FerroAtlantica renonce à son projet de Port-Cartier: Une «fenêtre d’opportunité» manquée

Par Éditions Nordiques 16 Décembre 2015
Temps de lecture :

Philippe Couillard avait annoncé en grande pompe, en juin 2014, que FerroAtlantica choisissait Port-Cartier pour construire une usine de silicium.

Même si Québec se disait sur le point d’annoncer un décret environnemental autorisant la construction de l’usine de FerroQuébec, la société espagnole FerroAtlantica a annoncé mercredi qu’elle renonçait à son projet d’usine de silicium à Port-Cartier de près de 400 millions $ qui aurait créé au moins 300 emplois directs.

La société espagnole a évoqué les «dernières évolutions du marché» et la possibilité «d’optimiser ses capacités de production de ses opérations existantes» pour expliquer sa décision. Dans un communiqué publié mercredi en fin d’après-midi, FerroAtlantica «confirme à regret sa décision de mettre fin au projet d’investissement de Port-Cartier».

«L’évolution récente de l’industrie du silicium en Chine conduit FerroAtlantica à revoir sa stratégie de croissance», est-il annoncé. «L’accroissement actuel et annoncé de production chinoise sont de nature à peser significativement et durablement sur le bon équilibre du marché», continue la société.

«L’évolution récente de l’industrie du silicium en Chine conduit FerroAtlantica à revoir sa stratégie de croissance» -FerroAtlantica

Dans ces circonstances, FerroAtlantica se dit obligé de «rechercher de meilleures opportunités de développement pour accompagner sa stratégie de croissance, par le biais de l’optimisation de ses infrastructures existantes», et donc, «favorisera l’expansion de ces activités à partir de ses ports d’attache, et ce, sans devoir investir dans de nouvelles installations». L’entreprise «a émis le souhait de ne pas accorder d’entrevue», a affirmé un représentant de la firme de relation publique ayant rédigé le communiqué.

«Fenêtre d’opportunité»
«Dans ce milieu-là, quand on a une fenêtre d’opportunité, il faut la saisir», a affirmé le commissaire industriel de la Corporation de développement économique de Port-Cartier, Bernard Gauthier. «Ça fait 18 mois que le projet a été annoncé et on n’a pas encore commencé la construction», continue celui qui a appris la nouvelle mardi soir.

«Depuis les derniers mois, on comprend que c’est une chronique annoncée», a mentionné M. Gauthier qui explique que plusieurs autres projets semblables sont en cours de construction en Chine. Le commissaire affirme qu’il «faut saisir l’opportunité» d’offrir ce terrain industriel à d’autres promoteurs. «On a quelques autres projets à réaliser. Le projet phare n’y est plus, malheureusement. On va faire autre chose», a mentionné M. Gauthier.

«Dans ce milieu-là, quand on a une fenêtre d’opportunité, il faut la saisir» -Bernard Gauthier

La présidente de la Chambre de commerce de Port-Cartier, Danielle Beaupré, en exprimé sa «grande, grande déception» à cette annonce. «FerroAtlantica a eu notre support tout au long des démarches. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’ils annoncent le renoncement de leur projet», a-t-elle affirmé.

La mairesse de Port-Cartier, Violaine Doyle, a appris la nouvelle tôt mercredi. En entrevue, elle a rappelé que c’est un projet «qui allait comme un gant» à Port-Cartier. Parlant également d’une «fenêtre d’opportunité» manquée, la mairesse dit avoir «toujours été inquiète» des délais annoncés dans ce projet. «Je crois que j’avais raison de m’inquiéter», a-t-elle laissé tomber.

«Il faut réaliser que Port-Cartier a toujours un potentiel de développement industriel», a précisé Mme Doyle. Elle donne en exemple les projets de troisième transformation d’Arbec et le quai municipal «dont il faut rapidement prendre soin». Les rénovations attendues au quai seraient d’ailleurs «un déclencheur de développement» pour Arbec, affirme Violaine Doyle. Les terrains de l’ancienne usine Rayonier Québec, où l’usine de FerroQuébec devait être construite, appartiennent à Arbec. «On va faire tout ce qu’il faut pour attacher les projets en dormance», a mentionné la mairesse.

Respect d’engagements
Le gouvernement du Québec a récemment désigné Port-Cartier comme l’une des 16 zones industrialo-portuaires (ZIP), dans le cadre de la Stratégie maritime. L’implantation de ces zones vise à faciliter le développement industriel.

FerroAtlantica a confirmé à la mairesse qu’il respectera sa part d’engagement financier pour l’étude du plan de développement découlant de la création de la ZIP. L’entreprise complètera aussi les études environnementales en cours, ce qui pourra servir pour d’autres promoteurs.

Le décret s’en venait
Le président de la Chambre de commerce de Sept-Îles, Marc Brouillette se dit surpris et déçu de cette annonce. Il se dit d’autant plus surpris que le ministre responsable de la Côte-Nord, Pierre Arcand, annonçait aux intervenants du milieu, vendredi, que le décret environnemental autorisant la construction de l’usine était sur le point d’être annoncé, peut-être aussi tôt qu’en janvier.

La Chambre de commerce est sortie deux fois dernièrement sur la place publique pour exiger que le gouvernement annonce rapidement FerroQuébec et Mine Arnaud. Cette position était partagée il y a deux semaines dans une lettre ouverte, envoyée au premier ministre, par 16 entrepreneurs locaux.

Ferro salue le soutien
FerroAtlantica a salué le soutien et l’accueil du milieu. Le projet faisait d’ailleurs l’unanimité dans la région. «Cette décision n’est pas motivée par des enjeux locaux. Malheureusement, pour FerroAtlantica, aucun nouveau projet ne peut rivaliser avec la possibilité de consolider nos propres installations», a indiqué Pedro Larrea Paguaga, président du Groupe FerroAtlantica. «Cette décision n’a pas été prise de gaieté de cœur et le Groupe comprend la déception qu’elle entraînera auprès des citoyens de Port-Cartier», affirme l’entreprise.

Partager cet article