Dossier Oreilles dégourdies: Et si Sept-Îles avait son propre festival?

Par Éditions Nordiques 3 avril 2012
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L’ancien directeur général de la Salle Jean-Marc-Dion, David Laferrière, a déjà proposé, dans une lettre ouverte, que Sept-Îles mette sur pied un festival de musique. Il avait alors reçu plusieurs critiques du milieu culturel. Quelques années plus tard et maintenant rendu à Montréal, l’ancien patron n’a pas changé d’avis. Un festival serait bénéfique pour la région sur plusieurs points.

«Il manque un festival de musique à Sept-Îles», affirme sans hésitation David Laferrière au bout du fil. «Un festival, ça amène un côté festif, les gens s’approprient l’évènement. C’est une carte de visite pour les artistes, mais aussi pour le tourisme. C’est majeur.» En effet, des milliers de festivaliers se déplacent de Montréal pour découvrir Tadoussac, St-Joachim, Gaspé ou Rouyn-Noranda pour participer à leur festival.

Un avis partagé par le technicien en loisirs du Cégep de Sept-Îles et organisateur pour le cégep des Oreilles dégourdies, Pierre-Étienne Beausoleil. Il croit aussi qu’un festival aiderait à éduquer le public en musique émergente. «Oui, ça manque, un festival. Durant le Festival de la chanson de Tadoussac, Sept-Îles se vide, il y a un public pour ça. Mais il faudrait se démarquer, pas en faire un pour en faire un. Mais il y a de quoi à développer, ça c’est sûr.»

Des propos que semble confirmer Josée Roussy, directrice générale de CD Spectacle, diffuseur à Gaspé. Selon elle, le public est plus ouvert à découvrir des artistes durant le Festival Musique du Bout du Monde, qui a lieu à Gaspé en août. «Le public est plus ouvert à ce moment-là, il veut être animé. Il peut alors découvrir un artiste durant le festival, ce qui facilite à le faire revenir un an plus tard dans notre salle.»

Le cas «FME»
Depuis 10 ans, le Festival de Musique Émergente de l’Abitibi-Témiscamingue (FME pour les intimes) est devenu La Mecque de l’amateur de musique. Durant la longue fin de semaine de la fête du Travail, Rouyn-Noranda est envahi par des gens de partout en province et tous les artistes veulent y jouer. Est-ce pour autant devenu l’Eldorado de la musique?

Rosalie Chartier-Lacombe, directrice générale du Petit Théâtre, à Rouyn-Noranda, croit à l’effet positif du réputé festival. «Les gens osent plus durant un festival et lorsqu’ils font une découverte, ils veulent suivre l’artiste ensuite.» Ce qui peut donc aider à remplir la salle lorsque cet artiste revient.

Danielle Gosselin, responsable de la programmation du Cabaret de la dernière chance, mythique salle du Vieux-Rouyn, admet plusieurs retombées positives au FME, mais prévient que tout n’est pas nécessairement devenu rose dans son coin de pays. «Le FME, c’est bon pour la musique émergente en général, pour les musiciens, pour faire connaître la région, mais pour éduquer le public, plus ou moins. De plus en plus, les gens vont au festival parce que c’est un évènement. Ils osent durant le festival, mais pas durant l’année», considère Danielle.

Comme sa consoeur abitibienne, Rosalie admet que le FME n’a pas que du bon non plus, comme si la région était victime de son immense succès. «Les artistes ont maintenant tendance à attendre de voir s’ils iront au FME avant de venir par eux-mêmes.» Il ne sert donc presque à rien d’essayer de produire un artiste dans les semaines précédant et suivant le festival. Néanmoins, Danielle soutient que l’Abitibi est maintenant devenue un incontournable pour les artistes, ce qui est déjà tout un changement.

Voir aussi, dans le Dossier Oreilles dégourdies:
Dur dur de présenter des artistes émergents en région éloignée
Sept-ÎLes et Port-Cartier, deux habitudes bien différentes
Où sont les jeunes?
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Photo: David Laferrière