Marché du fer: Le Port de Sept-Îles durement affecté en 2015

Par Fanny Lévesque 25 juin 2015
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Après des années fastes, la débâcle du marché du fer n’épargne pas le Port de Sept-Îles qui prévoit que son chiffre d’affaires fondera presque de moitié en 2015.

Le chiffre d’affaires du Port de Sept-Îles pourrait passer de 13 à 7 millions $ cette année, a confirmé au Journal, le président-directeur général, Pierre D. Gagnon. C’est principalement l’arrêt de l’exploitation de la mine de fer du lac Bloom en janvier, qui fera mal, avec un volume d’activités de 5,5 millions de tonnes de minerai en moins.

«C’est environ 20% de notre volume, c’est majeur», a affirmé M. Gagnon. Les effets du ralentissement du marché ont commencé à se faire ressentir en 2014 avec la suspension des activités de Labrador Iron Mines et la fermeture de la mine Scully, appartenant tout comme celle du lac Bloom, au géant américain Cliffs Natural Resources.

Le tonnage annuel du Port avait alors glissé de 14%, passant de 27,7 millions à 23,8 de 2013 à 2014. «En 2015, on prévoit manutentionner entre 19 et 20 millions de tonnes», a rajouté M. Gagnon, un volume qui s’apparente à celui enregistré en 2009, avant l’embellie du marché, qui avait fait grimper le prix de la tonne à plus de 180$. Pour l’heure, la tonne de fer se vend à peine au-delà de 60$.

Années «extrêmement difficiles»

2015 et 2016 seront des années «extrêmement difficiles» a indiqué en entrevue, le président du conseil d’administration du Port, Avit Ouellet. «Le gros des revenus venait de Wabush (Scully) et Bloom, surtout Bloom, avance-t-il. On a encore le tonnage d’IOC, mais ils ont leurs propres installations, on ne touche que les droits portuaires».

«C’est en 2015 qu’on va avoir le reflet au complet de la baisse du tonnage et des revenus», prévient-il. En poste pour un mandat de trois ans, le retraité de la minière IOC, concède que «ce sera une période de stabilisation» et qu’avec «le climat économique qu’on a, la période d’expansion qu’on a eue, c’est terminé pour l’instant.»

Il faut rappeler que le Port y est allé de record en record depuis les dernières années en terme de dépenses en immobilisations, notamment avec la construction du tout nouveau quai multiusager, un projet ambitieux de 220 millions $. Pour la suite, «tout va dépendre de la reprise des marchés», a rajouté M. Ouellet, qui joue de prudence quant à l’avenir.

«J’ai vécu plusieurs cycles, mais la différence cette fois-ci, c’est qu’il y a une surproduction de 250-300 millions de tonnes sur le marché mondial, a-t-il poursuivi. Tant et aussi longtemps que ce ne sera pas absorbé, ça ne sera pas fort. Maintenant, ça va prendre combien de temps?», s’interroge M. Ouellet.

Le Port de Sept-Îles espère néanmoins que le coup d’envoi que prévoit donner Tata Steel Minerals Canada à son projet DSO contribuera à minimiser les pertes à court terme. Dès cet automne, la minière indienne espère faire grimper considérablement sa production jusqu’à présent plus modeste.

L’impasse entourant l’accès au quai multiusager devrait aussi se dénouer au courant de l’été avec la fin du processus légal de mise en vente des actifs de Cliffs Natural Resources, qui refuse de rendre publique une partie de son chemin de fer, la seule qui atteint la nouvelle infrastructure.


 

 (Photo : courtoisie – Port de Sept-Îles)

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