Pensionnats indiens : «On ne peut plus fermer les yeux» – Michèle Audette

Par Fanny Lévesque 3 juin 2015
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«Enfin, on ne peut plus se fermer les yeux», a réagi la leader autochtone, Michèle Audette, après le dépôt du rapport très attendu de la Commission de vérité et réconciliation du Canada, qui a tranché que les pensionnats indiens ont contribué à rien de moins qu’un «génocide culturel» pendant plus de cent ans.

«C’est honorable et positif, c’est un livre au complet sur un côté très obscur que le Canada a caché», a commenté l’ex-présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, qui a qualifié «d’audacieuse» la commission pour avoir été aussi loin. «Ils (les commissaires) ont tout couvert, l’aspect social, économique, légal, la santé et l’éducation et les relations avec les gouvernements».

«C’est un livre au complet sur un côté très obscur que le Canada a caché»

Le volumineux rapport contient 94 recommandations pour redresser «le tort historique des pensionnats». La commission recommande des mesures pour protéger le bien-être des enfants, conserver la patrimoine linguistique et culture, promouvoir l’équité juridique et améliorer le partage d’information sur les enfants disparus.

Le rapport souligne aussi l’importance de l’éducation et demande à Ottawa d’éliminer «le fossé éducatif» entre les deux peuples. La commission suggère ainsi d’égaliser le financement de l’éducation des enfants des Premières nations et de favoriser l’accès à l’éducation post-secondaire. Les auteurs du document vont jusqu’à réclamer des excuses officielles du pape à l’endroit des victimes.

«Je ne suis pas naïve, la plupart de ses recommandations vont devenir poussiéreuses, mais est-ce que les militants, leaders et les élus ne pourraient pas en prendre quelques-unes et les mettre dans un plan d’action commun? Le pouvoir peut-être très local, au sein d’une communauté ou d’une région comme la Manicouagan», propose Mme Audette.

Réconciliation possible?

Les commissaires demandent aussi aux gouvernements d’adopter et de mettre en œuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Innue de Mani-Utenam sur la Côte-Nord, Michèle Audette dit d’ailleurs croire à une réconciliation possible entre les gouvernements et les peuples autochtones.

«Le gouvernement en place fait tout en place pour empêcher cette réconciliation, mais les autres partis d’opposition, ils ont réellement la chance d’avoir un livre avec des pages blanches et cette fois-ci, d’écrire une histoire conjointe», soulève celle qui a récemment tenté en vain, de remporter l’investiture libérale dans Manicouagan.

«Ça peut prendre 40 ans, comme ça peut prendre 10 ans, mais j’y crois.»

Quelque 150 000 enfants ont fréquenté les 130 pensionnats autochtones du Canada, financés par le gouvernement pendant 120 ans. Le rapport de la commission révèle que la négligence était «institutionnalisée» et que les étudiants ont été soumis à des sévices «physiques et sexuels». Le dernier établissement, situé près de Régina en Saskatchewan, a été fermé en 1996.

Le travail de la Commission de vérité et réconciliation s’est déroulé sur six ans, pendant lesquels 6 750 survivants et témoins ont été entendus, notamment à Uashat mak Mani-Utenam.

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(Photo : archives – Le Nord-Côtier)

 

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