Entrevue avec Pierre Arcand: «On va continuer d’appuyer le gaz naturel»

Par Fanny Lévesque 2 mars 2016
Temps de lecture :

Le ministre régional, Pierre Arcand et le président-directeur général du Centre intégré de santé et des services sociaux de la Côte-Nord, Marc Fortin.

Alors que Québec vient de confirmer une aide de 4,5 millions $ au géant ArcelorMittal pour le démarrage d’un projet-pilote de conversion énergétique au gaz naturel à l’usine de bouletage de Port-Cartier, le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, réaffirme que son gouvernement va continuer «d’appuyer le gaz naturel».

La Côte-Nord a bien besoin du gaz naturel si elle veut un jour espérer attirer chez elle des promoteurs de deuxième et troisième transformation, clame la Coalition Plein gaz au Nord. Une voix entendue par le ministre responsable de la région, Pierre Arcand, qui assure que la conversion au gaz naturel chez la grande industrie sera encouragée dans sa politique énergétique 2016-2025, qui sera présentée au printemps.

«Nous avons une cible de 80 % de réduction de nos GES [gaz à effet de serre] d’ici 2050, alors c’est sûr qu’on a besoin du gaz naturel et qu’on va continuer de l’appuyer», a-t-il indiqué dans une entrevue accordée au Nord-Côtier. «On appuie [des projets] comme celui d’ArcelorMittal et on est prêt à en appuyer d’autres», a poursuivi le ministre Arcand.

Mais la contribution de l’État aura une limite, prévient-il. «On fait l’effort sur le plan gouvernemental, mais vous comprendrez que le gouvernement ne peut être le promoteur, qui va financer l’ensemble des activités», soulève-t-il. Est-ce que la Côte-Nord pourra donc espérer un jour être desservie par un gazoduc, un projet à grand coût, qui pourrait être financé par Québec et Ottawa?

«On appuie [des projets] comme celui d’ArcelorMittal et on est prêt à en appuyer d’autres»

«Ce n’est pas écarté du tout, affirme M. Arcand. Mais, il faut qu’il y ait de la demande. Il faut que les entreprises nous disent : «on le veut» et que des gens comme Gaz Métro ou autres, nous dise aussi que ça peut être rentable (…) Québec ne peut pas seul, construire un gazoduc, c’est la job de l’entreprise privée, mais on peut être en appui».

Pétrolia

Est-il encore possible d’espérer voir un jour du gaz naturel extrait d’Anticosti pour alimenter la Côte-Nord, malgré les nombreuses déclarations de Philippe Couillard, qui s’est dissocié publiquement du projet de Pétrolia sur l’île, dont l’État est pourtant partenaire? Le ministre Arcand en doute.

«Le gouvernement était impliqué pour une partie de l’exploration, mais de là à s’embarquer dans la construction d’infrastructures de 9 ou 12 milliards $, je pense que le premier ministre a été assez clair. Il n’y croit pas beaucoup. C’est quelque chose (le contrat) qu’on va terminer, mais je ne vois pas nécessairement un avenir. Je pense qu’il va falloir aller ailleurs pour ça», explique M. Arcand.

Québec assure néanmoins toujours croire au potentiel du projet Bourque de Pétrolia et son partenaire Tugliq en Gaspésie, qui prévoit l’aménagement d’une desserte maritime de gaz naturel liquéfié vers la Côte-Nord. «On a investi 3,8 millions dans le projet Bourque», rappelle M. Arcand. Cette contribution faite via Ressources Québec et du fonds Capital Mines Hydrocarbures, vise l’achèvement de la première phase des travaux d’exploration.

Plan Nord

L’État a par ailleurs l’intention de profiter de son statut prochain de nouveau propriétaire des installations de Cliffs Natural Resources à la Pointe-Noire pour inciter les futurs joueurs miniers à utiliser le gaz naturel, notamment ceux qui seront partenaire de la société en commandite, créée pour l’usage des équipements. «C’est sûr qu’on va pouvoir faire cette promotion-là», soutient M. Arcand.

Pierre Arcand doit se déplacer «prochainement» dans la région pour annoncer officiellement l’aide de Québec à la minière ArcelorMittal dans son projet-pilote avec le gaz naturel liquéfié. «On espère que ce sera (un exemple) suivi par plusieurs autres».

 

Partager cet article