L’usine de biocarburants de Port-Cartier réclame 23,1 M$ à ses fournisseurs

Par Mathieu Morasse 22 novembre 2018
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L’usine de biocarburant de Port-Cartier lors de sa construction en 2017.

Les entrepreneurs de l’usine de biocarburants de Port-Cartier réclament environ 9,1 M$ en travaux impayés. Les propriétaires de l’usine rejettent la faute sur leurs fournisseurs américains, auxquels ils réclament 23,1 M$.

L’usine a été construite au coût de 105 millions de dollars grâce à l’apport financier d’Ottawa (44,5 M$) et de Québec (32 M$).

Elle appartient à Bioénergie Æ Côte-Nord Canada Inc. (Æ Côte-Nord). Ce consortium est détenu entre autres par Arbec, Rémabec et Ensyn Bioenergy.

L’usine doit transformer le bois en biocarburant pour remplacer le mazout dans le chauffage industriel. Elle valorisera les résidus de sciage de l’usine d’Arbec à Port-Cartier, les têtes d’arbres, le bois mort et les arbres affectés par la tordeuse des bourgeons de l’épinette.

L’usine de biocarburants de Port-Cartier a été livrée le 4 juillet dernier avec un peu plus de six mois de retard. Les travaux de construction avaient débuté au printemps 2016.

Les équipements et la technologie servant à la production de biocarburant sont fournis par Envergent Technologies (Envergent), une filiale d’UOP, deux compagnies incorporées dans le Delaware et basées en banlieue de Chicago.

Le maître d’œuvre du chantier, A.X.C. Construction Inc. (AXC) était chargé de la construction de l’usine et de l’assemblage des équipements.

Complète désorganisation

Le 26 juillet dernier, AXC a déposé une poursuite de 9,1 M$ en facture impayées contre Æ Côte-Nord, contre Arbec et contre Envergent. Cette réclamation inclut entre autres les sommes dues à quatre sous-traitants.

Dans sa poursuite, AXC affirme qu’Envergent a livré les équipements en retard et « dans un état de complète désorganisation ».

Elle prétend aussi qu’ils étaient affectés « de graves vices de conception ou de fabrication ».
Ces vices auraient causé « de nombreuses fuites » dans les canalisations.

Des travaux supplémentaires de 12,7 M$ auraient ainsi été nécessaires, mais seulement 3,6 M$ auraient été acquittés par les défenderesses.

La faute aux Américains

Æ Côte-Nord et Arbec ont répondu à la poursuite de AXC en poursuivant Envergent et UOP à leur tour.

Dans leur requête en garantie, elles affirment que les fautes d’Envergent et UOP « constituent des fautes lourdes ou de la grossière négligence ».

Elles réclament donc 10,1 M$ aux sociétés américaines pour les travaux correctifs et supplémentaires exigés à l’entrepreneur AXC et à ses sous-traitants.

Æ Côte-Nord réclame aussi une perte de profits d’un million de dollars par mois de retard de janvier à avril, plus 9,1 M$ en dommages-intérêts.

La réclamation totale contre Envergent et UOP s’élève donc à 23,1 M$.

À quand la mise en service?

L’usine n’est toujours pas en service, même si elle a été livrée en juillet. Elle serait plutôt en période de rodage depuis ce printemps. Aucun échéancier ou date officielle de mise en service n’a été annoncé.

« Æ Côte-Nord est insolvable. […] L’usine […] n’est toujours pas en opération et, par conséquent, elle ne génère aucun revenu susceptible de permettre à la défenderesse Æ Côte-Nord d’acquitter la créance de la demanderesse », affirme AXC dans sa poursuite intentée en juillet.

L’entrepreneur principal AXC et les sous-traitants non payés ont inscrit des hypothèques légales au registre foncier pour garantir leurs créances.

Cela signifie que Æ Côte-Nord pourrait être forcée de vendre l’usine sous contrôle de justice advenant son incapacité à payer ses entrepreneurs.

Les avocats et dirigeants de Arbec, de Rémabec, de Æ Côte-Nord et d’Envergent n’ont pas donné suite aux appels du Nord-Côtier.

 

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