Le manque de main-d’œuvre fait mal aux restaurateurs de Sept-Îles

Par Mathieu Morasse 22 août 2018
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Brigitte Cloutier, copropriétaire du Café Chez Sophie.

Les restaurateurs de Sept-Îles doivent composer avec un flagrant manque de main-d’œuvre qui en oblige même à devoir réduire leurs heures d’ouvertures.

D’entrée de jeu, tous les restaurateurs rencontrés par Le Nord-Côtier s’entendent sur une chose: il manque de personnel à Sept-Îles en restauration. Les emplois sont intenses et stressants et les horaires sont généralement atypiques. Cela dit, chaque commerce a sa propre réalité et ses propres défis.

Brigitte Cloutier est copropriétaire du Café Chez Sophie avec son conjoint André Therrien depuis 7 ans. Leur restaurant compte présentement 15 employés, incluant eux-mêmes.

Mme Cloutier aimerait embaucher trois cuisiniers supplémentaires, mais elle n’en trouve pas. Elle a pourtant appelé d’anciens employés, mis des messages sur Facebook, fait des annonces à la radio et affiché sur Emploi Québec. En vain, elle ne reçoit même pas de curriculum vitae.

«C’est difficile. On essaie de trouver des solutions, mais on ne sait pas quoi faire», soupire-t-elle.

Elle a changé les façons de faire en cuisine pour simplifier la préparation des plats. Mais la situation a quand même des conséquences. Par exemple, elle vient de décider d’ouvrir seulement à 14h30 en attendant de trouver d’autres cuisiniers.

«Je vais essayer de créer des promotions pour que mes soirs soient tous pleins, pour compenser pour mes dîners», dévoile-t-elle.

Un Pub au-dessus des problèmes

Le parcours d’Isabelle Ross et de François Boudreau est semblable. Eux aussi ont acquis le Pub St-Marc voilà 7 ans et ils embauchent 21 personnes, incluant eux-mêmes. Mais là s’arrête toute comparaison avec le Café Chez Sophie.

En effet, les propriétaires du Pub disent pourvoir leurs postes vacants en quelques jours et n’avoir jamais été en manque de personnel. Plusieurs anciens employés sont même disponibles pour dépanner lorsqu’un travailleur demande un remplacement.

Isabelle Ross et François Boudreau, propriétaires du Pub St-Marc. (Photo: Le Nord-Côtier)

Les deux propriétaires s’impliquent personnellement et n’hésitent pas à servir, cuisiner ou faire la plonge, lorsque nécessaire.

Ils reconnaissent toutefois que le bassin de main-d’œuvre disponible est mince. Ils pensent que leurs employés se sentent bien grâce à l’esprit de famille et d’entraide qu’ils ont inculqué dans l’entreprise.

«On accommode beaucoup nos employés et je pense qu’ils nous le rendent bien. On est très chanceux», estime Isabelle Ross. «C’est beaucoup plus que le salaire», ajoute François Boudreau.

Une Cage en expansion

La Cage – Brasserie Sportive dénombre une cinquantaine d’employés. Claudine Sirois, DG de l’établissement, prévoit passer à environ 80 employés lorsque le restaurant déménagera à Place de Ville vers la fin de l’année.

Les services des ressources humaines de la communauté innue de Ekuanitshit, du Groupe Sportscene et d’une compagnie privée de recrutement l’aident à relever ce défi. Cela représente des coûts, mais Claudine Sirois ne croit pas qu’elle y arriverait autrement.

«Ça ne se fait pas en claquant des doigts. Moi, je suis constamment dans les ressources humaines. Le recrutement est très difficile en restauration», remarque-t-elle.

Les réseaux sociaux sont au cœur de sa stratégie de recrutement. Ses messages sont méticuleusement planifiés et ne laissent rien au hasard. Elle estime ainsi mieux rejoindre son bassin de travailleurs étudiants qu’avec les médias traditionnels.

«Les publications Facebook, c’est super important. Il faut être vraiment inventif», assure-t-elle.

La directrice et sa gérante devront bientôt combler le départ de nombreux étudiants universitaires à la fin de l’été. Elles tâchent aussi de satisfaire les demandes de congés des jeunes autant que possible.

Vols d’employés

Bruno Desrosiers, propriétaire du Resto-Bar L’Ambiance, éprouve également des problèmes de recrutement en cuisine. Il compte sept ou huit cuisiniers sur un total de 24 employés.

«Il n’y a pas de relève. On est quasiment à la merci de ça», déplore-t-il.

Confronté au manque de personnel, il a cessé d’offrir un service de traiteur et n’hésite pas à fermer plus tôt le soir s’il n’y a plus de clients.

Sa bête noire est toutefois les grosses entreprises qui offrent des salaires plus élevés et des avantages sociaux contre lesquels il ne peut pas concurrencer.

«En trois ans ou quatre ans, ils sont venus me chercher au moins quatre cuisiniers. Je ne peux pas vendre mon assiette 20 $ de plus que je la vends là, je ne la vendrai pas», fulmine-t-il.

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