25 avril 2024
Le gouvernement du Québec aura attendu à 48 heures de la date limite, mais elle a finalement donné la semaine dernière son appui à la candidature de l’île d’Anticosti à la liste indicative du Canada dans l’espoir qu’elle soit désignée au Patrimoine mondial par l’UNESCO.
Le gouvernement du Québec a accordé son consentement à la candidature de l’île le 25 janvier et a réitéré son appui pour la candidature du fjord du Saguenay. La veille, le maire d’Anticosti, John Pineault, le préfet de la MRC de Minganie, Luc Noël et le chef d’Ekuanitshit, Jean-Charles Piétacho, pressaient le gouvernement à se positionner lors d’un point de presse annonçant l’appui de la CSN à la démarche de Port-Menier.
«La décision de soutenir la candidature d’Anticosti ne change rien à notre engagement, soit celui de respecter le contrat signé par le gouvernement précédent», a affirmé le ministre Pierre Arcand. Ce dernier indique que le Parti québécois, alors au gouvernement, a autorisé le projet d’exploration et «signer ce contrat de manière cavalière et irresponsable en pleine campagne électorale». Selon des journalistes présents à l’Assemblée nationale, Pierre Arcand a mentionné qu’une éventuelle exploitation pétrolière d’Anticosti est incompatible avec un statut de membre du patrimoine mondial de l’UNESCO.
Pas obligatoire, mais un «incontournable»
«Ce n’était pas obligatoire (l’appui de Québec), mais c’est presque un incontournable. Ça vient donner un appui additionnel et majeur», a expliqué le porte-parole du ministère des Relations internationales et de la Francophonie, François Caouette. «En donnant cet appui, on s’engage également à répondre à tous les critères et responsabilités que ça implique» si l’île est retenue.
Selon le quotidien Le Devoir, la crainte de poursuites par les partenaires privés d’Hydrocarbures Anticosti pourrait expliquer pourquoi Québec a retardé à donner son appui. «Le gouvernement a décidé de donner son consentement à la candidature d’Anticosti donc, on peut présumer d’ores et déjà que toutes ces choses-là ont été analysées», a indiqué M. Caouette.
De son côté, Pétrolia, principal partenaire du gouvernement dans Hydrocarbures Anticosti, a brièvement commenté dans un courriel que «rien» n’empêche la «poursuite de développement des hydrocarbures sur l’île» d’ici une désignation par l’UNESCO, ce qui pourrait prendre plusieurs années. «Dans l’éventualité où les activités de développement soient restreintes dans le futur, il est clair que le gouvernement aurait certaines obligations envers les détenteurs de permis et ses partenaires relatifs à une telle décision», a commenté Pétrolia.
«Une patate chaude» pour le gouvernement
Au lendemain de l’appui de Québec, le maire d’Anticosti John Pineault était «évidemment» heureux du dénouement. Celui qui a reçu un coup de fil du premier ministre dit appuyer sa démarche dans les circonstances. «On sait très bien que la politique, c’est l’art du possible. J’appuie le premier ministre dans la façon que ça s’est fait», a affirmé M. Pineault en ajoutant que le gouvernement est «pris avec une patate chaude» en raison du contrat le liant avec Hydrocarbures Anticosti.
Les travaux d’exploration pourraient donc se poursuivre pour compléter le contrat même si la décision de Québec vient «sonner le glas de l’exploitation», selon le maire. S’il ne comprend pas pourquoi «un investisseur mettrait de l’argent là-dedans s’il n’y aura pas d’exploitation», John Pineault n’est pas nécessairement en désaccord avec la poursuite de l’exploration. «Je ne voudrais pas voir des compensations verser à Pétrolia avec l’argent des contribuables».
La municipalité d’Anticosti a notamment misé sur le «site géologique extraordinaire» et le «paysage culturel unique au monde» de l’île «qui mérite sa place aux côtés des grands jalons de notre passé» pour déposer sa candidature. Celle-ci a reçu l’appui de scientifiques d’un peu partout dans le monde et de divers acteurs politiques et écologistes, alors que 24 000 personnes ont signé une pétition en ligne. Avec Fanny Lévesque
