Innucadie 2018 : raconter pour ne pas oublier

Par Mathieu Morasse 23 juin 2018
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Des spectateurs sont réunis sous une des grandes tentes montées sur la plage.

Le Festival du conte et de la légende de l’Innucadie se tiendra du 9 au 12 août prochain à Natashquan sous le thème de la transmission.

Les porte-paroles de cette 13e édition sont Naomi Fontaine, écrivaine innue auteure du livre Kuessipan, et Cédric Landry, conteur madelinot. Dans ce festival, que Cédric Landry qualifie d’unique au Québec, Acadiens et Innus présentent contes, histoires, livres, poésie et musique au public. Les participants auront aussi droit à des activités et des repas traditionnels des deux cultures

Cédric Landry en sera à sa première participation à ce festival. Il présentera son spectacle solo au Café l’Échouerie, en plus de prendre part à la cérémonie d’ouverture et à un collectif regroupant plusieurs conteurs et artistes. Il dit avoir hâte d’aller sur cette Côte-Nord où de nombreux Madelinots se sont installés au fil des générations.

Son spectacle «Sur la piste à Avila» est un récit philosophique et humoristique où il parle de ses racines des Îles-de-la-Madeleine et de l’Acadie. Il s’est donc senti directement interpelé lorsque les organisateurs l’ont contacté pour prendre part au festival.

«On parle de la transmission de la connaissance, la transmission des histoires, de se raconter comment que ça se passait avant, pour nous aider à savoir où est-ce qu’on va. Moi je trouve ça l’fun, parce que les contes innus, c’est beaucoup ça aussi, de parler des ancêtres pour se rappeler d’eux autres. Moi dans mon spectacle, je traite carrément de ça, parce que je pars à la recherche de mes ancêtres. En fait, je remonte mon arbre généalogique pour essayer de retrouver le premier des Landry», dit-il.

Pour lui, la transmission peut se faire sous de nombreuses formes, que ce soit par des histoires, la culture, les gênes, la musique, la poésie, etc.

«On n’est pas les premiers qui ont passé ici, il y a du monde qui était là avant nous autres, qui ont raconté des histoires. Pis ces histoires-là, on les raconte encore aujourd’hui aux plus jeunes, et les plus jeunes plus tard vont les raconter à leurs enfants, etc. Je pense que c’est ça qui fait qu’un peuple reste vivant, pis que les histoires et la culture restent vivantes aussi. En le racontant, on ne l’oublie pas», souffle-t-il.

Arrêter le temps

Cédric Landry a passé par le cinéma et le théâtre avant de devenir conteur. Il explique aimer la liberté que procure ce mode d’expression où seuls la parole et un ou plusieurs spectateurs sont nécessaires. Il aime que chaque spectateur ait la possibilité de s’imaginer et de voir les choses à sa façon dans sa tête.

Pour lui, le conte est à la fois simple et permet de garder notre cœur d’enfant.

«C’est magique, parce que quand tu t’assois et que tu écoutes un bon conteur, t’embarques. Un moment donné, tu oublies que tu es dans la salle et tu décolles dans le voyage avec lui quand il te raconte son histoire», illustre-t-il.

Il soulève aussi le contraste entre le rythme du conte et le rythme de la vie quotidienne à l’ère des vidéos sur Facebook et YouTube.

«Quand tu te fais raconter une histoire, c’est un autre rythme. C’est plus lent. On prend le temps d’embarquer et de décoller dans l’imaginaire. On a un dicton aux Îles : on n’a pas l’heure, mais on a le temps. Je trouve ça l’fun, des fois le temps il arrête. Quand on raconte des histoires, on dirait que le temps arrête», observe-t-il.

La programmation provisoire est disponible sur le site web du festival, innucadie.com

 

 

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