Uranium : Les incertitudes persistent à Sept-Îles

Par Fanny Lévesque 11 juin 2014
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Quatre années après le tollé de protestation contre le projet d’exploration de Terra Ventures, les inquiétudes des groupes qui avaient sonné l’alarme en 2009, sont encore bien présentes. De passage à Sept-Îles lundi et mardi, la Commission d’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE), qui étudie les enjeux de la filière uranifère au Québec, a été à même de questionner et entendre ceux qui étaient aux premières loges à l’époque.

Sept-Îles se souvient encore de la levée de boucliers provoquée par l’avancement du projet uranifère au lac Kachiwiss et de la menace d’une vingtaine de médecins de quitter la ville si une mine démarrait. L’opposition populaire et la sortie des médecins avaient fait le tour de la province, en décembre 2009. Quelque temps après, Terra Ventures annonçait qu’elle mettait son projet minier sur la glace, en raison des fluctuations du marché de l’uranium.

Si elle avait été au rendez-vous dans les rues en 2009, la population de Sept-Îles l’était moins lors des travaux de «préconsultations» de la commission d’enquête sur la filière uranifère, présidée par Louis-Gilles Francoeur. Rien de surprenant, selon le porte-parole de Sept-Îles sans uranium, Marc Fafard. «C’est normal, c’est un enjeu qui est un peu passé pour Sept-Îles et il n’y a aucune menace à l’heure actuelle», a-t-il fait valoir en entrevue. «Par ailleurs, la Ville a maintenu ses positions de 2009, à savoir qu’elle réclamait un moratoire.»

Peu de citoyens étaient au rendez-vous, lundi.

Peu de citoyens étaient au rendez-vous, lundi.

Encore pour un moratoire
Pour le regroupement, les demandes demeurent également les mêmes qu’il y a quelques années. «Maintenant, on demande toujours que la Loi sur les mines interdise l’exploration et l’exploitation d’uranium», soutient-il. Selon lui, la filière uranifère comporterait aussi plusieurs risques, notamment en matière de la gestion des résidus miniers radioactifs de ce type d’industrie, qui s’échelonne sur des milliers d’années. D’autres citoyens qui ont pris la parole ont aussi exprimé leurs craintes à ce sujet et comment les sites d’entreposage seront identifiés à travers le temps.

«Il y a encore beaucoup trop d’incertitude, le principe de précaution s’impose et donc, on maintient qu’un moratoire s’impose aussi», a pour sa part soulevé la docteure Isabelle Gingras, accompagnée de son collègue Bruno Imbeault, se basant sur une récente étude de l’Institut national de santé publique du Québec, qui dénote entre autres, le manque de données sur les impacts des activités uranifères sur la santé humaine et les effets sociaux et psychosociaux. «On n’a pas les réponses, c’était notre crainte et ç’a été confirmé par l’Institut national de santé publique», a-t-elle conclu.

Les travaux de préconsultations du BAPE se déplacent à Havre-Saint-Pierre, mercredi. La commission d’enquête tiendra deux autres phases de travaux pour enfin, produire un rapport qui sera remis au plus tard, le 20 mai 2015, au ministre du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques.

(Photos : Le Nord-Côtier)

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