Les forces de l’autisme avec les frères Leboeuf

Par Karine Lachance 7:14 AM - 26 août 2019
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Nathaniel, Zachary, Mathias et leur petite sœur Laurence ont une grande complicité et adorent être ensemble.

Mathias, Zachary et Nathaniel Lebœuf sont trois frères atypiques. Ils sont différents par leur mode de pensée et par leur façon d’interpréter la vie. En fait, ils sont autistes de haut niveau, mais par-dessus tout, ce sont des personnes sensibles, honnêtes, créatives et humbles.

Les gens atteints par le syndrome d’Asperger sont décrits comme des humains n’ayant aucun filtre. S’ils pensent quelque chose, ils n’auront pas les mécanismes leur permettant de se retenir avant de le partager aux autres. Les frères Leboeuf essaient de s’améliorer, dans le but de ne pas blesser le monde qui les entoure, mais ce n’est pas toujours évident.

«J’ai déjà menti, mais j’essaye de ne plus jamais le faire. Les fois que je l’ai fait, c’était par peur de déranger», partage Zachary, une petite larme lui montant aux yeux.

Les frères Leboeuf manquent peut-être de tact à certaines occasions, mais une chose est certaine, ils ne sont pas manipulateurs et le mensonge ne fait pas partie de leur quotidien. Ils sont honnêtes envers les autres, mais également envers eux même.

Afin de développer leur côté créatif, entrepreneurial et le volet social, ils ont créé l’entreprise Asper Bro’s. Ils confectionnent des bougies, des bombes de bain, des chandails, des toiles ou tout autre truc qui leur vient en tête. Ils ont une page Facebook Asper Bro’s, pour présenter leurs produits et les vendre en ligne. Leur maman, Ariane Collins, est tout aussi créative et encourage ses enfants à s’exprimer dans l’art.

Mathias a 7 ans et demi, il est né en mars, « pas la planète numéro quatre du système solaire là, le mois de l’année», tient à préciser le plus jeune des trois frères. Le petit astronome connaît très bien le système solaire, mais sa plus grande passion est le corps humain, qu’il connait de fond en comble. Il s’intéresse aux fonctions de chaque organe et ne cesse d’approfondir le sujet.

«Mathias est ma petite encyclopédie, il peut t’expliquer tous les organes du corps en détail», mentionne sa mère. Du haut de ses 7 ans, Mathias a les connaissances d’une grande personne. Il réussit bien à l’école, mais éprouve certaines difficultés dû à son hypersensibilité.

L’émotif du lot

Zachary est l’émotif, le petit clown et le plus extraverti des trois. Il adore rêver et son cerveau bouillonne sans arrêt. Même quand il dort, ses rêves se suivent d’une nuit à l’autre et ont une logique très précise.

«Il y a plein de mythes autour de nous. Il y a des scientifiques qui disent que les autistes ne ressentent pas la peine, ben moi je suis un autiste qui ressent énormément la peine», partage Zachary.

L’aîné, Nathaniel a 14 ans, il a plein de passe-temps, il adore créer des œuvres d’art, simplement pour faire plaisir aux gens. Il est certainement le plus terre-à-terre des trois. «C’est complètement faux de penser que les autiste ne sont pas artistiques, j’adore créer plein de choses», lance Nathaniel.

En toute humilité

Nathaniel mentionne avoir de la difficulté à s’aimer, parce qu’il se sent différent des autres. Il trouve que l’art lui permet de montrer ce qui se passe à l’intérieur de lui et de démontrer qu’un Asperger a autant de capacités créatives. Il se voit tel qu’il est avec ses forces et ses limites, mais ce qu’il trouve le plus difficile, c’est la perception que les autres ont de sa réalité.

«J’essaie de faire des belles choses, pour rendre les gens heureux. L’argent, c’est juste un bonus pour nous permettre de racheter du stock», raconte l’adolescent qui ne signe jamais une toile, par souci de ne pas se l’approprier ou susciter un malaise à son propriétaire.

Nathaniel ne fait pas ses projets pour la reconnaissance que ça pourrait lui apporter en retour. Il le fait en toute humilité et pour exprimer ses émotions.

Bien entendu, les troubles du spectre de l’autisme apportent leur lot de défis dans le quotidien. Mais les frères Leboeuf ont le désir de s’améliorer et son très proches l’un de l’autre. Ils ont une maman présente qui travaille fort pour faciliter leur futur. Le fait que les trois frères soient Aspergers leur permet de ne pas se sentir seuls dans leur univers et de pouvoir dédramatiser leur quotidien.

«On fait bien des blagues d’Asperger dans notre maison! On a tous notre propre personnalité, mais on se comprend», conclut Zachary.

 

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