Passe migratoire: Les travaux sont presque complétés sur la rivière Moisie

Par Éditions Nordiques 17 septembre 2013
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Les travaux de protection de la passe migratoire, située à 145 km de l’embouchure de la rivière Moisie, vont bon train. Ils seront complétés d’ici le 20 septembre, si la pluie ne se manifeste pas trop. Le coordonnateur des travaux et ancien président de l’Association de protection de la rivière Moisie (APRM), Daniel Girard veille au grain et envisage déjà la phase 4, prévue pour l’été 2014.

En mai dernier, 400 000 dollars avaient été octroyés à l’association. Cet argent provenait du fonds de 10 millions $ qu’Hydro-Québec avait accordés aux habitats des rivières à saumon de la Côte-Nord, suite à la construction du barrage de la rivière Romaine. Le projet a été présenté à la Fédération québécoise pour le saumon de l’Atlantique en octobre dernier et c’est d’ailleurs eux, qui sont les gestionnaires du budget. Bien sûr, l’APRM a dû au préalable obtenir les autorisations environnementales et celles du ministère des Ressources naturelles afin de faire les modifications.

Justement, ces dernières consistent en l’ajout de plaques galvanisées à la dizaine de murets de béton existants. Ces gaines de métal empêcheront, lors de la crue des eaux le printemps prochain, les roches de se transformer en «arme de destruction massive» pour les murets. «L’eau monte aux alentours de 2000 m³/s et passe par-dessus le barrage. Elle fait de la turbulence et les roches qui sont dans le fond des dalles, se promènent et tournent comme des têtes d’épingle. Les roches frappent, brisent et font tomber les murets. À cette période-ci de l’année, l’eau est à 200 m³s», explique passionnément M. Girard.

Afin de solidifier le tout, du ciment a été rajouté sur les parois des murets pour bien se coller aux plaques galvanisées. Ces dernières ont été soudées sur place et peinturées avec une peinture antirouille, garantie par Hydro-Québec. «Ce système de protection devrait garantir cet ouvrage pour des dizaines d’années», indique-t-il.

Coûts de transport élevés
C’est un travail colossal qui nécessite un transport par hélicoptère des différents matériaux nécessaires. Environ 25% du budget sert aux coûts de transport. «Chaque élingue (gros cordage qui sert à soulever des objets), qui transporte 1400 livres de matériaux, coûte approximativement 2000$ pour un voyage. C’est vraiment quelque chose de compliqué, ça ne serait pas de l’ordre de 400 000$, si on avait des travaux semblables à faire au centre-ville de Sept-Îles», illustre M. Girard.

Ce sont les services de trois entreprises de la région qui ont été retenus. Devico a obtenu par soumission, la gérance du chantier. Ceux-ci ont embauché en sous-traitance Soudotechnic et Héli-Excel. D’ailleurs, les matériaux sont stockés à l’ancien barrage hydroélectrique SM-3. «C’est moins loin en hélicoptère et au niveau technique, c’est plus facile pour l’entrepreneur. Il peut utiliser ses camions pour le transport entre Sept-Îles et SM-3, au lieu d’attendre le train qui passe seulement une fois par semaine.»

C’est un projet qui s’est échelonné en différentes étapes au cours des derniers mois. Les calculs de matériaux et autres se sont faits au début du mois de mai. L’agrandissement du camp Katchapaun a été réalisé lors des deuxième et troisième semaines de juin. Jusqu’à six personnes peuvent maintenant y héberger de façon permanente. Cette construction a coûté 50 000$. Les travaux ont été débutés en août, où quatre employés de Devico ont travaillé durant deux semaines.

Tout ça pour quoi?
Ces travaux vont permettre à la rivière Moisie d’augmenter d’environ 30% sa superficie au niveau des habitats pour la reproduction du saumon, et ce, sur toute son étendue. «Ça fait en sorte qu’il y a une augmentation de la capacité de reproduction de la rivière et par le fait même, une augmentation des montaisons du saumon», précise M. Girard.

Ce dernier n’est pas en mesure d’évaluer s’il y a une augmentation réelle du poisson dans la passe migratoire parce que celle-ci pose un autre problème qui sera réglé, avec les travaux de la phase 4. À un niveau très bas, il très difficile de faire monter la rivière, à cause de la porte en amont qui est à 0,6 mètre du sol. L’APRM est actuellement en train de voir avec une firme d’ingénieur pour faire des travaux correctifs, qui abaisseraient cette porte à 0,1 ou 0,2 mètre du sol.

À l’inverse, lorsque le niveau d’eau est élevé, des glissoires sont rajoutées sur les seuils des murets, afin d’aider le saumon à passer. Bref, la modification de la porte favoriserait davantage le passage de l’espèce dans la passe migratoire Katchapaun.

(Texte: Dominique Séguin)
(Photo: Le Nord-Côtier)

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