Un esprit de partage renouvelé au rassemblement des aînés

Par Éditions Nordiques 10:45 AM - 10 septembre 2019
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Plusieurs centaines de campements traditionnels innus sont érigés sur le site de ce rassemblement des aînés.

La communauté de Uashat mak Mani-utenam a été l’hôte de la 25e édition du rassemblement des aînés du 31 août au 7 septembre. Les participants provenaient de neuf communautés innues et de la nation Naskapi. Une participation record puisque plus de 400 personnes ont répondu à l’invitation. Une situation attribuable au fait que les organisateurs ont abaissé l’âge des aînés à 60 ans plutôt que 65.

Éric Martin

Le comité organisateur s’est affairé pendant un peu plus d’un an à l’organisation de cet événement d’envergure.

« Quand on a su que ça se passerait dans notre communauté. On s’est rapidement réuni et on est allé voir le conseil de bande pour lui faire part de nos besoins. Ils n’ont pas hésité à y répondre convenablement. On en avait déjà une bonne idée en tête », a soutenu son coordonnateur Denis Vachon.

Le choix du site, situé en forêt sur la route 138 à proximité du pont de la rivière Moisie, n’a rien d’anodin.

« Des événements se sont déjà déroulés sur ce site, dont un rassemblement des aînés qui avait été jumelé à celui des jeunes. Ça représentait alors une trop grande logistique », avance-t-il. « Ce sont aujourd’hui deux événements distincts et c’est beaucoup mieux ainsi. »

Une thématique importante

En plus des quelques 400 aînés, on retrouvait également plus d’une centaine de personnes qui agissaient à titre d’aide de camp. Cependant, l’essentiel a tourné autour des aînés. Ce sont eux que l’organisation cherchait à rejoindre avant tout.

« On leur donne une tribune exclusive. Des ateliers leurs ont été adressés autour de la langue innue, des pratiques traditionnelles et surtout du fléau de la drogue dans les communautés », précise M. Vachon. « Ils en font l’une de leur plus grande préoccupation. »

Conscient qu’il y aura toujours de la drogue dans les communautés, le coordonnateur du rassemblement demeure convaincu qu’il faut sérieusement s’y attaquer. « Si on peut en limiter la vente, ce sera une grande réussite. Les aînés en ont profité pour faire part de leur état d’âme et de leur impuissance. Pour eux, le fait d’en parler est en soi une très grande délivrance. Ils ont choisi ce sujet car ils en sont témoins tous les jours », affirme-t-il.

Selon Denis Vachon, ce fléau découle d’émotions refoulées. « Il faut s’intéresser aux symptômes. Ça découle de blessures. Si on n’y travaille pas, ça ne fait qu’engendrer des comportements nuisibles », soulève ce travailleur social. « Il va de soi que les pensionnats (autochtones) ont créé une coupure drastique dans la transmission des connaissances traditionnelles. Le gouvernement et l’état en sont les grands responsables. »

Quoi qu’il en soit, un bilan positif est tracé de cet événement qui représente une opportunité pour ces aînés d’échanger entre eux et de transmettre leur savoir-faire. En fait, c’est ce qui en constitue son essence première, sa raison d’être, croit fermement M. Vachon, qui se dit très fier du travail accompli et de la participation des aînés. Il entrevoit beaucoup d’espoir à l’égard de ce rassemblement qui se déroulera l’an prochain dans une autre communauté.

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