La chirurgie bariatrique s’amorce à Baie-Comeau

Par Charlotte Paquet 9:33 AM - 20 janvier 2020
Temps de lecture :

Le Dr Olivier Mailloux croit que le programme de chirurgie bariatrique sera un succès et apportera un service de proximité très apprécié de la population.

Le nouveau centre régional de chirurgie bariatrique de l’Hôpital Le Royer à Baie-Comeau a franchi une étape importante dans la première semaine de janvier : deux premières patientes ont subi avec succès une gastrectomie verticale par laparoscopie destinée à réduire le volume de leur estomac en vue d’une perte de poids.

La Côte-Nord, où 25 % de la population souffre d’obésité comparativement à 19 % en moyenne au Québec, est l’une des dernières régions à être dotée d’un tel centre, auquel est associée une équipe multidisciplinaire composée notamment d’une infirmière et d’une nutritionniste.

Les premières chirurgies ont été pratiquées les 6 et 7 janvier en présence du Dr François Julien, médecin spécialisé en chirurgie bariatrique de l’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec (IUCPQ), qui a formé trois chirurgiens de Baie-Comeau en 2019. Il était sur place pour assister aux opérations et faire de l’enseignement.

Pour le moment, aucune autre chirurgie n’est inscrite à l’horaire, confirme le Dr Olivier Mailloux, chirurgien, adjoint au chef de département de chirurgie régional et l’un des trois chirurgiens formés à Québec.

Les évaluations préopératoires se poursuivent pour les patients, dont les premiers ont commencé à être vus en novembre seulement. Au total, 175 personnes ont déposé une demande pour passer sous le bistouri. C’est autant de personnes qui n’auront pas à sortir de la Côte-Nord pour leur chirurgie et leur suivi.

« On commence tranquillement notre programme. On y va ensuite progressivement au cours de l’année. C’est un long processus qu’on a effectué pour monter une clinique. Il y a beaucoup d’acteurs. On veut s’assurer de ne pas faire un faux départ », explique le Dr Mailloux en indiquant que « le but, c’est la qualité, pas un débit ».

Pour l’an 1, l’objectif est fixé entre 40 et 50 chirurgies. Le ministère fixe cependant la cible à une centaine d’opérations par année pour accorder l’accréditation à un centre de chirurgies bariatriques. À Montmagny, précise le médecin, ça a pris 18 mois à l’équipe pour atteindre l’objectif.

Notons que les hôpitaux de Rimouski et Rivière-du-Loup possèdent aussi leur accréditation.

Candidats et perte de poids

Les candidats à une chirurgie bariatrique ont essayé plein de régimes dans leur vie, mais sans succès. Aujourd’hui, ils affichent un indice de masse corporelle (IMC) supérieur à 40, ou encore de 35 et plus, mais associé à de la comorbidité, c’est-à-dire des maladies comme le diabète de type 2, l’hypertension, les troubles du sommeil et autres.

« Outre la perte de poids, le véritable gain est de prévenir, de corriger ou de guérir ces maladies et d’éliminer plusieurs médicaments », rappelle le Dr Mailloux. Les personnes devront cependant prendre des vitamines pour le reste de leur vie afin de prévenir d’éventuelles carences.

En réduisant le volume de l’estomac pour en arriver à l’équivalent d’une banane moyenne, les gens vont perdre du poids. Au lieu de s’attarder au nombre de kilos qu’une personne pourrait voir disparaître, le chirurgien préfère parler d’une perte moyenne de 25 % de son poids.

Questionné sur la pertinence d’une chirurgie bariatrique versus celle d’une diète stricte, le médecin affirme qu’il est reconnu que la chirurgie est le traitement le plus efficace pour guérir l’obésité. Et, ajoute-t-il, l’Organisation mondiale de la santé considère l’obésité comme une épidémie.

Pas une solution miracle

La gastrectomie verticale par laparoscopie, qui nécessite normalement une à deux journées d’hospitalisation, n’est pas une solution miracle si la personne obèse ne se prend pas en main.

« C’est un excellent coup de pouce, mais les gens ont beaucoup de cheminement à faire. Ils doivent changer leurs façons de faire », prévient le Dr Mailloux.

Un suivi très serré est offert pendant les deux premières années suivant l’opération, considérées comme plus critiques pour la reprise de poids. Un certain gain peut être normal, mais il faut que ça reste effectivement dans la normalité. Dans le cas contraire, l’équipe cherche à identifier la cause et à intervenir.

Il peut même arriver que les gens reprennent tout le poids perdu et même plus. Parfois, il leur faudra opter pour la dérivation biliopancréatique, un autre type de chirurgie bariatrique qui n’est cependant pas pratiqué à Baie-Comeau.

Après deux ans, le suivi se poursuit au moins pour trois autres années, mais idéalement, ça devrait être à vie, laisse tomber le chirurgien.

Partager cet article