Les Nord-Côtiers consomment beaucoup de carburant

Par Éditions Nordiques 7 janvier 2016
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Si on exclut le Nord-du-Québec, la Côte-Nord est la région où les ventes d’essence à la pompe sont les plus élevées en rapport à sa population. Une étude de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal montre que les ventes d’essence et de diesel sont presque trois fois plus élevées dans la région que sur l’île de Montréal.

Dans l’État de l’énergie au Québec 2016, rédigé par Johanne Whitmore et Pierre-Olivier Pineau, on apprend que les Nord-Côtiers ont acheté à la pompe, en 2013, 1 504 litres de carburant par habitant, alors que les Montréalais en ont acheté 615 litres par habitant. Environ 2% des ventes d’essence ou de diesel au Québec l’ont été sur la Côte-Nord, alors que la région représente 1% de la population québécoise. De leur côté, les Montréalais ont acheté 14% du carburant au Québec, alors que 24% de la population y est concentrée.

Les chercheurs voient «un certain lien entre la densité de la population et la consommation de carburant (…) plus une région est grande, plus la consommation de carburant par habitant est importante (mesurée par les ventes annuelles au détail d’essence et de diesel)», peut-on lire dans l’étude. D’ailleurs, l’Abitibi-Témiscamingue suit les Nord-Côtiers de très près avec des ventes de 1 501 litres par habitant. «Abitibi et Côte-Nord, même combat», a lancé Pierre-Olivier Pineau, en entrevue avec le Journal.

Environ 2% des ventes d’essence ou de diesel au Québec l’ont été sur la Côte-Nord, alors que la région représente 1% de la population québécoise.

Les auteurs de l’étude ont écarté la région du Nord-du-Québec (1 983 litres/habitant) en raison de la «dimension immense du territoire» qui fait en sorte que les données sont «hors normes». L’étendue du territoire et l’éloignement des grands centres n’expliquent cependant pas tout. Par exemple, les gens de la région Centre-du-Québec ont acheté 1485 litres/habitant, soit beaucoup plus haut que la moyenne québécoise de 1057 litres/habitant.

Des pick-up et des ski-doos
«Ce n’est pas juste qu’on conduit sur de plus longues distances en région. En ville, on va avoir tendance à avoir plus de petits véhicules, alors qu’en région, il y aura plus de VUS et de pick-up», a expliqué M. Pineau. La Côte-Nord est la seule région, avec le Nord-du-Québec, où le nombre de camions légers (30 500) dépasse le nombre d’automobiles (28 000). L’achat de VUS et de «pick-up» est une tendance au Québec. De 2009 à 2014, il y a eu une diminution de 0,8% du nombre de voitures, alors que le nombre de camions légers a augmenté de 15%.

Le fait que les Nord-Côtiers ont plus l’occasion d’utiliser des véhicules hors route que dans les milieux urbains entre aussi en compte, puisque l’étude s’est basée sur les ventes à la pompe, explique le titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie.

La Côte-Nord est la seule région, avec le Nord-du-Québec, où le nombre de camions légers dépasse le nombre d’automobiles.

Le fait que la demande en essence soit plus élevée dans la région n’a pas «d’influence majeure» sur le prix à la pompe, selon Pierre-Olivier Pineau. Les Montréalais doivent payer 3 ¢ le litre de plus en raison d’une taxe pour le transport en commun, ce qui peut «décourager la consommation».

Comment réduire la consommation?
Dans le contexte où il faut diminuer les émissions de gaz à effet de serre, et qu’il serait surprenant que le territoire nord-côtier rapetisse, M. Pineau croit qu’il y a tout de même moyen de diminuer la consommation d’essence dans la région. «Est-ce que tout le monde a besoin d’un pick-up? On a une tendance à avoir des véhicules surdimensionnés par rapport à nos besoins», affirme le chercheur.

Il remarque aussi que l’étalement urbain n’est pas un phénomène unique aux banlieues, encourageant les municipalités de la région à décourager la construction résidentielle loin des zones urbaines des villes et villages. Le covoiturage est aussi une solution, croit le chercheur.

Autres données
Dans l’étude de HEC Montréal, on apprend également que le secteur industriel est le plus grand consommateur d’énergie au Québec. Ensemble, l’industrie de l’aluminium (35%) et des pâtes et papiers (14%) représentent 50% de la consommation de ce secteur. Les mines représentent 8% de la consommation. L’industrie du fer est regroupée avec ceux de l’acier, du ciment et des produits pétroliers, totalisant 10% de la consommation.

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