Trois plaques et un drapeau pour commémorer l’ancienne Ville de Gagnon

Par Éditions Nordiques 27 juillet 2016
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Sylvie Devost (au centre) tient le drapeau illustrant les armoiries de l’ancienne Ville de Gagnon entouré de bénévoles.

Un drapeau et trois plaques commémoratives sont maintenant bien en vue de la route 389 à l’endroit où se trouvait l’ancienne ville minière de Gagnon. Une dizaine de bénévoles se sont déplacés sur les lieux, cette fin de semaine, pour installer les plaques et hisser le drapeau au mat, près de l’endroit où se trouvait auparavant l’Hôtel Barbel.

L’une des trois plaques avait été inaugurée l’été dernier lors du rassemblement des anciens de Gagnon marquant les 30 ans de la destruction de la ville. Cet événement avait attiré plus de 700 personnes à l’aréna Conrad-Parent de Sept-Îles.

Ancienne résidente de Gagnon et membre du comité organisateur du rassemblement de l’an dernier, Sylvie Devost est bien fière qu’il y ait maintenant de quoi rappelant qu’une ville a déjà existé aux abords du lac Barbel. Elle travaille depuis cinq ans à mettre en valeur l’existence de Gagnon, essayant en vain de trouver un appui financier. Mme Devost a finalement décidé d’aller de l’avant avec ses propres moyens.

«Je me suis tannée et j’ai décidé de payer»

«J’ai tout payé moi-même. Moi, ça ne me dérange pas! Je n’en revenais pas qu’il n’y avait rien pour commémorer la ville. Je me suis tannée et j’ai décidé de payer», a-t-elle lancé en entrevue, la semaine dernière, avant de se rendre sur les lieux avec les bénévoles pour installer les plaques. «Je vais remettre Gagnon un peu sur la map. Les gens passent et ils ne savent pas qu’il y avait une ville là», mentionne Sylvie Devost.

La MRC de Caniapiscau a néanmoins «recommandé fortement» à Mme Devost qu’elle soumette toutes ses factures. Le directeur général de la MRC, Jimmy Morneau, affirme que son projet sera présenté aux élus dans le cadre d’un programme de dynamisme communautaire ce qui pourrait lui permettre d’être remboursé, «étant donné qu’elle remplit tous les critères du programme». «C’est quand même une ville d’importance qui est disparue. On veut mettre notre territoire en valeur», a mentionné M. Morneau.

«La communauté de Gagnon fut dispersée. Aujourd’hui, la Ville de Gagnon n’existe plus. Mais ce qui n’a pas été détruit, ce sont les liens qui unissaient les habitants les uns les autres et la voix d’un peuple ayant pris racine dans le Nord québécois», mentionne l’une des plaques installées samedi.

Nettoyage du cimetière

Les bénévoles se sont rassemblés samedi pour une corvée de nettoyage au cimetière. Ils ont désherbé les lieux, réparé la croix et repeint les lettres des pierres tombales. Le groupe a ensuite installé les plaques et le mat, avant de hisser le drapeau, non sans avoir été surpris par une série d’orages. Le lendemain, certains en ont profité pour aller pêcher, alors qu’un bénévole a filmé l’emplacement de la ville à l’aide d’un drone.

Faire son deuil

C’est la première fois que Sylvie Devost revenait sur les lieux de l’ancienne ville de Gagnon depuis qu’elle l’a quitté. «Moi, je m’en vais faire mon deuil. Je ne l’ai pas encore fait. Quand je suis partie, il y avait encore des maisons debout», affirme-t-elle. Son père, Jules Devost, est l’un des pionniers de la ville qui s’est impliqué dans les activités sportives. Arrivé en 1959 comme cuisinier, il est devenu opérateur de machinerie lourde à la mine après que quelqu’un lui a demandé s’il était capable conduire ces engins. «Il était capable et ils l’ont gardé», raconte Mme Devost en riant. Le prochain rassemblement des anciens de Gagnon aura lieu à Rimouski en 2020 pour commémorer les 35 ans de la disparition de la ville. Déjà un minicomité s’est formé pour organiser l’événement.

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