Pouvoir oublier, un documentaire pour mieux comprendre la révolte à Sept-Îles en 1972

Par Vincent Rioux-Berrouard 7:10 PM - 12 juillet 2021
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Événement resté gravé dans les mémoires pour certains et pratiquement inconnu pour d’autres, les réalisateurs David Simard et Pierre Luc Junet tentent de bien comprendre ce qui s’est passé le 10 mai 1972, à Sept-Îles.

Lors de cette journée charnière, des manifestations dans la ville de Sept-Îles ont tourné au cauchemar. Un homme a perdu la vie.

Les deux réalisateurs travaillent sur un documentaire qui sera présenté sur les ondes de Télé-Québec. Une version plus longue sera présentée dans les salles de cinéma en 2022.

C’est durant ses études universitaires à Montréal, que David a d’abord entendu parler de ce qui s’était passé à Sept-Îles, en 1972. Il a alors commencé à s’intéresser et à se renseigner sur cette histoire. Il était donc normal que les deux réalisateurs décident de travailler sur les événements du 10 mai.

« Lorsque Pierre Luc et moi avons commencé à nous professionnaliser, on a décidé de choisir de travailler sur ce qui s’est passé à Sept-Îles à ce moment, qui nous semblait un point aveugle dans la grande histoire du Québec », affirme David Simard.

David et Pierre Luc passeront les deux prochains mois à Sept-Îles. Ils sont là pour rencontrer les nombreux témoins de l’événement.

La recherche de documents d’époque pour leur documentaire leur aura demandé beaucoup de temps et d’efforts. Il n’existe pas énormément de sources sur les événements de Sept-Îles, mais ils ont réussi à trouver quelques perles.

Par exemple, il existe des documentaires tournés par CBC, la branche anglaise de Radio-Canada, qui n’ont jamais été vus par les gens de Sept-Îles.

Avec ce documentaire, les deux réalisateurs souhaitent notamment rendre hommage à Hermann St-Gelais, décédé ce jour-là, et ainsi faire vivre sa mémoire. D’ailleurs, la famille de ce dernier est très impliquée dans le projet.

Le documentaire tentera aussi de mieux comprendre les motivations et ce que retiennent les personnes qui y ont participé.

« Chaque intervenant qu’on a rencontré a sa vision de ce qui s’est passé lors de cette journée. Il faut comprendre qu’il y a eu des divisions et des blessures profondes, en raison de ce qui s’est passé le 10 mai 1972 à Sept-Îles », explique Pierre Luc Jenet.

Tournage

Les citoyens sont invités à participer à des activités dans le cadre du tournage. Le vendredi 13 août, une visite guidée en autobus sera organisée. Les participants visiteront les principaux lieux de la révolte.

Les 14 et 15 août, les citoyens pourront assister à une reconstitution devant le palais de justice de Sept-Îles. Des voitures d’époque seront installées pour faire revivre l’ambiance du 10 mai 1972. Les activités seront reportées la fin de semaine suivante en cas de pluie.

Les gens qui auraient de l’information concernant la révolte de Sept-Îles peuvent entrer en contact avec les réalisateurs à l’adresse courriel suivante : pouvoiroublier@gmail.com.

La révolte à Sept-Îles

En 1972, les syndicats sont en plein bras de fer avec le gouvernement du Québec de Robert Bourassa. Les trois dirigeants du Front commun intersyndical sont envoyés en prison après que les travailleurs aient défié la loi spéciale forçant le retour au travail, adoptée par le gouvernement. À Sept-Îles, les travailleurs outrés par la nouvelle prennent le contrôle de la ville le 10 mai 1972. Des affrontements violents se produisent avec les forces policières, durant l’après-midi, à proximité du palais de justice, au point où la police se réfugie à l’intérieur de l’édifice.

Vers 16h30, la situation va radicalement changer. À bord de son véhicule, Théodore Leblanc en a assez des manifestants et des troubles causés. Il décide alors de foncer dans la foule. Ce geste blessera 40 personnes et surtout, coûtera la vie à Hermann St-Gelais.

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