vont pouvoir voir les artisans travailler sur la fabrication des bottes, le perlage… On est emballé par ce projet », conclut Nancy Pinette.
Atelier-boutique Atikuss, 136, boulevard des Montagnais, Uashat (Sept-Iles)
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