Retraités de Cliffs : leurs chèques de pension sauvés

Par Emy-Jane Déry 17 mai 2018
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Les retraités de Cliffs à Sept-Îles, lors d’une rencontre d’information en 2016.

Des retraités qui s’étaient fait couper près du quart de leur chèque de pension après la faillite de la minière Cliffs récupèreront finalement 60% du manque à gagner de leur régime de retraite après des années de combats.

Dolorès Chevarie a 85 ans. Elle s’occupe à la maison de son mari Jean Chiasson qui souffre d’un cancer. Il a travaillé pendant 29 ans pour la minière Cliffs qui exploitait une usine de bouletage à Sept-Îles et la mine Scully au Labrador.

En 2016, le couple est tombé en situation financière précaire lorsque son chèque de pension a été amputé de 21%, comme les 700 autres Septiliens retraités de la minière. Ils ont aussi perdu leur régime d’assurance. Ils étaient dans une situation d’insécurité qui leur causait énormément de stress. Si elle aussi devait tomber malade, le couple n’avait même pas les moyens d’aller dans une résidence pour aînés avec des services fournis.

«On ne pouvait pas se permettre ça. Avec ce qu’on apprend aujourd’hui, nous serons plus en sécurité», a soufflé Dolorès Chevarie en entrevue avec le Journal.

«On ne savait pas ce qui pouvait se passer vraiment. Est-ce qu’on pouvait tout perdre. Même si nous ne recevions pas un si gros montant, pouvions-nous le perdre lui aussi», a-t-elle dit.

Jeudi, le Syndicat des Métallos a annoncé une entente avec Cliffs et Chemin de fer Arnaud. Les retraités et anciens travailleurs récupéreront un total de 18M$ sur les 28M$ manquants au régime de retraite. Ils se partageront aussi une somme estimée à 10,9M$ à titre de compensation pour la perte de leur régime d’assurance.

«Mon conjoint, naturellement, est moins en forme qu’avant. Ça prend beaucoup de médicaments, beaucoup de choses. Vraiment ça va nous aider», s’est-elle réjouie.

Un combat

Un comité de retraités s’était formé pour revendiquer les sommes dues. Pour sa part, le Syndicat des Métallos avait entrepris plusieurs recours judiciaires, notamment pour faire valoir les retraités comme des créanciers prioritaires. Parmi les démarches, on compte un recours collectif au nom des retraités et travailleurs contre la maison mère de Cliffs aux États-Unis.

L’entente survenue doit être acceptée en juin par les créanciers et approuvée par la cour.

Bien qu’il soit heureux de cette finalité pour les travailleurs de Cliffs, le Syndicat continuera de réclamer au gouvernement une modification à la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies et à la Loi sur les faillites et l’insolvabilité pour que les retraités soient priorisés.

«Pour chaque personne de Cliffs qui peut s’en sortir avec un peu moins de dommages cette année, il y a derrière plusieurs anciens de Sears qui sortiront bredouille», a indiqué Nicolas Lapierre, coordonnateur des Métallos.

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