Le fédéral autorise la destruction de cinq cours d’eau par Mine Arnaud

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L’aménagement des sites sélectionnés pour l’entreposage des résidus miniers entraînera la destruction de cinq plans d’eau d’une superficie totale de 75 000 mètres carrés.

Mine Arnaud a eu l’autorisation du gouvernement fédéral de détruire cinq cours d’eau pour y entreposer ses déchets miniers. La décision, qui pourrait créer un précédent en la matière au Québec, fait réagir.

Mine Arnaud envisageait de transformer cinq cours d’eau en dépôt de déchets miniers. L’entreprise vient d’en obtenir l’autorisation par le gouvernement fédéral. Daniel Green, co-président de la Société pour Vaincre la Pollution (SVP), remet la décision en question.

«Les minières génèrent énormément de déchets miniers sous forme de boues. Elles doivent normalement construire un site pour ces rejets souvent toxiques et c’est un processus qui coûte extrêmement cher. C’est donc très tentant pour une minière de se servir des fosses naturelles que sont les lacs», explique-t-il.

Au Canada, lorsqu’une entreprise envisage de détruire un habitat de poissons, elle doit le remplacer. Pour ce faire, elle doit faire inscrire le cours d’eau à l’Annexe 2 du Règlement sur les effluents des mines de métaux (REMM). Dans tout le Canada, ce sont 37 cours d’eau qui sont inscrits à l’annexe et dont la destruction a été autorisée.

«Il est donc permis, par une simple signature, de dire qu’un lac n’est plus un lac, mais un site de déversement de déchets miniers. L’Annexe 2 c’est l’arrêt de mort d’un cours d’eau», croit M. Green.

75 000 m2 d’habitats

Les cinq cours d’eau représentent près de 75 000 mètres carrés d’habitats pour la truite mouchetée et l’épinoche. Ce sont principalement de petits lacs, ruisseaux et étangs qui seront pompés pour que les résidus y soient entreposés. En tant que mesure compensatoire, Mine Arnaud s’engage à introduire de la truite mouchetée dans un lac sans poisson et à y aménager des frayères.

Émilie Paquet, directrice des relations avec le milieu et des communications chez Mine Arnaud, se dit satisfaite de la décision.

«On est extrêmement heureux de la nouvelle. C’est un processus extrêmement rigoureux qui a duré plus de quatre ans», mentionne-t-elle.

Un précédent pour les mines au Québec

Selon lui, la décision créera un précédent en la matière et le prochain développeur minier aura en main la permission de détruire des cours d’eau.

«Jusqu’à maintenant, Environnement Canada se gardait une petite gêne pour appliquer cela au Québec. C’est difficile de croire que ces fonctionnaires veulent vraiment protéger l’environnement. Un bureaucrate payé avec nos taxes émet un permis pour détruire des cours d’eau avec des truites dedans, pour un projet de mine mort-né. Leur rôle est de protéger l’environnement ou autoriser une minière à le détruire»,  questionne M. Green.

Il dénonce aussi la façon dont a été rendue la décision par une fonctionnaire d’Environnement Canada dans une communication officielle. Dans un courriel envoyé à Mine Arnaud, on indique avoir «le plaisir» d’autoriser la destruction des plans d’eau.

«Un gouvernement qui achète un pipeline et détruit des lacs est peut-être un gouvernement qui a perdu sa boussole environnementale. La pauvre fonctionnaire devrait s’excuser. La ministre fédérale de l’Environnement devrait quant à elle annuler le REMM», affirme Daniel Green.

 

 

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