Rencontre des chefs à Québec: «Ouverture» à la nomination d’un expert autochtone

Par Fanny Lévesque 24 novembre 2015
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Les chefs des Premières Nations ont bonne «confiance» que Québec donnera mercredi suite à leur doléance, en acceptant de nommer un expert autochtone au sein de l’enquête menée par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) sur les cas allégués d’abus de femmes autochtones de la région de Val-d’Or par des policiers de la Sûreté du Québec.

Lundi, une quinzaine de chefs de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), dont Mike McKenzie de Uashat mak Mani-Utenam, ont convergé vers la Vieille Capitale pour rencontrer le ministre responsable des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, et le ministre de la Sécurité publique par intérim, Pierre Moreau. L’entretien découlait de la rencontre du 4 novembre avec Philippe Couillard.

«Nous avons eu une bonne écoute», a affirmé le chef de l’APNQL, Ghislain Picard, au sortir de la réunion, qui aura duré plus de quatre heures. La nomination d’un expert autochtone au sein de l’enquête sur les cas allégués de Val-d’Or a le plus occupé la discussion, selon le chef Mike McKenzie. «Ils se sont montrés très ouverts à notre doléance», a-t-il commenté.

Le son de cloche est semblable chez le chef Picard. «On va se reparler mercredi pour voir si, effectivement c’est le cas, s’ils sont ouverts à cela, il s’agira de déterminer comment ça va prendre forme». L’option priorisée serait de nommer un enquêteur actif issu d’un corps de police autochtone. «Ou même par exemple, un policier autochtone d’expérience à la retraite», avance Mike McKenzie.

Québec a déjà nommé une observatrice indépendante dans le contexte de l’enquête pilotée par le SPVM, mais les chefs réclament plus pour les rassurer de l’indépendance.

«C’est dans un souci de transparence, de confiance et aussi pour faire en sorte que le processus d’enquête ait la crédibilité voulue auprès de nos membres, c’est important» – Ghislain Picard.

Plus pour les services autochtones

Mike McKenzie a aussi profité de la rencontre pour rappeler l’importance de rétablir le financement des services policiers autochtones. La Sécurité publique de Uashat mak Mani-Utenam (SPUM) mène ses activités avec un budget de 1,6 million de dollars, un montant inchangé depuis les dernières années. «Nous avons amené nos pistes de solution, comme un projet de régionalisation», a-t-il indiqué.

Le service de Uashat pourrait ainsi chapeauter les postes des communautés innues de la Côte-Nord, notamment vers l’est, où ils sont pour la plupart desservis par la Sûreté du Québec. «Ça coûte bien plus cher se faire desservir par la SQ que d’avoir des corps de police autochtone». Le chef McKenzie a aussi réitéré sa demande de créer une escouade mixte (SPUM, SQ et GRC) pour éradiquer le fléau de la drogue.

Selon Mike McKenzie, il n’a pas été directement question de l’enquête publique du Bureau du coroner sur la mort de Nadeige Guanish, qui s’est enlevé la vie le 31 octobre, et sur la vague de suicides à Uashat mak Mani-Utenam, lors de la rencontre.

Le chef, qui avait interpellé Justin Trudeau, fonde des espoirs sur l’Assemblée des Premières Nations, qui doit se tenir du 8 au 10 décembre à Ottawa, pour sensibiliser le «fédéral» à sa cause.


 

 (Photo : Le Nord-Côtier)

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