Stanley Vollant amorce le dernier virage de sa marche

Par Éditions Nordiques 1 avril 2016
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Le périple de 6 000 kilomètres du Dr Stanley Vollant doit se terminer cet été à Montréal.

«Croyez en vous!», a martelé Stanley Vollant lors d’une conférence au Cégep de
Baie-Comeau, mercredi dernier. Le chirurgien autochtone continue de répandre son message inspirant, même si son périple touche à sa fin. 

Maëlle Besnard

«Quand on marche, c’est incroyable ce que l’on peut apprendre. Ce n’est pas comme lorsque l’on est à table où on dirait qu’on a un agenda caché», plaisante Stanley Vollant. Sa marche Innu Meshkenu, débutée en 2010, s’achèvera en grande pompe à l’été 2017, lors du 375e anniversaire de la Ville de Montréal. Ce périple, dit-il, l’a «transformé». Plus calme et plus «zen», Stanley Vollant a changé de rythme et vit plus dans le moment présent.

Les 5 200 kilomètres déjà parcourus n’ont pas été une promenade de santé pour l’athlétique quinquagénaire. Entre blessures et conditions météorologiques difficiles, il aurait pu baisser les bras cent fois, surtout qu’il a même failli y passer. «J’ai failli mourir de froid à un moment, car on a oublié de venir me chercher. J’avais des hallucinations, mon eau était gelée, ma nourriture était gelée», se souvient l’homme.

La pression, aussi, a parfois été difficile à gérer. «C’était lourd émotivement et spirituellement, d’être vu comme un messie», confie-t-il. Ces moments difficiles, Stanley Vollant en comprend l’importance aujourd’hui. «Je me suis rendu compte comment mes grands-parents étaient forts, athlétiques, résilients. On a cette force-là en nous, mais on l’oublie. C’est important de se rappeler de ses racines», martèle celui qui a pour slogan «à cœur vaillant, rien n’est impossible».

«C’était lourd émotivement et spirituellement, d’être vu comme un messie», confie Stanley Vollant.

Une enfance à Pessamit

Faut-il vraiment rappeler l’itinéraire exceptionnel du Dr Vollant? Né d’un père inconnu et d’une mère jeune et instable, le futur premier chirurgien autochtone du Québec aurait dû atterrir dans un orphelinat et se faire adopter par une famille blanche, tel que l’imposait la loi de l’époque aux filles-mères. C’était sans compter sur la pugnacité de son grand-père maternel qui fit des pieds et des mains pour adopter son propre petit-fils et l’élever dans sa communauté, à Pessamit.

Ce grand-père, Xavier Vollant, semble être celui par qui tout a commencé. Malgré les habiletés de son petit-fils pour les activités «dans le bois», il insiste: il faut que Stanley Vollant aille à l’école et réussisse. Selon le principal intéressé, son grand-père aurait eu du mal à digérer le fait de ne pas avoir réclamé d’indemnisation lors de l’indexation de la rivière de Pessamit par Hydro-Québec, dans les années 50. «Je crois qu’il avait honte. Il voulait que je me rende à l’université et que je défende les autochtones grâce à mon éducation», confie le Dr Vollant.

La suite est un mélange de destinée et de persévérance. Stanley Vollant rencontre un voisin alcoolique dans la rue qui lui témoigne sa fierté de le voir devenir un jour médecin. L’anecdote fait bien rire ses amis, car, à l’époque, le jeune Vollant a très peur du sang. Toutefois, l’idée fait son chemin et notre homme choisit d’étudier la médecine à l’université. Malgré plusieurs pertes de connaissance à la vue de cadavres, il s’accroche et pousse le paradoxe jusqu’à devenir chirurgien, lui qui se destinait au départ à la
psychiatrie. «Peu importe l’obstacle, il est toujours possible de le franchir. Si vous croyez en vos rêves, vous allez les réussir», lance le conférencier à la vingtaine d’auditeurs présents.

«Peu importe l’obstacle, il est toujours possible de le franchir. Si vous croyez en vos rêves, vous allez les réussir», lance Stanley Vollant.

Choisir la vie

Tout succès a sa part d’ombre et celui de Stanley Vollant ne fait pas exception. L’homme ne cache pas avoir été victime d’une grosse dépression, en 2007, malgré une situation plus qu’enviable. «J’ai même mis un fusil dans ma bouche», raconte-t-il sans fausse pudeur.

Une vision lors d’une course dans un volcan de Nouvelle-Zélande le pousse ensuite à partir sur les routes du Chemin de Saint-Jacques de Compostelle. En Espagne, il fait le rêve de sa vie. Stanley Vollant se voit parcourir le Québec, l’Ontario et le Labrador à pied, à la rencontre des différentes communautés autochtones et c’est ce qu’il réalisera, avec la marche Innu Meshkenu. «Mes grands-parents ont survécu dans des conditions atroces, ils ont traversé le territoire, dans le froid. Leur résilience nous a permis d’être là. Il faut se rappeler que la vie est un grand cadeau. La vie est sacrée», affirme Stanley Vollant.

Porter son message

Cette résilience, le docteur tient à la partager. La marche Innu Meshkenu a une «phase 2», déjà en préparation. Stanley Vollant veut continuer de porter son message dans les écoles et dans les communautés qu’il a visitées. «Souvent, les jeunes oublient d’avoir des rêves. C’est ça mon message: il faut croire en soi-même», insiste-t-il. Son discours a un écho particulier pour son peuple d’origine. Selon lui, il reste tant à faire.

En s’adressant en priorité à la jeunesse, Stanley Vollant a bon espoir de faire bouger les choses, mais il pense ne pas pouvoir agir seul. «C’est une semence, mais il faut que les gouvernements
viennent investir», rappelle-t-il. À ce jour, il reste au Dr Vollant encore 800 km à parcourir. Du 18 au 26 avril, il marchera d’ailleurs dans ce but de l’autre côté du Saint-Laurent, entre Cacouna, Rivière-du-Loup et Québec. «Souvent, les gens me disent: «t’es comme Forrest Gump». Mais, au
contraire de Forrest Gump, moi, je sais pourquoi je marche», plaisante-t-il.

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