Les effets négatifs du transport sur la 138 coûteraient 120M$ par année à la société

Par Emy-Jane Déry 4 septembre 2018
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Les accidents, la pollution et l’entretien sur la route 138 coûteraient plus de 120 M$ par année à la société, révèle une étude commandée par la Société de développement économique du Saint-Laurent (Sodes).

La Sodes a dévoilé mardi les résultats d’une étude visant à déterminer les coûts reliés aux effets négatifs du transport routier sur la Côte-Nord. Elle veut ainsi faire la promotion de l’option du transport maritime.

Les coûts sociaux externes, c’est-à-dire qui ne sont pas payés par les usagers et qui se traduisent en coûts réels pour l’ensemble de la société, sont estimés à un total de 120,4 millions de dollars par année uniquement pour le tronçon de la route 138 s’étendant entre Tadoussac et Sept-Îles.

Par coûts sociaux externes, on entend les sommes reliées aux accidents de la route, à la pollution (émission de gaz à effet de serre), à l’entretien de la route sur la portion étudiée, à la congestion et au bruit.

Les accidents en tête des frais

Quelque 28% des coûts sont attribuables au camionnage, conclut l’étude. Ce sont cependant les accidents qui représentent la catégorie de coût social la plus importante avec une estimation de 95,5 millions $ en frais annuels. La pollution arrive en seconde place avec 17,8M$. Viennent ensuite l’entretien routier (5M$),  les coûts de congestion découlant de la formation de pelotons d’automobiles sur la route (1,3M$) et finalement ceux en lien avec le bruit (0,8M$).

Vu l’ampleur des coûts, l’étude recommande que ceux-ci soient pris en compte dans l’évaluation des nouveaux projets visant à améliorer le transport sur la Côte-Nord.

Pour Réjean Porlier, président de l’Assemblée des MRC de la Côte-Nord, ce document confirme ce que plusieurs dénoncent depuis de nombreuses années.

«La 138 est une route qui n’est pas adaptée aux besoins des usagers. Le manque de fluidité, particulièrement à la hauteur de Tadoussac et Baie-Sainte-Catherine, où la congestion est régulière, fait en sorte que la cohabitation entre les fardiers et les autres usagers de la route est extrêmement périlleuse.»

Transport maritime courte distance

En marge du dévoilement des résultats, la présidente-directrice générale de la Sodes, Nicole Trépanier, a venté l’alternative du transport maritime le qualifiant de «transport en commun des marchandises».

«Cette étude illustre une fois de plus, combien le transport maritime est un moyen d’atteindre nos cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre, en plus de contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des populations en région et de réduire le fardeau fiscal sur l’ensemble de la société», a-t-elle affirmé.

Cette analyse de la situation sur la route 138 a été commandée dans le contexte ou malgré plusieurs études visant la promotion du transport maritime courte distance réalisée dans les dernières années, aucun projet en ce sens n’a vu le jour. Or, il semblerait que ceux envisagés sur la Côte-Nord soient les plus prometteurs.

Le PDG du Port de Sept-Îles, Pierre Gagnon, a rappelé que les infrastructures portuaires sont très présentes sur la Côte-Nord et qu’elles ne demandent qu’à être mises à contribution afin de servir de porte d’entrée pour «l’autoroute bleue du Saint-Laurent».

«Cette étude conclut clairement que toute action durable pour le transfert de volumes de marchandises au mode maritime peut représenter plusieurs dizaines de millions de dollars d’économie pour la collectivité, en plus de contribuer à la réduction significative des impacts environnementaux et l’amélioration de la sécurité routière», a-t-il commenté.

L’étude a été réalisée par la firme d’ingénieurs-conseils CPCS pour le compte de la Sodes. Les 426 kilomètres entre Tadoussac et Sept-Îles ont été étudiés. Ce tronçon représente 88% du trafic de la Côte-Nord.

 

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