Un guide du navettage aéroporté

Par Laurence Dupin 1:17 PM - 2 novembre 2020
Temps de lecture :

En 2019, une étude avait été réalisée afin de comprendre les impacts du navettage aéroporté (fly-in fly-out) sur les femmes et les communautés de la Côte-Nord. Aujourd’hui le Regroupement des femmes de la Côte-Nord et ses partenaires sortent un guide d’accompagnement intitulé Cohabiter avec le navettage aéroporté.

Le navettage consiste à transporter temporairement les travailleurs par avion jusqu’aux sites miniers très éloignés des zones urbaines, comme Fermont, au lieu de les relocaliser de façon permanente. Les employés alternent des semaines de travail sur site et des périodes de repos chez eux. Les horaires sont, la plupart du temps, sept jours de travail pour sept jours de congé ou 14-14, 21-21 ou 21-7. Le transport peut se faire en avion, en bateau ou en voiture. C’est l’employeur qui assume en général les coûts du transport, de l’hébergement et des repas.

Le guide qui vient de sortir est un outil d’aide à la décision et à l’action destiné aux collectivités et aux entreprises de la Côte-Nord. Cohabiter avec le navettage aéroporté recense les bonnes pratiques, 32 au total, pour « favoriser l’occupation et la vitalité des territoires, de même que le bien-être des individus et des communautés ».

« Le guide devait sortir le 20 mars », précise Sylvie Ostigny, directrice du Regroupement des femmes de la Côte-Nord. « En raison de la pandémie, nous avons dû le mettre sur la glace. Mais il est intéressant de le sortir maintenant, notamment avec l’expansion au Lac Bloom. Ils ne se sont pas arrêtés pendant la pandémie », confie-t-elle. Cohabiter avec le navettage aéroporté incite au dialogue et à la concertation entre les différents acteurs. « De manière unanime, les intervenants impliqués dans la conception du guide observent qu’en premier lieu, un effort essentiel doit être systématiquement posé pour favoriser toutes les alternatives possibles à ce mode d’organisation du travail et privilégier d’autres approches plus structurantes. »

Ce guide est d’ailleurs le résultat d’une collaboration entre ces différents acteurs comme Minerai de fer Québec, le Syndicat des métallos, le Centre intégré de santé et des services sociaux, des ministères, le milieu municipal, le milieu communautaire, etc. Le guide propose par exemple de « mettre en place des outils souples et adaptatifs en matière de planification et d’aménagement du territoire » ou encore de « protéger la population locale des fluctuations soudaines des coûts de logement ou d’accès aux biens et services ».

Réactions

« Les entreprises et les communautés devraient toujours travailler de concert pour éviter ou limiter le recours au fly-in/fly-out. Néanmoins, c’est un phénomène avec lequel il faut parfois composer à court terme, par exemple pour répondre à des besoins accrus de main-d’œuvre temporaire. Il faut travailler à changer cette donne de manière durable. Entretemps, le fait de mener une réflexion de bonne foi avec toutes les catégories d’acteurs impliqués sur les conditions auxquelles le navettage peut être le moins dommageable possible, c’est en soi un pas dans la bonne direction », précise le maire de Sept-Îles, Réjean Porlier.

Pour Nicolas Lapierre, du Syndicat des Métallos : « En ce moment, on observe encore beaucoup d’aberrations. Il est souvent plus facile pour une travailleuse ou un travailleur basé à Montréal ou à Québec de se faire recruter pour un poste en fly-in/fly-out à Fermont que pour une personne aussi compétente qui habite à Baie-Comeau. On ne peut sans doute pas toujours trouver, pour certaines phases qui sont très intenses en main-d’œuvre, toutes les ressources dans le périmètre immédiat d’un projet donné. Par contre, si on fait preuve de créativité pour favoriser les travailleurs qui vivent au cœur de communautés voisines ou plus proches, on contribue au moins à limiter le bilan des pertes et des impacts négatifs à l’échelle de la région. »

Le guide est consultable ici.

Partager cet article