Le maître de karaté Russell Girard accroche son kimono

Par Mathieu Morasse 11 août 2018
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Russell Girard

Russell Girard (à droite) prodigue donne son dernier cours au Club de Karaté Shotokan de Sept-Îles.

Le godan Russell Girard a donné son dernier cours de karaté le 1er août dernier au Club de Karaté Shotokan de Sept-Îles. Il cède maintenant le flambeau aux ceintures noires qu’il a lui-même formées.

Le Septilien était responsable du Club de Karaté Shotokan depuis 38 ans. Il effectuait toutes ses tâches de gestion et ses entraînements de façon bénévole. Plusieurs anciens acolytes se sont joints à ce cours spécial pour souligner l’évènement.

Il a commencé le karaté à l’âge de 16 ans, quelques mois après son arrivée à Sept-Îles. Il se souvient encore des détails de cette première leçon où il s’est rendu à l’invitation d’un ami… qui n’est jamais venu!

«C’était le 19 mars 1974, un mardi à huit heures au centre socio. Georges Quessy est venu me voir et m’a dit enlève tes chaussures, puis viens-t-‘en!» se remémore-t-il.

Russell Girard a rapidement eu la piqûre et s’est mis à l’entraînement intensif. Il a été nommé shodan (ceinture noire) dès 1976, puis a pris la relève de son maître Georges Quessy lors de son départ en 1980. Il est aujourd’hui godan (5e dan), le plus haut rang possible dans le style qu’il pratique.

«C’est moi qui me suis ramassé avec l’école sans le vouloir. J’avais seulement 21 ou 22 ans. Je n’étais pas prêt à ça non plus», relate-t-il.

Philosophie de vie

De ses années de pratique du karaté et des entraînements intensifs spéciaux, Russell Girard retient surtout les apprentissages psychologiques.

«Ça apporte la simplicité. C’est la mentalité qui change. La mentalité, ça ne s’acquiert pas avec la technologie», philosophe-t-il.

Cet apprentissage n’a évidemment pas été immédiat. L’homme admet d’ailleurs avoir eu sa part de vices.

«Ça prend beaucoup de contrôle. Ce n’est pas quelque chose que tu sautes dessus à pieds joints. C’est quelque chose que tu glisses dedans», révèle-t-il.

L’homme de 60 ans a aussi pris sa retraite de soudeur à ArcelorMittal mardi dernier. Père de deux enfants, il veut profiter de sa nouvelle retraite pour se rapprocher de sa petite-fille. Il n’entend toutefois pas arrêter complètement la pratique du karaté ni complètement délaisser le Club.

«Ça, ça ne s’arrête pas. Le karaté, ils appellent ça un art parce qu’il y a le côté psychologique qui vient avec le sport. C’est une façon de vivre. Tu peux pratiquer toute ta vie si tu pratiques bien», enseigne-t-il.

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