Hydrocarbures sur Anticosti: Un gazoduc vers la Gaspésie

Par Fanny Lévesque 26 octobre 2015
Temps de lecture :

Pétrolia transporterait les hydrocarbures d’Anticosti par gazoduc vers la Gaspésie. Un scénario qui a titillé le milieu socio-économique et les élus de la Côte-Nord, qui rêvent au gaz naturel depuis 1998.

Hydrocarbures Anticosti, détenue à 35% par Ressources Québec, préconise la solution du gazoduc pour livrer les hydrocarbures d’Anticosti en raison des «grands volumes» estimés sur l’île. Mais, le fruit de l’exploitation pourrait bien traverser le fleuve vers la côte sud, a informé Pétrolia, lors d’un diner de la Chambre de commerce, jeudi.

«On doit avoir accès à l’ensemble du marché de consommation et pour ça, le chemin préférentiel, c’est d’aller se connecter au point de distribution le plus proche, qui est Lévis», a expliqué le président-directeur général de Pétrolia, Alexandre Gagnon, en entrevue au Journal.

Le gazoduc irait se brancher aux installations de Gaz Métro à Lévis, qui donnent accès au marché québécois, mais aussi à celui des États-Unis. Le principal distributeur de gaz naturel de la province s’est d’ailleurs déjà engagé à acheter les volumes d’Anticosti, jusqu’à concurrence de la consommation totale du Québec.

Le maire réagit

«On a appris ça (jeudi), a confirmé au Journal, le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier. C’est clair qu’il va y avoir beaucoup de discussions autour ça. (…) Ce n’est pas vrai qu’on va regarder partir un gazoduc vers ailleurs que la Côte-Nord, si au minimum, on n’a pas prévu de nous alimenter de notre côté», a-t-il poursuivi.

Et Pétrolia l’a bien compris. L’entreprise partenaire d’Hydrocarbures Anticosti a rappelé qu’il s’agissait pour l’heure de «scénarios» et que le potentiel de ressources contenues sur l’île pourrait même justifier l’aménagement d’un second gazoduc, qui irait rejoindre cette fois, le sol nord-côtier. Un modèle «tout à fait réaliste», selon M. Gagnon.

«Le message que je veux qui soit retenu, c’est que nous allons travailler avec la communauté pour que le gaz se rende aussi sur la Côte-Nord», a martelé le p.-d-g. Pétrolia travaille aussi en parallèle avec Tugliq, son partenaire pour la mise en valeur du gisement Bourque en Gaspésie.

Le projet Bourque prévoit une desserte maritime de gaz naturel liquéfié vers la région. Dès 2016, un projet-pilote doit notamment se mettre en œuvre avec un industriel nord-côtier. «L’objectif pour nous, c’est d’amener le gaz de Bourque ou Anticosti sur les réseaux de consommations, principalement sur la Côte-Nord qui n’est pas desservie».

Le maire de Sept-Îles ne s’inquiète d’ailleurs pas outre mesure des informations fournies par Pétrolia. «Pétrolia, c’est une entreprise qui va essayer d’avoir le meilleur projet au meilleur coût. Après ce sera au gouvernement de voir le meilleur scénario si un jour le gaz naturel se développe sur Anticosti», a-t-il expliqué.

Plan Nord

La proximité d’Anticosti permettra aussi selon Pétrolia, aux industriels de la Côte-Nord de profiter d’un avantage compétitif et de contribuer «positivement à l’essor de la deuxième et troisième transformation» sur le territoire. Même si la demande actuelle est plutôt modeste dans la région, Pétrolia demeure convaincu du potentiel du marché, en particulier avec le déploiement du Plan Nord.

«Amener le gaz naturel ou une ligne électrique, c’est la même affaire. Quand on veut la faire, il n’y a pas tout à fait la demande, mais si on la fait, les entreprises vont venir s’établir ensuite», a illustré Alexandre Gagnon, qui envisage une exploitation commerciale des hydrocarbures d’Anticosti d’ici 2020.

En 2016, Hydrocarbures Anticosti prévoit forer trois puits avec fracturation sur l’île pour déterminer le «taux de récupération» des quelque 30 milliards de barils de pétrole équivalent en ressources. Plus de 120 travailleurs seront à pied d’œuvre pendant six mois, pour réaliser les travaux qui nécessiteront des investissements de 35 millions $.


Travaux d’exploration sur Anticosti

(Photo : Hydrocarbures Anticosti)

Partager cet article