Une aventure qui ramène aux sources

Par Sylvain Turcotte 1:30 PM - 7 juillet 2020
Temps de lecture :

Brian Traverse, Yannick Bouchard, Patrick Hudon, Maxime Clements, David Noël et Christian Noël, à la fin de la Kakatiak, après deux heures quarante minutes de portage dans une chaleur intense… et des mouches voraces!

La Côte-Nord a son chemin de Compostelle, marqué de kilomètres de portage, de traversées de lacs et de rivières en canot, sur la route des Montagnais, la route ancestrale, longeant le lac Ashuanipi, « là où on entend l’eau ». L’accomplir relève de la collaboration de Dame Nature.

En neuf tentatives, Brian Traverse a réussi six fois, le dernier « check » tout récemment après les réussites de 2008, 2010, 2012, 2014 et 2017.

Cette aventure, c’est une tout autre réalité. « On décroche de la technologie d’aujourd’hui. C’est un chemin de Compostelle qui nous ramène aux sources. On sort de là plus zen », avance le Septilien, qui était accompagné cette fois de Yannick Bouchard et Christian Noël, qui ont réussi l’exploit en 2017, ainsi que de David Noël, Patrick Hudon et Maxime Clements.

Accomplir cette route des Montagnais, ses quelque 350 kilomètres, 50 en portage, 100 en rivières et 200 en lacs, s’est fait avec les nombreuses épreuves lancées par Dame Nature, notamment du vent de face, des températures très froides (-10 degrés Celsius), de la neige, de la bouette dans les sentiers de portage, des arbres matures tombés dans les sentiers, de la grosse chaleur accablante et de l’eau gelée le matin.

« Malgré toutes ces épreuves, on va se souvenir de ce périple pour le reste de nos jours », rapporte Brian Traverse, qui dit avoir perdu 16 livres au cours de cette aventure de 12 jours pour 2020. C’est une réussite physique, mais aussi mentale. « Sur 24 heures, on travaille 18 heures. On mange constamment. D’autres n’ont pas perdu de poids, mais ils ont transformé la matière en muscles. »

Mini Pakatan

Parfois, Dame Nature s’en mêle davantage et il n’est pas possible pour les aventuriers d’y aller d’un bout à l’autre. Les vents, la glace, les lacs callés, le temps et bien d’autres facteurs les forcent à se limiter au mini Pakatan, ramenés en train plus près, vers la rivière Nipissis. « C’est moins valorisant, mais le paysage est d’une beauté incroyable. C’est fou comment on se sent petit en regardant les caps de roches », conclut Brian Traverse.

Il remercie la collaboration des ancêtres de les avoir laissé passer sur leur territoire et souligne que plusieurs Innus font la route afin de faire également un retour aux sources.

À bord des canots rattachés ensemble, sur le lac Caopacho, lors du jour 5 de leur expédition.

Partager cet article