Le confinement fait chuter les signalements à la DPJ

Par Charlotte Paquet 4:24 PM - 30 mars 2020
Temps de lecture :

La directrice de la protection de la jeunesse sur la Côte-Nord, Marlene Gallagher, est préoccupée par la baisse du nombre de signalements reçus depuis le début des mesures de confinement à la maison. On l’aperçoit ici lors d’une rencontre de presse en septembre 2019.

La baisse du nombre de signalements d’enfants potentiellement en danger préoccupe la direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de la Côte-Nord. Il a diminué de 30 % en deux semaines de confinement des familles à la maison et ça se poursuit.

Habituellement, la DPJ reçoit autour d’une centaine de signalements par semaine. Or, au cours des deux premières semaines d’instauration de mesures draconiennes pour lutter contre la propagation du coronavirus au Québec, une moyenne de 70 signalements a été observée.

« On a moins d’yeux et moins d’oreilles de gens témoins de maltraitance », déplore Marlene Gallagher, directrice à la protection de la jeunesse. La fermeture des écoles, des garderies et de plusieurs organismes communautaires prive les enfants d’un filet de sécurité.

« C’est préoccupant pour les enfants et c’est préoccupant aussi pour le contexte dans lequel on se trouve », poursuit Mme Gallagher, en rappelant qu’en raison de la pandémie de COVID-19, de nombreuses personnes ont perdu leur emploi et le degré de stress a monté d’un cran au sein de plusieurs familles.

Et quand les couples étaient déjà fragiles avant, la situation inquiète encore plus, selon celle qui souligne que « plus on ajoute des facteurs de stress dans une famille et plus les risques de maltraitance sont élevés ».

Réalité inquiétante

La chute du nombre de signalements n’est pas unique à la Côte-Nord. Plusieurs régions enregistrent effectivement des baisses qui peuvent même atteindre 50 % dans certains cas.

Par contre, la réalité nord-côtière et ses taux élevés de violence conjugale et de toxicomanie élève le niveau d’inquiétude. « C’est vraiment important que les adultes qui se sentent dépassés aillent chercher de l’aide », insiste Marlene Gallagher, en faisant référence aux différentes lignes d’entraide téléphoniques. Elle rappelle aussi qu’en composant le 811 suivi du 2, ils pourront parler à un intervenant psychosocial qui leur fournira aide et conseils.

Aux voisins qui voient ou entendent peut-être des choses, notamment lorsque des enfants jouent dehors, la directrice de la DPJ leur demande d’être aux aguets. En revanche, « si on n’a pas vu des enfants sortir à l’extérieur depuis deux semaines, ce n’est pas normal. (…) Il faut garder les oreilles et les yeux ouverts pour les enfants qui sont isolés actuellement », ajoute-t-elle.

Intervenants en poste

La DPJ demeure un service essentiel et les intervenants sont tous au travail, la plupart à leurs bureaux. « On continue de recevoir des usagers au bureau avec toutes les précautions à prendre. Il y a des choses qui ne se discutent pas au téléphone », fait remarquer Mme Gallagher.

Les intervenants poursuivent également leurs visites en milieu familial en respectant les « directives très claires de la santé publique » sur la façon de faire avant, pendant et après chacune.

Selon la directrice de la DPJ régionale, la pandémie de coronavirus amène de nouveaux types de signalements, entre autres pour des attroupements de jeunes ou encore d’un parent dont les enfants sont en garde partagée et qui craint que l’autre parent ne respecte pas les consignes de santé publique.

Malgré la situation actuelle, la pandémie de COVID-19 passera et la vie reviendra tranquillement à la normale. « Je vais nous souhaiter que, collectivement, on ressorte de cet épisode unique avec des valeurs qui nous ramènent un peu plus à l’essentiel dans la vie », conclut la directrice en parlant de bienveillance et de solidarité.

Partager cet article