Embauche régionale: Deux semaines encore pour sauver les meubles

Par Éditions Nordiques 11 juin 2014
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Les autorités de la FTQ et de la CSN pressent Québec de mettre en place des mesures concrètes pour que les travailleurs de la Côte-Nord tirent profit de la bonne saison de construction. Le ministre du Travail, Sam Hamad, aurait deux semaines pour sauver les meubles selon les syndicats, qui ont réagi conjointement vendredi, à la création d’un comité interministériel pour favoriser l’embauche régionale.

Si rien n’est fait d’ici deux semaines, la saison des travailleurs de la Côte-Nord va grandement en souffrir, ont affirmé en conférence de presse, le président du conseil central de la CSN Côte-Nord, Guillaume Tremblay, et le conseiller régional de la FTQ, Bertrand Methot. Les deux hommes déplorent le fait que le nouveau comité formé par M. Hamad n’est pas pris d’engagements formels par rapport aux recommandations faites par la Table régionale Côte-Nord sur la main-d’œuvre dans les secteurs industriels et de la construction.

Ils proposent la mise en place immédiate de deux recommandations faites par la Table, dont l’obligation pour les entrepreneurs de s’inscrire à la plateforme de référence de la main-d’œuvre de la Commission de la construction du Québec. Pour le moment, même si les syndicats inscrivent leurs travailleurs à la plateforme, les entrepreneurs n’ont pas l’obligation de s’y référer. Les femmes et les travailleurs autochtones sont particulièrement désavantagés dans ce processus, selon M. Methot. Autre écran de fumée pour les deux syndicalistes, la loi R-20, qui stipule que les employeurs doivent prioriser la main-d’œuvre locale, devrait être renforcée, puisqu’elle aussi ne comprend aucune obligation.

Même s’ils saluent le fait que le ministre Hamad se penche sur la question, les deux hommes souhaitent être consultés lors des travaux du nouveau comité afin que le travail ne soit pas fait en double. «Nous avons travaillé tout l’hiver sur la Table de concertation régionale pour en arriver à ces recommandations, on espère qu’ils vont au moins nous consulter pour ne pas refaire les mêmes recommandations», a expliqué M Tremblay.

La FTQ et la CSN Côte-Nord se disent prêtes à appuyer toute action citoyenne si le gouvernement ne fournit pas de solution. Des manifestations sont notamment prévues par des groupes de chômeurs, le 20 juin, dans quatre villes de la Côte-Nord, soit Baie-Comeau, Sept-Îles, Havre-St-Pierre et Forestville. En attendant, les deux syndicats s’engagent à talonner les deux députés régionaux ainsi que le ministre du Travail et le ministre responsable de la Côte-Nord, Yves Bolduc, afin que des décisions politiques soient prises pour régler la situation.

Des travailleurs désavantagés
Pour M. Gendron et M. Methot, puisque c’est le gouvernement qui a choisi de peupler le territoire, c’est aussi à lui que revient le devoir de créer de la richesse en région. Bien sûr, l’ampleur des chantiers de la Côte-Nord – celui du barrage de la Romaine équivaut à trois stades olympiques – nécessite la venue de travailleurs d’autres régions. Mais pour l’instant, l’utilisation du Fly in Fly out pour pallier à la situation représente «un véritable cancer pour la Côte-Nord», selon eux. Ils donnent en exemple le chantier de la mine Cliff au lac Bloom, à Fermont, qui engage 270 personnes, dont seulement 25 de la Côte-Nord.

Ils rappellent aussi que, malgré des investissements de 3,4 milliards en infrastructure, les plus importants à l’échelle de la province, les travailleurs nord-côtiers ne font pas plus que la moyenne annuelle de 11 000 heures travaillées dans le domaine de la construction au Québec. «C’est un drame que la région vit actuellement», croit Bertrand Méthot.

Texte: Vincent Larin

Photo: Bertrand Méthot et Guillaume Tremblay ont salué la création d’un comité par le ministre Hamad, mais espèrent des actions du gouvernement avant le début de la saison d’embauche des grands chantiers. (Photo : Le Manic)

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