Commission Viens : une mère raconte avoir été victime de discrimination de la part de policiers

Par Mathieu Morasse 16 mai 2018
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Mélissa Grégoire a témoigné avec émotion devant la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics. Capture d’écran archives

Mélissa Grégoire a raconté avec émotion l’histoire vécue par ses filles. Un événement dans lequel elles n’ont pas obtenu les services publics attendus. 

Mélissa Grégoire a témoigné jeudi devant la Commission d’enquête sur les relations entre les Autochtones et certains services publics (CERP) à propos d’un évènement survenu en décembre 2015. Ses trois filles autochtones âgées de 10, 11 et presque 12 ans ont été attaquées sur une patinoire extérieure de Sept-Îles par un groupe de cinq jeunes garçons blancs.

Au terme de leur enquête, les policiers de la Sûreté du Québec auraient décidé qu’il n’y aurait pas de poursuite. Cette décision appartient normalement au Directeur des poursuites criminelles et pénales.

Or, la mère des trois jeunes filles explique que les policiers ne sont même pas allés rencontrer ses filles pour prendre leurs dépositions. La mère a senti une différence de traitement par les policiers.

«Je connais les garçons. C’est des hauts placés à Sept-Îles. Tous des blancs. Il n’y a pas eu d’enquête.»

Mélissa Grégoire rapporte aussi un commentaire qu’elle n’arrive toujours pas à accepter.

«C’est tes filles qui ont mis en danger les cinq garçons», lui aurait déclaré un agent chargé de l’enquête.

Très affectée par l’attaque, l’aînée des trois filles a fait une tentative de suicide environ 8 mois après. Mélissa Grégoire dit qu’à un certain moment, un agent de sécurité de Garda lui a refusé l’accès à la chambre d’hôpital de sa fille.

L’ordre serait venu d’un psychologue non habitué à la pédiatrie qui aurait rencontré sa fille de 12 ans en son absence. Le consentement des parents était cependant nécessaire vu l’âge de l’enfant. Mme Grégoire dit avoir dû menacer de quitter l’hôpital avec sa fille pour faire débloquer la situation.

Pour Mélissa Grégoire, c’est comme si l’hôpital disait « on va faire ce qu’on veut avec ta fille ».

« Ma fille n’a pas eu de soutien. L’hôpital, ils font comme [si j’étais] un autochtone qui [ne] savait rien », fustige-t-elle.

Rétablir la confiance

Madame Grégoire n’a pas fait de plainte en déontologie contre les policiers impliqués dans l’enquête.

«La peur m’avait envahie. Je n’avais plus confiance. La confiance que j’avais envers les policiers n’était plus là. Je me suis dit où est-ce que je vais aller ? Est-ce qu’ils vont gagner encore ? Vont-ils nous rabaisser encore plus ?» a-t-elle raconté, non sans peine.

Elle ajoute que sa fille va encore à l’école des blancs.

«S’il arrive une autre situation, vers où je vais me tourner ? Ma crainte est encore là. C’est dur.»

Elle a toutefois espoir en la CERP.

«J’espère que ça va changer. J’espère qu’il n’arrivera plus de situations comme ça.»

 

 

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