La CSN et la FTQ s’unissent pour la mobilité provinciale

Par Éditions Nordiques 28 juin 2013
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La Confédération des syndicats nationaux (CSN) et la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) unissent leurs voix pour demander à la ministre du Travail, Agnès Maltais, d’intervenir dans le dossier de la construction pour améliorer la situation de la mobilité de la main-d’œuvre, une grave problématique sur la Côte-Nord.

Qualifiant eux-mêmes l’événement de moment historique, alors qu’ils s’alliaient pour une première fois pour contrer le phénomène, le conseiller régional de la FTQ, Bertrand Méthot, et le président du Conseil central Côte-Nord CSN, Guillaume Tremblay, ont signifié, jeudi, l’urgence d’une intervention politique, afin de freiner les effets néfastes qu’engendre la mobilité provinciale de la main-d’œuvre dans la région.

«Ce qui fait l’unanimité de l’ensemble des acteurs, c’est que la région ne veut pas un développement du Nord sans la participation des travailleurs du Nord, sans les travailleurs qui y habitent […] À qui sert ce développement? Il ne nous sert pas. Au contraire, il est en train d’appauvrir les municipalités. Le Plan Nord pour les autres, c’est non!», a martelé M. Méthot.

Pour les travailleurs
C’est après des rencontres, mercredi à Sept-Îles et le jour même à Baie-Comeau, entre les associations syndicales et près de 600 travailleurs de la construction, en lien avec la signature des conventions collectives, que les deux représentants syndicaux ont tenu à interpeller la population et le gouvernement sur la question de la mobilité.

«Tous les travailleurs ont donné un message très clair : ça ne sert à rien d’avoir une augmentation salariale s’ils sont sur l’assurance-emploi et ne sont pas capables de rentrer sur les chantiers», soutient le conseil régional de la FTQ.

Les représentants syndicaux, portant donc haut et fort la voix des travailleurs qui s’est aussi fait entendre sur les lignes de piquetage nord-côtières lors des deux dernières semaines de grève générale illimitée, ont sollicité le soutien des deux députés de la région, celui de René-Lévesque, Marjolain Dufour, et celle de Duplessis, Lorraine Richard, dans le but qu’ils organisent une rencontre le plus rapidement possible avec la ministre Maltais.

«On demande les appuis des élus, des maires, des municipalités et des corporations de développement économique. On a déjà obtenu des résolutions de plusieurs. Il faut absolument faire une démarche politique ensemble. Les syndicats ne peuvent pas régler seuls un problème hautement politique», a indiqué M. Tremblay.

Des solutions existent
Le problème est plus particulièrement présent sur les grands chantiers de génie civil, tels que La Romaine, puisqu’il n’y a aucune limite en termes de pourcentage de main-d’œuvre provenant de l’extérieur. Il pourrait être réglé en imposant une proportion majoritaire de travailleurs locaux. «On fait un appel à Mme Maltais pour qu’elle dénoue le problème. La [Commission de la construction du Québec] a tout le pouvoir de mettre en place des quotas pour permettre à nos travailleurs d’accéder à nos chantiers», a ajouté Bertrand Méthot.

La structure industrielle de la région moins développée qu’ailleurs ferait que peu d’entrepreneurs locaux seraient en mesure de compétitionner avec ceux de l’extérieur. Ces derniers pourraient ainsi rafler les contrats sur les chantiers de la Côte-Nord, à moindre coût.

D’après les organisations syndicales, dans la région, il y a de l’ouvrage pour environ 20 arpenteurs, mais seulement un de ceux-ci proviendrait de la région. «S’il y a 20 arpenteurs, pourquoi les 20 ne seraient pas d’ici. C’est du monde avec une maison ici et qui dépense ici. On veut le maximum de travailleurs locaux», a souligné M. Tremblay.

Les représentants syndicaux pensent que la façon de fonctionner dans le domaine industriel pourrait se transposer dans le secteur du génie civil. En effet, dans l’industriel, les entrepreneurs doivent utiliser jusqu’à 80 % de main-d’œuvre locale, tant qu’elle est formée et compétente. «Arrêtons de galvauder des niaiseries et de penser que les travailleurs de la Côte-Nord sont moins compétents», a tenu à dire Bertrand Méthot.

Photo : Le Manic
Texte: Julie-Andrée Verville

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