Plus de 700 personnes se rappelleront de Gagnon

Par Éditions Nordiques 23 juillet 2015
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Du 24 au 26 juillet prochain, plus de 700 personnes convergeront vers Sept-Îles dans le cadre d’un grand rassemblement des anciens résidents de la défunte ville de Gagnon et marquer les 30 ans de sa fermeture. Réunis à l’aréna Conrad-Parent, ils se remémoreront les souvenirs de leur passage dans cette ville minière construite en un temps record et fermée brutalement en 1985.

Ce succès de participation réjouit l’une des membres du comité organisateur, Yvette Plourde. «Je suis bien contente si on regarde la situation économique dans la région. Et on est loin, ce n’est pas évident pour tout le monde de venir ici à Sept-Îles», a-t-elle affirmé.

C’est un défi de réunir à un même endroit des anciens habitants de la Ville de Gagnon, puisque ceux-ci ont déménagé un peu partout au Québec après sa fermeture. Selon Mme Plourde, un ancien enseignant habite même aujourd’hui à Vancouver, un ancien garde-chasse le Yukon et un autre ancien résident, la Caroline du Sud! «Sur la Côte-Nord, il y a au moins 800 personnes qui ont déjà été à Gagnon», mentionne Mme Plourde.

Le premier rassemblement a eu lieu à Matane en 1987, deux ans après la fermeture de la ville minière. D’autres rassemblements ont ensuite eu lieu à différents endroits, le dernier majeur étant celui de 2005 à Saint-Romuald pour souligner les 20 ans de la fermeture de la ville.

C’est la première fois qu’un rassemblement d’envergure a lieu sur la Côte-Nord.

«On a décidé de fermer la boucle en revenant ici. Les gens venaient à Sept-Îles pour prendre l’avion. La Côte-Nord a toujours été importante dans l’histoire de la ville», a expliqué Yvette Plourde.

Image de l'ancienne ville de Gagnon. (Photo: Courtoisie)

Image de l’ancienne ville de Gagnon. (Photo: Courtoisie)

Et ce pourrait bien être le dernier rassemblement d’envergure, le quart des participants au rassemblement ayant dans les 70 et 80 ans. Si quelques jeunes seront présents, les gens de 30 ans et 40 ans n’ont pas vraiment de souvenirs de leur vécu à Gagnon, le sentiment d’appartenance est donc moins grand, explique Mme Plourde.

De plus petits rassemblements continueront cependant à se faire un peu partout en province. Par exemple, Yvette Plourde organise chaque mois d’octobre un tournoi de quilles chez elle à Montréal, qui réunit une quarantaine d’anciens de Gagnon.

Les festivités débuteront le vendredi 24 juillet avec un cocktail de bienvenue. L’activité la plus attendue est le souper et la soirée dansante du samedi. D’autres activités sont prévues, dont une visite de l’exposition Au-delà d’un rêve à Port-Cartier.

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Bruno Cormier se sent privilégié d’avoir vécu à Gagnon

Bruno Cormier

Bruno Cormier (Photo: Courtoisie)

 «Troisième ou quatrième» enfant né à Gagnon le 24 avril 1960, on peut le considérer comme étant le «premier bébé» de la ville, puisque les autres sont partis en bas âge. Bruno Cormier, lui, y a vécu jusqu’à la fermeture de la ville en 1985, travaillant dès l’âge de 18 ans à la mine du lac Jeannine.

Bruno Cormier est vraiment né au tout début de l’histoire de la Ville de Gagnon.

«Lorsque je suis né, l’hôpital n’était pas encore construit. J’ai été baptisé au milieu du salon parce que l’église n’était pas encore finie d’être construite», a-t-il raconté en entrevue au Journal.

Si M. Cormier ne pourra être présent à Sept-Îles au rassemblement, il a accepté avec plaisir de raconter plusieurs anecdotes sur sa vie à Gagnon, de sa naissance à l’âge adulte, notamment «chienville», où les jeunes se rendaient pour aller voir les chiens de traîneau d’un résidant de l’époque.

«Je me sens comme étant privilégié d’avoir vécu à Gagnon. Oui, on se faisait manger par les mouches! Mais on avait la sécurité, la tranquillité et tout un territoire à découvrir à pêcher et à chasser. Je plains des jeunes qui ont grandi dans le béton», a mentionné Bruno Cormier.

Construits avec des gens de partout au Québec, les habitants de la ville éphémère ont «développé leur propre accent», affirme-t-il. Et aujourd’hui, «partout où je vais, je risque de rencontrer des gens que je connais!»

Fire Lake : de travers dans la gorge

Bruno Cormier et d’autres anciens résidents de Gagnon se sentent un peu amers de voir la mine de Fire Lake produire à pleine capacité, même au prix actuel du fer. Après la fin de la vie utile de la mine du lac Jeannine au début des années 1980, c’est vers ce nouveau gisement que les travailleurs ont été affectés.

«Ça nous reste un peu de travers dans la gorge. C’est la raison principale qu’ils (la société d’État Sidbec-Normines) nous ont donnée pour fermer la ville. C’était que Fire Lake n’était pas rentable», a expliqué M. Cormier.

L'Auberge du Lac (Photo: Courtoisie)

L’Auberge du Lac (Photo: Courtoisie)

Selon lui, il s’agissait d’une décision politique de fermer la ville. «On avait fait préparer un plan de diversification économique par l’Université Laval, mais il a été rejeté du revers de la main. À la fermeture de la ville, les gens sont partis de là en pleurant. Gagnon, c’était tissé serré dès le départ», a raconté Bruno Cormier.

Le plus beau souvenir de M. Cormier? «Les amitiés que j’ai connues-là qui sont encore vivantes aujourd’hui». Et qu’est-ce qui est le plus marquant quand on revient sur les lieux aujourd’hui? «Le silence quand on est sur la grosse roche face au lac Barbel».


 

 (Photos: Courtoisie)

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