Érosion: L’empierrement avec recharge de plage envisagé malgré les doutes de la Ville

Par Éditions Nordiques 24 février 2016
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Une tempête en janvier a une fois de plus éroder le terrain de M. Lelièvre

Pierre-André Lelièvre possède une propriété depuis 20 ans à Place McCormick à Port-Cartier. S’il profite d’une vue imprenable sur le golfe Saint-Laurent, son terrain, et celui de ses voisins, s’érode d’année en année sous l’effet des courants et des marées. Si tout se passe comme prévu, des travaux d’empierrement avec recharge de plage seront effectués dans le secteur même si les élus n’y croient pas beaucoup.

Un épisode de grande marée en janvier a une fois de plus grugé les terrains des résidents du secteur. «Vous ne pouvez pas savoir. Le vent était tellement fort, c’est inquiétant», a indiqué Pierre-André Lelièvre. La situation fait en sorte qu’il ne peut avoir de construction sur les terrains. «On ne peut plus construire! On n’a plus le droit de rien faire», déplore-t-il. Malgré la beauté du secteur, la valeur de revente des maisons est grandement affectée par l’érosion des berges en raison des risques pour les acheteurs.

Il y a deux ans, il a dû annexer à sa propriété à une remise qui se trouvait sur son terrain puisqu’il présentait des risques de s’effondrer. Il a aussi solidifié à ses frais les fondations avec du piquetage. Mais en plus de ses contraintes, l’impact psychologique se fait aussi sentir à chaque tempête. «Ils (la Ville et le gouvernement) ont tous les outils en main pour prendre une décision. Le temps presse un peu!», a lancé M. Lelièvre, s’inquiétant des prochaines grandes marées de l’automne.

«Ils (la Ville et le gouvernement) ont tous les outils en main pour prendre une décision. Le temps presse un peu!» – Pierre-André Lelièvre

Les travaux d’enrochement sont de moins en moins privilégiés au Québec en raison de l’effet de bout, qui aggrave l’érosion au lieu de préserver les berges. Un rapport de 2013 réalisé par la firme d’ingénierie Dessau indiquait que «le secteur de 200 mètres de longueur est compris entre un enrochement existant et une pointe rocheuse, l’enrochement n’engendrerait pas d’effet de bout (et) n’aurait pas d’incidences sur les terrains avoisinants».

Malgré tout, la firme privilégiait l’empierrement avec recharge de sable. «Une telle solution pourrait s’avérer facile, avantageuse et peu coûteuse», mentionne le rapport. C’est cette solution qui a été pratiquée à Sainte-Luce au Bas-Saint-Laurent, un village grandement affecté par les grandes marées de 2010.

Démarches de la Ville
La Ville de Port-Cartier a fait des démarches pour réaliser des travaux d’empierrement, mais se bute depuis plus d’un an aux réticences des ministères impliqués. «Ç’a toujours été une fin de non-recevoir de la part des ministères», a expliqué la mairesse Violaine Doyle. Les élus ont finalement accepté un scénario d’empierrement avec recharge de plage même si «on n’y croit beaucoup moins», en plus d’être finalement plus coûteux. Si les travaux d’enrochement étaient évalués à 400 000$, le deuxième scénario est «facilement le double», selon la mairesse.

Les élus ont finalement accepté un scénario d’empierrement avec recharge de plage même si «on n’y croit beaucoup moins».

La Ville assumera le quart des coûts, selon une entente de subvention avec le ministère de la Sécurité publique adopté par le conseil en décembre et qui sera signé ces prochains jours. Une fois le certificat d’autorisation environnemental obtenu, la municipalité pourra aller de l’avant avec l’appel d’offres pour les plans et devis. Mme Doyle espère que les travaux pourront se faire cet été avant les grandes marées de l’automne. «C’est ce qu’on recherche», a-t-elle affirmé.

La mairesse entretient des doutes sur la méthode envisagée par Québec. Elle affirme que Sainte-Luce a perdu de la recharge de plage lors de la dernière grande tempête de janvier, alors que des travaux semblables seront réalisés à Port-Cartier. «On espère que c’est eux qui ont raison et nous qui avons tort», a-t-elle affirmé. La municipalité avait dans ses cartons de prolonger la promenade du petit quai dans ce secteur, mais ce scénario n’est plus envisageable avec une recharge de plage au lieu d’enrochement.

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