Hommage à la cinéaste Myriam Caron

Par Éditions Nordiques 22 août 2017
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Le moment le plus émouvant de cette soirée fut sans contredit lorsque des surfeurs ont effectué une sortie à l’eau. Ils se sont réunis en rond autour d’une couronne pour lui rendre hommage.

Environ 70 personnes se sont réunies à la plage Monaghan de Sept-Îles pour participer à l’inauguration d’un banc en mémoire de la cinéaste septilienne, Myriam Caron, décédée en janvier 2016. L’hommage s’est avéré émouvant et rassembleur, c’est-à-dire, à son image.

Au cours de cet événement, des proches et des amis ont déposé à tour de rôle des colliers hawaïens sur ce banc prenant la forme de deux planches de surf, où est gravé un extrait de son roman «Bleu». Ce dernier avait permis à Myriam Caron de remporter le prix CALQ – Œuvre de l’année sur la Côte-Nord, en 2015.

Le moment le plus émouvant de cette soirée fut sans contredit lorsque des surfeurs ont effectué une sortie à l’eau. Ils se sont réunis en rond autour d’une couronne pour lui rendre hommage. Dans le langage courant du sport, cette pratique se nomme un «paddle out». D’ailleurs, la présence de fortes vagues à ce moment particulier de surf a donné l’impression aux amis de Myriam Caron qu’elle les accompagnait, a raconté une de ses proches amies, Amélie Lévesque.

Un lieu marquant

La cinéaste avait exprimé sur Facebook son désir de voir ériger un banc à la plage Monaghan, peu de temps avant son départ. «C’est un endroit où les vents sont forts. C’est idéal pour le kite. C’est un très bel endroit pour se recueillir. C’est aussi là qu’elle a pris les premières images de son film Surf Boréal», tient à préciser Mme Lévesque, qui dit avoir appris à mieux vivre l’instant présent et à savourer pleinement chaque moment à son contact.

Elle ajoute que Myriam Caron a su faire preuve d’une très grande détermination tout au long de sa vie. «Son fils Manu a le même âge que le mien. On faisait du camping ensemble et on s’organisait des soupers. J’ai été beaucoup à ses côtés, même dans la maladie. Quand il y avait des obstacles, elle allait toujours de l’avant, souligne-t-elle. Elle ne se laissait pas abattre. Elle avait beaucoup d’espoir. C’était une femme très rassembleuse.»

Une force de vivre remarquable

En tant que directeur éditorial chez Leméac, Jean Barbe a eu à collaborer avec l’auteure nord-côtière. Il n’en conserve que de bons souvenirs. «Myriam était une battante, une femme dont le bonheur contagieux était un acte de volonté soutenu par une conviction profonde. Elle riait beaucoup. J’ai travaillé avec elle pour raffiner sa matière, sa façon de l’exprimer. Elle comprenait l’importance des choses bien faites, qui résonnent dans le coeur des lecteurs quand le texte glisse, coule comme de l’eau claire, rafraichissante», lance-t-il.

Jusqu’à la fin, Myriam Caron a su faire preuve d’une très grande résilience. «Mais il y avait la méduse, cette tumeur au cerveau, cette ombre menaçante. Je crois que c’est pour ça qu’elle était si lumineuse: pour que la tumeur reste un petit coin d’ombre et n’envahisse pas tout.  Elle a écrit jusqu’à la fin, elle s’est accrochée au texte comme à une bouée, non pas pour survivre, mais pour faire sens du non-sens, pour faire du bonheur avec le malheur, pour faire de la joie avec de la tristesse. Elle a écrit jusqu’à la fin pour éclater de rire au visage de la mort.»

Livre inachevé

Le livre «La croqueuse» sur lequel elle travaillait avant son décès risque fort bien de ne jamais voir le jour, si l’on se fie au propos de M. Barbe. «Le texte n’était pas fini quand elle a dû déposer le crayon et fermer les yeux pour toujours. Le texte ne sera jamais fini par elle. Peut-être le sera-t-il par d’autres, ami-e-s, membres de la famille. Mais même s’il n’est jamais terminé, ce n’est pas grave. Jamais je n’avais vu un acte d’écrire aussi courageux, aussi contagieux, aussi formidablement vivant!»

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