Rivière-Brochu : à 100 ans, il vit chez lui 100% autonome

Par Jean-Christophe Beaulieu 30 août 2018
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Le centenaire Clément Maltais.

À 100 ans, Clément Maltais vit paisiblement dans la maison qu’il a construite à Rivière-Brochu. Il cuisine lui-même ses repas et il est complètement autonome. Les médecins sont d’ailleurs surpris de voir à quel point il est en forme. Récit d’un homme et d’une époque.

En arrivant près de la maison de M. Maltais aux abords de la route 138, on peut le voir assis tranquillement à la table de la cuisine avec son jeu de cartes. Affichant un grand sourire, il affirme d’entrée de jeu ne pas avoir de secret pour expliquer sa grande forme.

«C’est de rester ici, tout simplement, bien tranquille chez moi. Avoir ma famille près de moi, ça me rend heureux, c’est peut-être ça le secret».

Il suit chaque jour une routine bien précise. Après s’être préparé un déjeuner, il va faire sa petite tournée sur son terrain. Par temps ensoleillé, il s’installe sous son gazebo avec sa petite radio.

«Le reste du temps, je joue aux cartes. Patience, 500, j’adore ça.»

Né aux Escoumins en 1918, Clément Maltais est parti à 18 ans s’installer à Portneuf-sur-Mer près de Forestville. Il travaillait pour la «Console», explique-t-il, référant à la Consolidated Bathurst. Bûcheron l’hiver, il chargeait les bateaux de la compagnie avec le bois une fois l’été arrivé. Ses journées de 10 heures lui permettaient alors d’empocher 1$ par jour, tout juste assez pour vivre.

«Mais quand les bateaux partaient à la fin juillet, ça devenait très tranquille au village et on ne savait plus quoi faire. C’est pourquoi en août 1940, j’ai décidé de m’enrôler dans l’armée.»

Il est parti vers Québec, mais ses ambitions militaires ont toutefois été de courtes durées.

«Je voulais combattre en Europe, sur le terrain, mais eux voulaient m’envoyer à la base de Valcartier. Pas question! Je suis revenu chez nous», raconte-t-il, l’air moqueur.

Le rythme d’antan

La vie a beaucoup changé en un siècle, constate M. Maltais. Le travail, la famille et les loisirs ont évolué.

«La religion menait nos vies à l’époque. Il ne fallait surtout pas «empêcher la famille», nous sermonnait M. le curé. Il fallait être actif! Je me rappelle qu’un jour, j’avais dû demander une permission spéciale au curé pour aller visiter mon père qui se mourrait. C’était un dimanche, le jour du Seigneur, et je n’aurais pas pu emprunter le chemin comme bon me semble.»

Le troc, omniprésent dans les villages, amenait les gens à travailler dur. Avec deux cordes de bois par exemple, il était possible d’obtenir un sac de farine du marchand général.

«C’est le jour et la nuit si je compare. À l’époque, on survivait en vivant au rythme des saisons et des cultures, on travaillait très fort. C’était plus dur, on n’avait pas tellement de légumes l’hiver, mais la vie semblait beaucoup plus simple», confie-t-il, s’estimant chanceux de pouvoir vivre plus facilement aujourd’hui.

Il raconte comment, au siècle dernier, une simple opération pour appendicite pouvait se transformer en véritable expédition.

«Je suis parti le 8 décembre des Escoumins avec cinq dollars en poche et je ne suis revenu qu’un mois plus tard de Québec!».

Après l’opération, n’ayant plus un sou, il dut embarquer avec le postillon. Dans un traîneau tiré par des chevaux, ce dernier transportait tout le courrier destiné à la Côte-Nord.

«J’ai pu le payer avec une boîte de sandwichs qu’on m’avait remis avant de partir de l’hôpital», raconte-t-il.

137 descendants

Avec la télévision, internet et tous les divertissements rendus disponibles par la technologie, ce sont les veillées d’antan qui lui manque le plus.

«C’était des belles soirées. On se réunissait dans les maisons pour danser au son des accordéons, violons et musique à bouche», se remémore-t-il.

Clément Maltais en compagnie de sa fille Thérèse Maltais. (Photo : Le Nord-Côtier)

Avec 137 descendants, l’arrière-arrière-grand-père apprécie par-dessus tout voir sa famille réunie.

«Mes enfants et mes petits-enfants, il n’y a rien qui va m’enlever ça, c’est toute ma vie. Quand il y en a un qui prend la route, je m’inquiète et j’en fais une maladie. Une vraie mère poule!», blague-t-il. «Ce que je dirais à vos lecteurs, avec bientôt 100 ans de vécu, c’est de profiter de votre temps en famille. C’est sacré. Restez unis surtout, c’est ça la clé», assure M. Maltais, tout sourire.

 

 

 

 

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