L’IRIS remet en question le seuil de pauvreté au Québec

Par Nassima Bennaceur 2:55 PM - 7 mai 2019
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e coût élevé du panier d’épicerie et l’absence de transports en commun font de Sept-Îles la plus dispendieuse des sept villes québécoises étudiées par l’IRIS.

L’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) publie une note dans laquelle il propose le «revenu viable» comme un indicateur complémentaire à la mesure du panier de consommation (MPC).

Depuis 2009, le MPC sert de référence pour définir le seuil de la pauvreté. Il se base sur cinq secteurs, soit l’alimentation, les vêtements, le logement, le transport et une section autre. Au Québec, on estime que plus de 100 000 personnes ont du mal à accéder aux besoins de base.

À partir de ce seuil, plusieurs stratégies de revenu minimum ont pu être mises en place pour couvrir ces besoins comme l’aide sociale, les allocations familiales ou encore l’aide financière aux études.

Seulement, l’IRIS se posait la question à savoir si l’on mesurait correctement les seuils de pauvreté au Québec. Ils sont arrivés à la conclusion que ce n’est pas suffisant. C’est pourquoi ils proposent le revenu viable, une alternative pour une sortie de la pauvreté plus réaliste qui tient compte du coût de la vie et des spécificités régionales.

«Les montants utilisés à l’heure actuelle par le gouvernement du Québec pour mesurer la sortie de la pauvreté ne correspondent tout simplement pas à la réalité. Ils ne couvrent que les besoins de base. Ils ne permettent pas de faire des choix», indique Philippe Hurteau, chercheur à l’IRIS.

Tenir compte de la réalité

Ce revenu, proposé par l’IRIS en 2015, évalue un niveau de revenu suffisant pour permettre de vivre dignement et de sortir durablement de la pauvreté afin de créer un repère de viabilité qui va au-delà de la survie. C’est pourquoi le revenu viable tient compte des réels besoins des ménages.

«On ne parle pas de luxe ici, mais bien de légères périodes de répit pour des familles qui en auraient bien besoin», ajoute le chercheur.

Le but ici est de tenir compte de la réalité du quotidien des personnes.

«Par exemple, avec notre indicateur, un ménage pourra se permettre un repas au restaurant par mois et une activité plus festive, alors que la MPC s’en tient strictement au guide alimentaire canadien et peut difficilement permettre une certaine vie sociale», illustre-t-il.

Survivre dans la pauvreté ou sortir de la pauvreté

L’initiative est de proposer un indicateur au gouvernement pour qu’il puisse mettre en place des politiques réelles afin de sortir de la pauvreté.

«Nous espérons que l’indicateur va être utilisé pour améliorer la condition de vie», dit Philippe Hurteau.

En 2017, le gouvernement voulait sortir 100 000 personnes de la pauvreté en bonifiant l’aide sociale à un niveau équivalent à la MPC.

«On va juste leur permettre de passer d’une situation de manque chronique à la couverture des besoins de bases. Ces gens-là ne vont pas sortir de la pauvreté», croit-il.

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