La pandémie complique la vie des aînés en attente d’une place

Par Charlotte Paquet 8:00 AM - 13 janvier 2021
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Directeur adjoint au programme de soutien à l’autonomie des personnes âgées au CISSS de la Côte-Nord, Enock Cormier affirme que l’état de santé de plusieurs personnes en perte d’autonomie s’est dégradé dans les premiers temps de la pandémie au printemps 2020.

Le nombre de personnes en perte d’autonomie hospitalisées dans l’attente d’une place adaptée à leur condition est redevenue problématique sur la Côte-Nord depuis le délestage de la première vague de la pandémie. L’ouverture récente de deux sites non traditionnels d’hébergement temporaire est cependant gage d’espoir.

C’est du moins ce qu’indique Enock Cormier, directeur adjoint à la Direction du programme de soutien à l’autonomie des personnes âgées au Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de la Côte-Nord.

Depuis quelques années, le CISSS respectait les cibles du ministère de la Santé dans ce domaine, mais un revirement s’est produit au cours de 2020 en raison de ce qui est considéré comme des dommages collatéraux émanant de la pandémie.

« On récolte aujourd’hui les contrecoups des conditions d’isolement volontaire ou non des débuts de la pandémie », soutient le directeur adjoint.

Détérioration

Selon lui, des gens ont eu peur et ne voulaient plus sortir, tandis que les services de maintien à domicile ont été compromis pendant un temps. L’état de santé de plusieurs personnes en perte d’autonomie s’est donc dégradé. Il parle d’un déconditionnement lié à la COVID-19 ayant entraîné une diminution de capacités physiques et cognitives.

« Dans la vie d’une personne en perte d’autonomie, juste le fait de pouvoir socialiser une heure avec une personne est très important », rappelle M. Cormier, en faisant référence entre autres à la visite d’un proche aidant ou à celle d’un employé du programme des chèques emploi-service du CISSS. Les bouleversements du printemps ont fait en sorte que « des gens ont été sous-alimentés et que d’autres gens se sont ankylosés ».

Cette problématique d’occupation de lits dans les hôpitaux par des personnes en attente d’hébergement afflige l’ensemble du Québec et crée de la pression sur les taux d’occupation des civières dans les urgences.

C’est notamment le cas à celle de l’Hôpital Le Royer à Baie-Comeau qui est aux prises avec des débordements depuis de nombreux mois (lire autre texte).

Trente-cinq places

Apparus au cours de l’été dans des ailes sécurisées du Château Baie-Comeau et à la Résidence des Bâtisseurs à Sept-Îles, les deux sites non traditionnels ont été utilisés à d’autres fins par le CISSS avant d’accueillir, depuis moins d’un mois, une clientèle en perte d’autonomie hospitalisée dans l’attente d’une place adaptée.

Comme l’explique Enock Cormier, ces sites sont opérés à la manière d’une ressource intermédiaire, mais avec une intensification des services à domicile.

Vingt places sont disponibles à Baie-Comeau et 15 à Sept-Îles. Elles ne sont pas toutes occupées pour le moment puisque les besoins de chaque personne en attente ne correspondent pas nécessairement à ce type d’hébergement.

Au milieu de la semaine dernière, trois intégrations ont été réalisées au site de Baie-Comeau pour un total de 10 depuis le 22 décembre. À celui de Sept-Îles, en activité depuis le 16 décembre, 11 personnes y sont hébergées temporairement jusqu’à ce qu’une place dans un milieu de vie régulier soit disponible.

Gains pour l’autonomie

« Ce sont des appartements avec les commodités usuelles qui sont reliés avec des corridors », précise le directeur adjoint, en soulignant les gains au chapitre de l’autonomie.

D’ailleurs, ces gains sont à ce point intéressants que le CISSS est en train d’envisager le retour à domicile d’une personne. « On l’a sortie d’un lit d’hôpital, on l’a amenée dans un milieu de vie stimulant et elle va quitter le site non traditionnel pour retourner à domicile », se réjouit-il.

Opérés dans un contexte de pandémie, ces sites non traditionnels sont temporaires. Ils permettent de libérer des lits d’hôpital et donnent du temps au CISSS pour tisser de nouveaux partenariats, notamment du côté de résidences privées pour aînés.

Certaines résidences possèdent des places disponibles. Selon Enock Cormier, la possibilité que les personnes hébergées actuellement dans les sites non traditionnels puissent y loger, à condition de bénéficier de services de maintien à domicile, est à l’étude.

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