Quai multiusager: Pomerleau réclame 68,3 millions $ au Port de Sept-Îles

Par Fanny Lévesque 22 juillet 2015
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Pomerleau réclame pas moins de 68,3 millions $ au Port de Sept-Îles pour des frais supplémentaires liés à la construction du nouveau quai multiusager.

L’entreprise entame des procédures judiciaires contre l’Administration portuaire de Sept-Îles (APSI) et le Procureur général du Canada afin d’être indemnisée pour l’exécution du contrat évalué à 96,7 millions $, octroyé en 2012.

Dans la requête déposée en Cour supérieure le 16 juillet, l’entreprise affirme avoir dû «faire face à des conditions de sols et de roc comportant un écart important» entre les renseignements communiqués par le Port et «celles rencontrées», ce qui aurait eu pour effet de «dénaturer totalement» le contrat initial «engendrant ainsi une explosion de coûts supplémentaires, des pertes et dommages».

L’état du roc et du sol différait à ce point des informations détenues que tous les autres travaux auraient été impactés, selon l’entreprise de St-Georges de Beauce, entraînant des retards sur l’échéancier. L’installation d’une jetée temporaire pour construire la première portion du quai d’approche tel que prévu n’a pas non plus été faisable en raison des sols.

«Les inconvénients reliés à l’impossibilité de construire la jetée sont directement en lien avec la négligence de l’APSI qui n’a pas effectué de forages aux endroits où la jetée temporaire était prévue et a induit les soumissionnaires, dont Pomerleau, en erreur», peut-on lire dans la requête.

Pomerleau explique avoir eu ainsi recours à de nouvelles méthodes de construction en aménageant un pont temporaire. Des changements «beaucoup plus onéreux et plus long» qui auraient «complètement perturbé la séquence et l’efficacité des travaux». Les coûts supplémentaires uniquement en lien avec la jetée atteindraient 14,7 millions $, selon l’entreprise.

«Le droit d’être dédommagée»

Tous les frais supplémentaires et dommages découlant des conditions du sol et du roc seraient de «l’entière responsabilité» du Port, selon Pomerleau. L’entreprise affirme que le contrat conclu lui donne le droit d’être dédommagée dans le cas d’une situation semblable. Par ailleurs, les instructions données aux soumissionnaires n’impliquaient pas l’examen des sols, ajoute-t-elle.

L’entreprise aurait soulevé «un doute sérieux et important à l’égard des conditions de rocs annoncées» en décembre 2012. Au début des travaux au printemps 2013, Pomerleau dit avoir «constaté immédiatement» que le roc était «manifestement» plus résistant et que cela aura un impact «significatif» sur les coûts du projet.

Devant «l’inaction» du Port, l’entreprise dit avoir commandé sa propre étude géotechnique, qui a confirmé que l’état du roc «diffère d’une façon importante».

La requête fait aussi état d’une mise en demeure envoyée par Pomerleau au Port de Sept-Îles en octobre 2014 afin de toucher la somme réclamée en justice. Toujours en octobre, l’entreprise avait levé une hypothèque légale au montant d’une créance de 86,4 millions $ en raison de l’absence d’une entente de paiement, avait à l’époque indiqué l’entrepreneur. Dans un communiqué de presse, le Port avait pour sa part contesté «vigoureusement» les frais supplémentaires réclamés.

«On regrette de ne pas avoir été capable de convenir avec le Port d’un règlement à la satisfaction des deux parties, maintenant on rendu où on est rendu, et c’est entre les mains des tribunaux», a indiqué le porte-parole de l’entreprise, Alain Bergeron, sans vouloir commenter davantage. Le Port a réagi mercredi par voie de communiqué.

Pomerleau a été l’entrepreneur principal du chantier maritime, le plus important au Canada en 2014. Cinq sociétés minières ont payé la moitié de la facture du projet évalué à 220 millions $, tandis que le Port de Sept-Îles et Ottawa ont, à parts égales, complété le montage financier.


(Photo: Courtoisie)

 

 

 

 

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